- Sputnik Afrique, 1920
Afrique en marche
Et si l'Afrique prenait son envol dans le contexte du monde multipolaire naissant? C’est à ce débat que L’Afrique en marche aimerait prendre part.

Colonisation française en Algérie où "la hiérarchie sociale raciste régnait en maître"

Colonisation française en Algérie où «la hiérarchie sociale raciste régnait en maître»
S'abonner
La déshumanisation des colonisés "a permis de justifier toutes les exactions, des conquêtes génocidaires aux massacres de masse", déclare à L’Afrique en marche Youssef Girard, historien français, spécialiste du Mouvement national algérien et de la Guerre d’Algérie, à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution algérienne.
"Comme l’affirmait Franz Fanon dans son livre "Les Damnés de la Terre", la colonisation française et le système colonial qu’elle a mis en place a produit un monde coupé en deux, racialement hiérarchisé : les colonisés complétement déshumanisés et en face les surhommes blancs relevant quasiment d’une race de "Seigneurs"", affirme à Radio Sputnik Afrique le Dr Youssef Girard, historien français, spécialiste du Mouvement national algérien et de la Guerre d’Algérie. Intervenant à l’occasion du 69e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, le 1er novembre 1954, il souligne que "cette déshumanisation a permis de justifier toutes les exactions, des conquêtes génocidaires aux massacres de masse, pour réprimer les révoltes des populations autochtones contre les envahisseurs, en passant par l’esclavage et l’instauration de législations racistes d’exception".
Et de rappeler que "la hiérarchie mise sur pied par le système colonial français, normalisant et instituant le fait que les populations algériennes n’aient pas les mêmes droits que les citoyens européens blancs de la République française, s’est faite alors même qu’en métropole le libéralisme politique se développait sous l’impulsion des Lumières, qui s’engageaient pour défendre les droits fondamentaux contre l’oppression lorsqu’ils parlaient des Européens, et défendaient des positions radicalement opposées lorsqu’il s’agissait des populations colonisées".
Dans le même sens, M. Girard indique que "même la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen [adoptée le 26 août 1789, ndlr], qui proclamait que "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits et qu’ils possèdent des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme", était appliquée uniquement aux Européens alors que les colonisés, notamment en Algérie, étaient soumis au Code inhumain de l’Indigénat. Une loi présentée lors de son adoption, le 28 juin 1881, comme une avancée démocratique et républicaine par le gouvernement du républicain Jules Ferry".
En effet, poursuit-il, "le Code de l’Indigénat renforçait les lois d’exception mises en place auparavant en Algérie par le maréchal Bugeaud. Le code prévoyait l’internement administratif, le séquestre des terres et la responsabilité collective appliquée à des tribus entières et excluait complétement les Algériens de la sphère des droits civiques".
Enfin, le Dr Youssef Girard estime que "la politique impérialiste poursuivie dans plusieurs régions du monde, notamment au Moyen-Orient et Afrique, par les américains et leurs alliés européens de l’Otan découle à bien des égards de la même logique colonialiste de séparation raciste entre Blancs et non-Blancs. Les propos de soutien tenus, y compris sur les plateaux de télévision, par des journalistes et des intellectuels occidentaux à l’égard des réfugiés ukrainiens, Européens Blancs, en marquant la différence entre eux et ceux venus d’autres pays, comme la Syrie, le Yémen, l’Afghanistan et la Somalie, en est la preuve".
► Vous pouvez écouter ce podcast aussi sur les plateformes suivantes : Apple PodcastsDeezerGoogle PodcastsCastboxAfripodsPodcast Addict
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала