Une intervention au Niger pourrait-elle sonner le glas de la CEDEAO?

© AP Photo / Jerome DelayVéhicules militaires à la frontière du Niger
Véhicules militaires à la frontière du Niger - Sputnik Afrique, 1920, 31.08.2023
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Une fédération qui réunirait le Burkina Faso, le Niger et le Mali, pourrait marquer la fin de la CEDEAO, estime le journaliste burkinabè Daouda Sawadogo dans un entretien accordé à Sputnik Afrique.
Le Burkina Faso vient de donner son feu vert à l'envoi de troupes au Niger voisin alors que l'éventualité d'intervention militaire de la CEDEAO dans ce pays reste sur la table. Contacté par Sputnik Afrique, le directeur de publication du journal burkinabè Éclair info Daouda Sawadogo réfléchit sur les dessous de cette décision.
Selon lui, la volonté de la CEDEAO de rétablir dans ses fonctions le Président nigérien Mohamed Bazoum "est désavouée par une bonne partie de la population nigérienne", mais aussi par certains pays-membres de l'organisation. Il s'agit du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée, "qui ont réellement affiché leur volonté à soutenir les militaires en place contre toute intervention militaire de la CEDEAO".

Si cette dernière finit par introduire ses forces au Niger, ce sera "plus ou moins une guerre par procuration", indique M.Sawadogo. "On ne dirait pas qu'il s'agit d'une guerre entre armées africaines, mais plutôt d'une intervention d'une organisation contre un pays ayant installé ses nouvelles autorités qui jusque-là ne sont pas contestées par les peuples".

Risques et opportunités

L'éventuel conflit risquerait d'affaiblir la lutte contre le terrorisme dans la région, déplore l'interlocuteur de l'agence. Pourtant, il peut également pousser les pays victimes d'activités terroristes à "fédérer leurs énergies pour agir ensemble", poursuit-il.
"Les coups d'État des différents pays ont été prétextés par des crises sécuritaires qui ont été mal gérées, selon les militaires, qui prennent le pouvoir par le président démocratiquement élu. Si ces militaires ensemble veulent réellement lutter contre l'insécurité, bien évidemment ils pourront le faire", assure le journaliste.
Or, il reconnaît que ce conflit, s'il venait à survenir, "impacterait davantage l'économie des pays-membres, que cela soit la CEDEAO ou encore les pays qui vont envoyer des contingents militaires, car la guerre, c'est l'économie".

Une alliance qui pourrait remplacer la CEDEAO

Interrogé à propos de l'actuel rapprochement entre le Burkina, le Mali et le Niger, M.Sawadogo rappelle que "c'est le même peuple par le passé", divisé par la colonisation. Il est persuadé que cette coopération "qui s'intensifie ces derniers jours" va permettre à ces pays "de mieux lutter contre l'insécurité", car les problèmes sécuritaires ne peuvent pas être résolus "par un seul pays".
D'après lui, si une fédération unissant ces trois pays ayant "des relations très poussées avec la Russie", ainsi que la Guinée, vient à se réaliser, "on pourrait dire que la CEDEAO sera morte de sa belle mort".
"Si ces trois-quatre pays adoptent une bonne posture, ils pourront bien évidemment créer une organisation sous-régionale qui pourrait être l'équivalent de la CEDEAO", insiste Daouda Sawadogo tout en soulignant que la Russie aura ainsi "réellement des partenaires en Afrique à la carte".
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