La Russie peut aider à "empêcher une recolonisation par l'absurde de l'Afrique"
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Le rapprochement entre Moscou et Malabo peut aider la Guinée équatoriale, et plus largement l’Afrique, à en finir avec le néocolonialisme occidental, a déclaré à Sputnik Bertin Koovi, ancien conseiller présidentiel.
Facteur de stabilité. La Russie, porteuse d’une vision multipolaire du monde, peut aider l’Afrique à assurer sa sécurité et à se débarrasser des vestiges du colonialisme, comme l’a expliqué à Sputnik Bertin Koovi, ancien conseiller à l’image du Président de Guinée équatoriale.
Le continent attise en effet toujours les convoitises des puissances occidentales, qui fricotent parfois avec les terroristes pour reprendre pied en Afrique, affirme le politologue. Face à ces défis, la Russie, qui ne s’est jamais engagée dans des logiques coloniales, peut faire office de partenaire fiable.
"Il n'y a pas de terrorisme en Afrique. Il y a des mercenaires africains enrôlés par des terroristes occidentaux, qui les instrumentalisent pour déstabiliser nos pays, afin de revenir jouer les pompiers sur le continent. Il y a une volonté de reconquête de l'Afrique en réalité […] La Russie est indispensable pour nous aider à empêcher une telle pagaille, une reconquête ou plutôt une recolonisation par l'absurde de l'Afrique", explique ainsi Bertin Koovi.
À ce titre, le retour en force d’un partenariat militaire entre la Guinée équatoriale et la Russie, annoncé par le Président Obiang Nguema Mbasogo, doit être salué. Depuis l’URSS, les deux pays ont historiquement entretenu des liens dans ce secteur, rappelle le politologue.
"La Guinée équatoriale a toujours équipé son armée de matériel russe. Et l'URSS a formé beaucoup de cadres militaires guinéens. C'est vrai que depuis quelques années le pays a élargi le champ de ses partenaires militaires […] Mais l'expérience a prouvé que la Russie avait les meilleurs matériels. Que le Président Obiang Nguema Mbasogo veuille raviver la coopération militaro-technique avec la Russie, qui est l'héritier de l'URSS, est logique", déclare-t-il ainsi.
La Russie ne viendra pas pour piller
Côté économie, la Guinée équatoriale peut également tirer profit de partenariats avec Moscou, en particulier dans le domaine minier. La Russie, qui possède déjà d’immenses ressources souterraines, peut proposer des collaborations basées sur le partage de technologie, et non sur le pillage de matières premières, souligne ainsi Bertin Koovi.
"La Guinée équatoriale est connue pour son pétrole, mais aussi ses minerais stratégiques: lithium, uranium, diamant. Or, il est connu que la Russie n'a pas besoin d'aller faire sesrecherches minières dans d’autres pays […] Cela signifie que les Russes ne viendront pas en Afrique pour les ressources stratégiques. S’ils viennent, ce sera pour une coopération gagnant-gagnant, pas pour piller", explique-t-il.
Dans cette optique de rapprochement, la possible tenue du prochain sommet Russie-Afrique en Guinée équatoriale a de quoi réjouir. L’idée ne date cependant pas d’hier, puisqu’en 2013, le recteur de l'Université d'Économie de Iekaterinbourg, Mikhail Fedorov, avait lancé l’idée d’un forum Russie-Guinée équatoriale, rappelle Bertin Koovi.
Ce 2 novembre, le Président russe Vladimir Poutine a rencontré son homologue de Guinée équatoriale, à Moscou. Les deux dirigeants ont discuté de leur coopération bilatérale dans divers domaines. Obiang Nguema Mbasogo avait proposé à cette occasion d’organiser le prochain sommet Russie-Afrique dans son pays.