L’Occident a "perdu la bataille dans les pays du Sud" concernant l’Ukraine, constate le FT

© AP Photo / Kostiantyn LiberovDes militaires ukrainiens blessés
Des militaires ukrainiens blessés - Sputnik Afrique, 1920, 19.10.2023
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La carte blanche donnée par Washington à Israël est difficilement explicable pour les pays émergents, à qui l’on demande de soutenir absolument l’Ukraine, ont déclaré des diplomates et responsables occidentaux au Financial Times.
Deux poids deux mesures. La précipitation des Occidentaux, en particulier de Washington, pour montrer leur soutien à Israël a envoyé un mauvais signal au pays du Sud global, affirme le Financial Times.
Les pays émergents, que l’on pousse à soutenir Kiev, voient mal pourquoi Moscou serait accusé de violer le droit international alors que l’on donne carte blanche à Tel-Aviv pour bombarder la bande de Gaza, ont ainsi déclaré des diplomates et responsables occidentaux au quotidien.
De nombreux pays arabes estiment notamment que les États-Unis et les autres puissances occidentales n’ont jamais demandé des comptes à Israël pour le traitement infligé aux Palestiniens, ni accordé suffisamment d’attention aux conflits brutaux en Syrie, au Yémen et en Libye.
"Nous avons définitivement perdu la bataille dans les pays du Sud. Tout le travail que nous avons accompli avec eux sur l’Ukraine a été perdu…Oubliez les règles, oubliez l’ordre mondial. Ils ne nous écouteront plus jamais […] Ce que nous avons dit à propos de l’Ukraine doit s’appliquer à Gaza. Sinon, nous perdons toute notre crédibilité. Les Brésiliens, les Sud-Africains, les Indonésiens: pourquoi devraient-ils croire ce que nous disons sur les droits de l’Homme?", explique ainsi un diplomate du G7 au Financial Times.
Dans le camp occidental, des critiques s’élèvent en particulier contre le Président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui se sont empressés de se rendre en Israël.
La responsable européenne a même effectué sa visite sans mandat des 27 États membres, ce qui agacé beaucoup de monde. L'Irlande, l'Espagne et le Luxembourg sont aussi mécontents du manque de référence au droit international humanitaire dans le discours prononcé par von der Leyen à Tel Aviv, indique le Financial Times.

Perte de crédibilité

Ce double discours occidental sur Gaza et sur l’Ukraine pourrait bien finir par rejaillir sur des institutions comme l’Otan ou le G7 et leur faire perdre leur crédibilité, explique encore au quotidien Jaap de Hoop Scheffer, ancien secrétaire général de l'Alliance atlantique.
"Ce que New Delhi, Jakarta et Brasilia souhaitent, c’est une position commune sur ces questions et de la cohérence. S’ils ne le voient pas alors il y a un risque que l'UE, le G7 et l'Otan ne soient plus pris au sérieux sur les grandes questions mondiales", admet ainsi l’ancien responsable.
En attendant, les pays du Sud global pourraient bien faire entendre leur voix à l’Onu, en soutenant les prochaines résolutions proposées par la Russie, sur le conflit israélo-palestinien comme sur l’aide à l’Ukraine, souligne le quotidien britannique.
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