"C’était un miracle": un Algérien échappe à l’amputation grâce aux médecins russes

© Sputnik . Anjelika ZykovaAbdelkader Rekhil, militaire algérien, pris en charge dans le centre Ilizarov en Russie
Abdelkader Rekhil, militaire algérien, pris en charge dans le centre Ilizarov en Russie - Sputnik Afrique, 1920, 07.02.2024
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Abdelkader Rekhil a passé quatre ans allongé et risquait de perdre une jambe malgré plusieurs opérations en Europe et en Algérie. Mais aujourd’hui, après un traitement en Russie, il marche et peut mener une vie normale. Sputnik Afrique raconte l’histoire de cet homme et de son combat pour retrouver sa pleine santé.
Le périple d’Abdelkader a commencé il y a quatre ans lorsqu’un accident de route a mis fin à son existence "paisible et agréable".

"Ma vie a complétement basculé, étant donné que j’ai découvert à l’hôpital d’Alger où j’ai été admis qu’une partie de près de 12 centimètres du tibia de ma jambe gauche s’est effritée à cause du choc de l’accident en plus d’une double fracture", se souvient-il.

Pire, une infection tenace s’est développée dans la plaie et les médecins ne parvenaient pas à l’arrêter.

À la recherche d’un traitement efficace

Entre 2019 et 2023, Abdelkader a été suivi à l’hôpital d’Alger et a subi plusieurs opérations. Selon ses propres aveux, il n’a pas été satisfait des résultats du traitement. Il a alors été pris en charge à Bruxelles, mais le plan proposé là-bas n’était pas à la hauteur de ses attentes.
"J’étais déçu à cause des protocoles thérapeutiques qui m’ont été proposés, exactement les mêmes qu’en Algérie et dont les résultats n’étaient pas concluants", avoue-t-il.
Face à ce constat, il a choisi de ne pas rester en Belgique et est retourné dans son pays. Son idée était de solliciter la médecine russe.
"Je passais mes journées à communiquer avec beaucoup de médecins étrangers via internet, notamment égyptiens, jordaniens et saoudiens. Pas moins de 35 spécialistes, à qui j’ai expliqué mon cas, m’ont recommandé le centre Ilizarov, à Kourgan en Fédération de Russie. Les 35 spécialistes étaient tous unanimes: le centre Ilizarov est le meilleur hôpital dans le monde à même de traiter ce genre de problème", raconte Abdelkader.
L’Algérien a pris contact avec le centre et les spécialistes russes lui ont parlé de leur technique et de ses résultats. À la différence de leurs confrères européens et algériens qui préconisaient une greffe, les médecins russes recouraient à l’auto-reconstruction. Elle consiste à utiliser les parties saines de l’os pour restaurer la zone endommagée.

Une situation hors du commun

En plus d’une fracture multiple, le cas d’Abdelkader était aggravé par la présence d’un foyer d’infection.
"Pendant la prise en charge, il a été confronté à une situation inhabituelle. En effet, des complications se sont manifestées au cours du traitement. Notamment, des complications purulentes. Elles étaient liées à la non consolidation et à l'inflammation. Dans de tels cas, tous les hôpitaux n'acceptent pas les patients", explique Sergueï Bournachov, chef du service d'orthopédie-traumatologie purulente au Centre Ilizarov.
Il a poursuivi en détaillant la méthode qu’utilisent les spécialistes du centre Ilizarov pour guérir ses patients:
"Nous utilisons l'appareil d'Ilizarov pour traiter ces complications purulentes. Il permet une ostéosynthèse extrafocale, autrement dit celle qui n'affecte pas le foyer purulent d'infection".

Prise en charge dans le centre Ilizarov

Le 27 mai Abdelkader est arrivé dans la ville de Kourgan, près de la frontière avec le Kazakhstan, et a été admis dans le centre Ilizarov avant d’être opéré. L’effet de ces interventions a été extraordinaire.

"Trois jours après, j’ai pu me tenir debout pour la première fois depuis quatre ans, durant lesquels je ne me déplaçais qu’allongé sur un lit roulant, ce qui était un miracle pour moi d’autant plus que les médecins russes m’ont sauvé d’une amputation certaine de ma jambe à cause de l’infection que les médecins en Algérie n’ont pas réussi à guérir", explique-t-il.

Vu la complexité du cas d’Abdelkader, le traitement s’est déroulé en plusieurs étapes.
"Dans un premier temps, l'infection a été traitée et les tissus morts ont été enlevés. Ensuite, nous avons joint les extrémités des fragments, la fixation a été réalisée avec l'appareil d'Ilizarov, c’était pour la cuisse. Quant au tibia, la lésion était assez importante. Nous avons attendu que la plaie se cicatrise, puis nous avons pratiqué une ostéotomie et nous avons substitué progressivement la lésion tibiale. Elle mesurait entre six et sept centimètres", détaille le docteur Bournachov.

Le retour vers la pleine forme

Non seulement la menace d’une amputation a été écartée, mais le patient a de plus pu reprendre toutes ses fonctions:
"Actuellement, j’ai retrouvé une vie normale après une récupération de près de 95% de la santé de l’os de ma jambe qui continue à se consolider de plus en plus", conclut-il.
Le docteur Bournachov a précisé que tous les fragments de l’os brisé ont été réassemblés et qu’il faut maintenant attendre quelques mois pour qu’ils se ressoudent.
Abdelkader devra retourner au centre Ilizarov en avril pour effectuer un contrôle et éventuellement faire retirer l’appareil de la jambe. Abdelkader se dit très "confiant et optimiste".
D’autant plus qu’il se réjouit de découvrir que dans l’avenir le même traitement sera disponible dans son pays: "J’ai appris que des médecins algériens sont en formation pour une durée de cinq ans, dans le but de maîtriser la technique et mettre sur pied des services aptes à l’appliquer en Algérie".
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