"L'Otan n'a rien à célébrer à l'occasion de son 75e anniversaire", affirme un diplomate russe
© AFP 2024 GEORGES GOBETOtan en Amérique latine: c’est «une menace pour la paix dans la région»
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L'organisation du traité de l'Atlantique Nord s'apprête à commémorer, le 4 avril, les 75 ans de la signature du traité de Washington, son document fondateur. À cette occasion, Sputnik a interviewé Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux pourparlers de Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements.
L'Alliance de l'Atlantique Nord "n'a rien à célébrer" le 4 avril, 75 ans après la signature de son document fondateur à Washingon, a déclaré à Sputnik Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux pourparlers de Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements.
Selon lui, l'Alliance est un "anachronisme de la guerre Froide" qui, en dépit des objectifs déclarés, "n'a fait qu'intensifier les tendances de crise dans le monde".
Un bilan peu convaincant
En effet, la liste des échecs de l'Otan est longue, rappelle le responsable.
"Les résultats de l'ingénierie géopolitique du bloc sont connus de tous: les Balkans déchirés, les bombardements de l'Irak, de la Libye et de la Syrie, la destruction de l'État en Afghanistan, l'expansion imprudente de l'Alliance à l'Est", énumère-t-il.
Après avoir enchaîné les échecs, les membres ont voulu revenir à leurs "origines", notamment l' article 5 du traité de Washington, poursuit M.Gavrilov.
"Afin de consolider ce processus, d'augmenter les dépenses militaires, de renforcer les capacités militaires et de 'vendre' tout cela à l'opinion publique, l'Otan a recommencé à parler de la 'menace russe'", signale-t-il.
L'Ukraine pourra-t-elle entrer à l'Otan?
"Actuellement, la Russie est confrontée à un conglomérat militaro-industriel Otan-Ukraine", constate le diplomate. Dans ce duo, l'Ukraine est cantonnée au rôle de "champ de bataille" et d'"instrument de lutte armée contre la Russie".
Pour leur part, les pays occidentaux "remplissent les fonctions de QG, d'arrière-garde, de fournisseurs d'armes, de renseignement et de désignation de cibles", détaille-t-il.
Quant à l'adhésion possible de Kiev à l'Alliance, même les hommes politiques occidentaux s'accordent à dire que cette perspective est assez vague, souligne le chef de la délégation russe.
"La raison en est simple: l'Alliance s'appuie sur le principe que tout élargissement doit renforcer sa sécurité. L'adhésion de l'Ukraine aurait des conséquences imprévisibles", ajoute-t-il.
Que cache la rhétorique guerrière de l'Alliance?
Alors que l'envoi de soldats français en Ukraine a été évoqué par le Président Macron, la Russie est prête à "n'importe quelle évolution des événements", affirme le responsable.
Pour lui, en levant le tabou sur l'envoi potentiel d’effectifs en Ukraine, l'Alliance "essaie d’éprouver la solidité" de la Russie.
Or, l'objectif des déclarations va-t'en guerre occidentales est de "détourner l'attention des contribuables" du fait que leur argent est jeté dans le "trou noir" de la corruption ukrainienne, explique le diplomate.
Par ailleurs, au cours de l'opération spéciale, l'armée russe a démoli bon nombre de mythes sur la supériorité des équipements occidentaux, rappelle Konstantin Gavrilov. Il donne pour exemples les fameux chars Abrams, Leopard et Challenger, dont beaucoup d’exemplaires ont été détruits sur le terrain.
Vers une ouverture de négociations?
Bien que certains membres de l'Otan prônent un début de règlement diplomatique du conflit, le "très puissant lobby anglo-saxon" qui possède la "voix décisive" est intéressé à le faire durer, fait remarquer le diplomate.
"Même en imaginant une hypothétique reprise des négociations, il est évident que les sponsors du régime [de Kiev, ndlr] les utiliseront pour donner un répit à l'armée ukrainienne, la gonfler d'armes et effectuer le redéploiement des forces", précise-t-il.
Par ailleurs, la partie russe est "prête à tous les contacts s'ils sont établis sur le principe d'égalité", rappelle le responsable.
"Pour l'instant, les actions agressives et conflictuelles de l'Alliance à l'égard de notre pays ont rendu impossible la poursuite du 'business as usual'", déplore-t-il.