Sabotage des Nord Stream: aucun lien avec l'Ukraine, les USA cachent leurs traces, selon Hersh
14:04 26.09.2023 (Mis à jour: 15:42 26.09.2023)
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Le sabotage des gazoducs Nord Stream n'avait aucun lien avec l'Ukraine. Les États-Unis ont caché les traces de leur implication dans cette attaque, selon le journaliste américain Seymour Hersh, qui explique pourquoi ces pipelines ont été choisis comme cible.
Les États-Unis, qui sont impliqués dans le sabotage des Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique en septembre 2022, ont choisi ces gazoducs comme cible parce qu'il était facile pour eux de cacher les traces d'une telle attaque, a déclaré le journaliste américain Seymour Hersh.
"L'administration [du Président Joe Biden-ndlr] a mis Nord Stream sur la table car c'était le seul auquel nous pouvions accéder et ce serait totalement niable", a indiqué un fonctionnaire américain, cité par Seymour Hersh, dans son article sur la plateforme Substack.
"Un crime parfait"
Selon lui, les services américains n'ont pas laissé de traces puisqu'aucune information importante n’a été sauvegardée sur un ordinateur.
"Aucune information d'importance sur la mission n’a été sauvegardée sur un ordinateur, mais plutôt tapée sur une machine à écrire Royal ou peut-être Smith Corona avec une ou deux copies carbone, comme si Internet et le reste du monde en ligne n’avaient pas encore été inventés", indique le journaliste.
Le chef de la CIA, Bill Burns aurait été le seul à recevoir les rapports sur la préparation de l’attentat, les documents en papier et les copies carbone auraient été détruits après le sabotage.
"On pourrait appeler cela le crime parfait", conclut M.Hersh.
Le conflit en Ukraine n'est qu'un prétexte
En janvier et février 2022, les dirigeants américains ont menacé d'arrêter la réalisation du projet Nord Stream 2 si la Russie lançait une opération militaire en Ukraine. À ce stade, une équipe de la CIA a établi les contacts nécessaires en Norvège.
Selon un responsable cité par M.Hersh, à l’époque, la communauté du renseignement considérait ces préparatifs comme un plan de dissuasion visant à éviter des hostilités en Ukraine.
"Ce que je ne savais pas à l'époque, mais on me l'a dit récemment, c'est qu'après l'extraordinaire menace publique de Biden de faire exploser le Nord Stream 2, le groupe de planification de la CIA a été informé par la Maison-Blanche qu'il n'y aurait pas d'attaque immédiate, mais que le groupe devrait s’arranger pour poser les bombes nécessaires et être prêt à les déclencher à ' la demande', après le début de la guerre", note Seymour Hersh.
Toutefois, lorsque l'opération militaire spéciale russe a commencé le 24 février 2022 et plusieurs mois de suite, la CIA n'a reçu aucun ordre d'actionner les explosifs.
"C'est à ce moment-là que nous avons compris que l'attaque des pipelines n'avait aucun effet dissuasif car, à mesure que la guerre avançait, nous ne recevions toujours aucun ordre", a avoué le responsable du renseignement.
Saper les gazoducs pour préserver son influence
Seymour Hersh estime que l'attaque américaine contre les Nord Stream s'explique par les craintes de Washington de perdre son influence sur l'Allemagne, et sur l'Europe en général, sur fond de livraisons de gaz russe bon marché.
"L’administration Biden a fait exploser les pipelines, mais cette action n'avait rien à voir avec le désir de gagner ou d'arrêter la guerre en Ukraine. Celle-ci résultait des craintes de la Maison-Blanche que l’Allemagne hésite et recommence à importer du gaz russe - et que l’Allemagne, et puis l’Otan, ne tombent, pour des raisons économiques, sous l’emprise de la Russie et de ses ressources naturelles importantes et peu coûteuses. C’est ainsi qu’est née la peur ultime: que les États-Unis perdent leur primauté de longue date en Europe occidentale", réagit M.Hersh.
Enquête de Seymour Hersh
Le 8 février 2023, M.Hersh, Prix Pulitzer, avait publié les résultats de son enquête sur les explosions ayant endommagé les Nord Stream. Selon son rapport, des plongeurs de l'US Navy, appuyés par des spécialistes norvégiens, avaient posé des explosifs sur les gazoducs sous le couvert de l’exercice l naval Baltops de l'Otan durant l’été 2022.
D'après le journaliste, la décision de mener cette opération avait été prise par Joe Biden au bout de neuf mois de discussions avec des responsables du renseignement. Le Pentagone avait plus tard déclaré à Sputnik que les États-Unis n'étaient pas impliqués dans cette attaque.
Dans le même temps, les médias allemands parlaient régulièrement d'une piste ukrainienne dans le sabotage.
Sabotage des Nord Stream
Plusieurs explosions se sont produites le 26 septembre 2022 sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 reliant la Russie à l'Europe.
L’Allemagne, le Danemark et la Suède ont évoqué des actes de sabotage. L'opérateur des Nord Stream a signalé le caractère sans précédent des dommages causés aux pipelines, indiquant que la durée des travaux de réparation était impossible à estimer. Le Parquet général de Russie a ouvert une procédure concernant un acte de terrorisme international.
