Néonazis ukrainiens en Afrique? L’Occident veut déstabiliser la région, dit un expert en terrorisme
21:27 16.08.2023 (Mis à jour: 15:04 17.08.2023)
© Photo Pixabay / FabdeAmbres
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Les pays d’Afrique risquent de faire face à de nouvelles tentatives de déstabilisation, de la part de mercenaires ukrainiens formés en Occident, a déclaré à Sputnik Souleyman Amzat, expert en sécurité béninois. Les anciennes puissances coloniales cherchent à continuer le pillage des ressources et éteindre les voix de panafricanisme.
Zone de turbulences. L’Afrique pourrait une nouvelle fois subir le contrecoup du conflit en Ukraine, avec l’arrivée sur le continent de mercenaires ukrainiens formés par l’Occident, explique à Sputnik Souleyman Amzat, consultant béninois sur les questions de sécurité et de terrorisme.
L’information est déjà "connue de différents services de renseignements au Mali, en Guinée et au Burkina", affirme l’expert, qui craint que ces nationalistes ukrainiens ne s’en prennent spécialement au figure du mouvement panafricain.
"Si les informations que nous avons se vérifient, à propos de mercenaires ukrainiens en train de se préparer à intervenir, à cibler des leaders de la galaxie patriotique panafricaine, alors il faut que nos services de renseignement puissent prendre leurs responsabilités […] D’un point de vue stratégique, on comprend aussi que ces mercenaires vont avoir des armes dans un sac. Vous comprenez ce que je veux dire? Les armes sont acheminées par qui nous savons", déclare-t-il ainsi.
Pillage continu
Ces manœuvres de déstabilisation trahissent d’ailleurs la vision néocoloniale que l’Occident a du continent africain, ajoute le spécialiste. Les anciennes puissances coloniales cherchent aujourd’hui encore à faire main basse sur les ressources africaines "pour alimenter l’Europe". Mais le continent connaît aujourd’hui un "éveil patriotique" et une prise de conscience, les Africains ne voulant plus "faire l’objet de pillage", affirme Souleyman Amzat.
"Il n’est nullement caché que l'agenda occidental, plus particulièrement français et britannique, s’inscrit dans une logique de destruction […] Les Occidentaux ont intérêt à faire ce genre de choses pour pérenniser cette exploitation inadmissible, inacceptable qui est celle de l'esclavage, ensuite de la colonisation et aujourd'hui de la néo-colonisation. Mais l'Afrique est debout désormais, et c'est non, niet, plus jamais ça", réagit-il.
À travers ces actions, l’Occident a l’intention de déstabiliser le continent mais aussi d’"éteindre cette voix naissante du panafricanisme, qui reste aujourd'hui la seule solution pour nous désengager totalement de cet imbroglio colonial", souligne Souleyman Amzat.
La Russie, qui avait déjà aidé l’Afrique à sortir de la colonisation du temps de l’URSS, semble s’inscrire dans une autre logique.
"Je pense que la Russie ne s’inscrit pas du tout dans ce genre de manœuvres. On sait que la Russie n'a jamais essayé de coloniser un État. C'est une Fédération assez libre depuis la chute de l’URSS. Il y avait d’ailleurs un rapport d’assistance avec l’Afrique du temps de l’Union soviétique. C'est grâce aussi à l'aide matérielle, militaire et même financière que certains pays ont pu recouvrer leur indépendance", déclare encore le spécialiste.
Les flux d’armes, qui sont détournées depuis l’Ukraine pour atterrir sur le continent, ont aussi de quoi inquiéter, souligne Souleyman Amzat, qui invite à s’interroger sur leur provenance.
"Des armes de grandes puissances comme la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, se trouvent sur nos sols […] Nos services de renseignement s'interrogent sur la provenance de ces armes, mais aussi sur le but et les fins de ce déploiement", déclare-t-il ainsi.
Coups d’États ou réveils des populations?
Concernant les bouleversements politiques qui ont lieu dans plusieurs pays d’Afrique, notamment au Niger, Souleyman Amzat y voit surtout un réveil des peuples. Les populations africaines se lèvent contre des élites corrompues, en "inadéquation totale" avec les réalités économiques et la souffrance de plus pauvres.
"Aucun pays africain n'aspire à un coup d'État […] Les coups d'État que nous avons connus au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, faisaient suite à d’autres coups d'État que nous qualifierons d'anticonstitutionnels […] De plus en plus les populations se réveillent et adoptent ceux qui font aujourd'hui ces +coups d'État+, car il y a une mauvaise gestion des deniers publics, une mauvaise gestion de la cité, qui conduit à des manifestations", explique ainsi le spécialiste.
Il est ainsi normal que l’armée, qui est "une émanation du peuple", prenne ses responsabilités dans certains pays, pour appuyer les populations "qui réclament justice". Aux gouvernants désormais de privilégier les intérêts de leur pays, plutôt que de vouloir jouer aux "démocrates en col blanc" dans le cadre imposé par les Occidentaux, souligne Souleyman Amzat.
"Il va falloir fortement que nos chefs d'État et de gouvernement reviennent à la normale, se disent qu'ils sont là pour servir un peuple, pas pour le réprimer ou l'opprimer. Je reviens à une citation de Thomas Sankara qui dit: +Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple+", conclut-il.
Fin juillet, le Niger avait été le théâtre d’un chamboulement politique, le Président Mohamed Bazoum étant poussé vers la sortie par un groupe de militaires. Les rebelles avaient mis en avant une "dégradation de la situation sécuritaire". Le spectre d’une intervention militaire plane désormais, sous l’égide de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), même si plusieurs pays du continent s’y sont fermement opposés, craignant un embrasement.
