Bilan militaire de la Russie en 2023: Artiomovsk, Maryinka, ruée mondiale pour ses armes

© Sputnik . Mihail Andronik / Accéder à la base multimédiaLes soldats de la milice populaire de la RPD mènent une offensive sur la ligne de contact à Maryinka, région de Donetsk.
Les soldats de la milice populaire de la RPD mènent une offensive sur la ligne de contact à Maryinka, région de Donetsk. - Sputnik Afrique, 1920, 28.12.2023
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Ce n’est plus un secret pour personne, la grande contre-offensive de Kiev s’est soldée par un échec. L’avancée des troupes russes a été couronnée par la prise de Maryinka en ces derniers jours de décembre. Le temps est donc au bilan. Les experts interviewés par Sputnik analysent les moments clés de l’année et se penchent sur les scénarios 2024.
Le succès des troupes russes s’est construit en plusieurs étapes au cours de l’année, considère Youri Podoliaka, politologue et expert politico-militaire.
La première englobe l’hiver 2022 et le printemps 2023 lorsque l’armée russe a mené une offensive et a libéré plusieurs villes dont Soledar et Artemovsk, selon lui. Les troupes ukrainiennes ont essuyé des défaites et cela leur a empêché de mener à bien leur offensive dans la région de Zaporojié.
Et de poursuivre: "La deuxième étape a été la contre-offensive d'été, qui a connu un échec écrasant, malgré la préparation et l’utilisation d'énormes ressources, d'argent et d'équipement. L'ennemi n'a rien pu y faire, il n'a fait qu'épuiser ses réserves et, en conséquence, nous sommes passés en douceur à la troisième étape de cette campagne en 2023, notre offensive, et ce dans plusieurs directions à la fois".

Maryinka, une victoire aux multiples facettes

Pendant 10 ans, cette localité a été utilisée par les forces de Kiev pour terroriser la population civile russophone.
"En prenant cette ville stratégique, la portée de l'artillerie ukrainienne sera réduite et donc de ce fait, la population sera sécurisée. Et c'est l'objectif même de l'opération spéciale russe de protéger les populations du Donbass" a rappelé M.Mediouni.
Pour sa part, M.Podoliaka estime que l’importance de cet événement va au-delà du succès purement militaire.
"Il y a d’abord l'aspect politique. Maryinka est la première ville, et c'est une ville, pas seulement un village, qui a été libérée par notre armée depuis le printemps dernier, lorsque nous avons complètement libéré Artiomovsk (Bakhmout) fin mai", a-t-il signalé.
Du point de vue tactique, ce succès offre de bonnes perspectives pour une avancée dans la direction d’Ougledar.
"Nous pouvons atteindre le flanc et l'arrière des troupes déployées à Ougledar en anéantissant les fortifications de l'ennemi dans la région et nous simplifierons considérablement la situation offensive pour nos troupes […]. Cela montre que dans cette zone, nous avons percé la principale ligne de défense de l'ennemi qu'il a construite depuis de nombreuses années, et que nous gagnons un avantage stratégique très important", a expliqué M.Podoliaka.
Ensuite, cette victoire a sapé le moral des troupes de Kiev, insiste-t-il.
"Pour l'ennemi qui a, à une énième reprise, déclaré que Maryinka était imprenable, il s'agit d’une rupture psychologique très importante. Les soldats ukrainiens comprennent déjà que sur d'autres axes, ils sont condamnés", a indiqué le politologue.

