L’Égypte "utilise la carte de la sortie des étrangers pour exercer des pressions sur Israël"

© AP Photo / Hatem MoussaDes Palestiniens s'abritent dans une école gérée par l'Onu pour échapper aux frappes israéliennes sur la bande de Gaza, dans le camp de réfugiés de Nuiserat, le samedi 14 octobre 2023.
Des Palestiniens s'abritent dans une école gérée par l'Onu pour échapper aux frappes israéliennes sur la bande de Gaza, dans le camp de réfugiés de Nuiserat, le samedi 14 octobre 2023. - Sputnik Afrique, 1920, 15.10.2023
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Face au refus d'Israël d'acheminer l'aide humanitaire vers la bande de Gaza, Le Caire a décidé de n'autoriser aucun étranger fuyant le conflit à accéder au territoire égyptien. C’est un moyen de pression sur les Israéliens, a affirmé à Sputnik le directeur du Forum d'études stratégiques du Moyen-Orient, dénonçant la responsabilité de Washington.
L'Égypte "a utilisé la carte de la sortie des étrangers comme monnaie d'échange pour faire pression sur Israël" afin qu'il autorise l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, mais Israël a jusqu'à présent toujours refusé d'autoriser l'entrée de toute marchandise ou aide à Gaza, a déclaré ce 15 octobre à Sputnik Samir Ghattas, directeur du Forum d'études stratégiques du Moyen-Orient.
"Les détenteurs de passeports américains et suédois étaient censés partir, mais l'Égypte a annoncé que les étrangers, quelle que soit leur nationalité, ne seraient pas autorisés à entrer dans la bande de Gaza ou à la quitter pour se rendre en Égypte en vue d'un voyage ultérieur à l'étranger tant que l'aide humanitaire ne serait pas autorisée à entrer dans Gaza", a-t-il indiqué.
D’ailleurs, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en visite officielle en Égypte, a annoncé ce 15 octobre dans l’après-midi que le poste de contrôle de Rafah, à la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, serait rouvert. Il s’est déclaré certain que l’aide humanitaire parviendrait à la bande de Gaza puisque c’était la condition égyptienne d’évacuation des ressortissants américains.

Les États-Unis "responsables" de la crise humanitaire au même titre qu’Israël

M.Ghattas a tenu les États-Unis pour responsables de la situation actuelle en matière de livraison d’aide humanitaire à la bande de Gaza.
"Les États-Unis sont impliqués dans cette guerre au même titre qu'Israël et sont responsables de ce qu’il se passe. Mais jusqu'à présent, personne ne peut défier Israël dans cette guerre et organiser des convois humanitaires vers Gaza parce qu'Israël a annoncé qu'il bombarderait le point de passage de Rafah, et qu'il n'y a pas d'autre voie terrestre que le point de passage de Rafah", a-t-il conclu.

Pas question d’accueillir des réfugiés palestiniens dans le Sinaï?

Selon M.Ghattas, Israël pousse les Palestiniens à quitter la bande de Gaza et à se rendre en Égypte et dans le Sinaï, pourtant Le Caire rejette cette idée unilatérale. Pour Le Caire, les Palestiniens doivent rester sur leurs terres.
"L'Égypte refuse catégoriquement que les Palestiniens deviennent des réfugiés et que le Sinaï devienne à son tour un camp comme les camps de réfugiés au Liban, en Jordanie ou en Syrie", a-t-il expliqué.

L'aide humanitaire bloquée en Égypte

M.Ghattas a informé Sputnik que l'aide humanitaire était déjà arrivée à l'aéroport d'El-Arich, en Égypte. Cette infrastructure a été choisie comme point de collecte de toute l'aide après qu’un long convoi d’aide humanitaire organisé par l’Égypte s’est arrêté devant le point de passage de Rafah.
"Le premier jour, Israël a bombardé le point de contrôle […]. Le lendemain, ils ont bombardé à nouveau le même endroit, créant un grand cratère au point de passage et ont annoncé qu'ils ne permettraient pas l'entrée de l'aide terrestre de l'Égypte ou de tout autre pays. L’aéroport d'El-Arich est donc devenu le point de réception de toute l'aide qui viendra d'autres pays", a-t-il souligné.
Des avions jordaniens se sont déjà posés à El-Arich, puis d’autres pays ont envoyé de l’aide aussi, selon lui.

Escalade du conflit israélo-palestinien

La situation au Moyen-Orient s'est fortement détériorée après l'infiltration le 7 octobre, depuis la bande de Gaza en Israël, de militants des Brigades Al-Qassam, branche militaire du Hamas. Le mouvement palestinien considère cette attaque comme une réponse aux actions des autorités israéliennes contre la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.
Tel Aviv a annoncé un blocus complet de la bande de Gaza et a commencé à effectuer des frappes sur la bande de Gaza, ainsi que sur certaines zones au Liban et en Syrie. Des affrontements ont également lieu en Cisjordanie. L’armée israélienne se prépare à lancer une opération terrestre dans la bande de Gaza.
Prévue pour ce dimanche, l’opération a été reportée, notamment pour des raisons météorologiques qui empêchent l’aviation de couvrir les actions des forces au sol, selon les médias. Tsahal a appelé les civils du nord de la bande de Gaza à se déplacer vers le sud "pour leur sécurité". Plus de 600.000 Palestiniens ont déjà entamé leur évacuation.
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