Prévisions pour 2024

Après une année réussie, Moscou pourra capitaliser sur ce succès et libérer d’autres territoires, a déclaré à Sputnik Mokhtar Saïd Mediouni, ancien colonel de l’armée de l’air algérienne et expert en géopolitique.
"Les forces russes ont consolidé leur ligne de défense. Et de l'avis même du secrétaire général de l'Otan, personne ne pourra reprendre du terrain sur ce front-là", insiste le militaire se référant aux paroles de Jens Stoltenberg faites plutôt en décembre sur cette réussite russe.
Par ailleurs, il note que la Russie fait face à l’Otan et pas à Kiev.
"Ce n'est pas la contre-offensive ukrainienne, mais la contre-offensive de l'Otan vu l'armement qui a été octroyé aux forces ukrainiennes, les moyens qui ont été mis en place, l'argent qui a été déversé sur le pouvoir ukrainien. C'est l'Otan qui a perdu cette guerre, parce que cette contre-offensive n'a jamais eu lieu et ne pourra jamais avoir lieu", a tranché Mokhtar Saïd Mediouni.
Il a souligné que l’initiative est du côté de l’armée russe et que celle-ci est capable de la développer.
"Les forces russes, avec l'expérience qu'ils ont eu pendant cette opération spéciale, se sont consolidées, ont consolidé leur ligne de défense et aujourd'hui ils sont en position de force […]. Ils pourront même prendre encore d'autres territoires si l'Ukraine ne se met pas à la table des négociations", a-t-il dit.
Cette réflexion fait écho à celle de Youri Podoliaka qui estime que les forces de Kiev vont continuer à reculer.
"Nous avançons partout, vraiment partout […]. Kiev […] va maintenant se replier progressivement vers l'ouest, et tentera de ralentir ce processus", a-t-il noté.

Ruée internationale pour les armements russes

À part les réussites stratégiques sur le champ de bataille, la Russie a aussi réaffirmé la qualité et l’efficacité de ses armes. Les entreprises du complexe militaro-industriel russe ont ensuite multiplié la production des pièces les plus utilisées.
"Les armes russes sont trop demandées actuellement sur le marché. On le voit dans les différents salons d'armement qui ont été organisés cette année qu'il y a une ruée sur l'armement russe. Pourquoi? Parce que cette expérience de cette offensive ou de cette opération spéciale russe en Ukraine a démontré à quel point l'armement occidental était vulnérable", a noté Mokhtar Saïd Mediouni.
Un autre exemple probant de cette vulnérabilité est le conflit dans la bande de Gaza, a-t-il indiqué.
"La guerre contre la population de Gaza a démontré que l'armement occidental n'a pas permis […] une supériorité militaire aérienne, terrestre sur les combattants du Hamas", a-t-il dit.

Plus aucune confiance envers l’Occident

La Russie a lancé l’opération spéciale après avoir été trompée à plusieurs reprises par l'Occident, notamment en ce qui concerne l'élargissement de l'Otan et les accords de Minsk.
"On se rappelle des déclarations de Merkel, de François Hollande qui disaient qu'on avait conclu l'accord de Minsk 1 et Minsk 2 pour permettre à l'Ukraine de s'armer, de se développer […]. Tout cela a été hypocrite, tout cela a été un plan machiavélique pour permettre justement à l'Ukraine de se préparer à faire la guerre en sous-traitance, parce que c'est l'Otan qui fait la guerre à la Russie pour l'affaiblir. Malheureusement pour eux, la Russie en est sortie grandie. Elle va sortir encore plus grandie de ce conflit avec l'Ukraine ou avec l'Otan si vous voulez", a déclaré le haut gradé.
Il a tenu de souligner qu’actuellement de nouveaux liens se nouent entre la Russie et le continent africain.
"Historiquement, la Russie n'a jamais occupé un territoire africain, n'a jamais colonisé un peuple africain et cela donne un avantage à la Russie en tant que partenaire d'égal à égal avec les pays africains".
Quant à la relation avec l’Occident, la prudence est de mise:
"Aujourd'hui personne ne peut faire confiance à l'Occident […]. Le conflit à Gaza a démontré à quel point les Occidentaux ont perdu toute leur valeur sur le plan humain, sur le plan des libertés, sur le plan du respect du droit international. Quand on voit une résolution du Conseil de sécurité alors qu'il y a pratiquement 22.000 morts aujourd'hui, dont 70% sont des enfants et des femmes, et que le Conseil de sécurité n'appelle pas, sur pression des Américains, à un cessez le feu, cela démontre à quel point il ne faut plus faire confiance à l'Occident", a conclu l’expert.
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