La Russie est "un partenaire de choix pour l’Afrique", insiste un diplomate sénégalais
21:00 05.06.2023 (Mis à jour: 21:18 09.06.2023)
© SputnikConférence parlementaire Russie-Afrique à Moscou, le 20 mars 2023
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La Russie, qui n’a jamais oublié l’Afrique depuis la décolonisation, est un partenaire intéressant pour le continent dans les sphères technologiques ou industrielles, a déclaré à Sputnik Jean-Baptiste Tiathié Tine, ambassadeur du Sénégal à Moscou.
Les regards sur l’Afrique changent. De plus en plus d’acteurs sont attirés par les potentialités du continent, qui peut en tirer parti pour se développer. Dans cette logique, la Russie peut devenir un partenaire de choix et offrir son expertise à plusieurs pays, en matière de technologies, d’industrie ou d’énergie, a affirmé à Sputnik Jean-Baptiste Tiathié Tine, ambassadeur sénégalais à Moscou.
"Tout le monde se rend compte que le continent de l'avenir, c'est l'Afrique! C'est le plus grand marché en devenir, c'est un continent très jeune, bourré de ressources, il y a tout intérêt à l'aider à s'insérer dans l'économie mondiale. Dans cette perspective, la Russie est un partenaire de choix, compte tenu de ses capacités en matière de transfert de technologies, de technique pour l'industrialisation du continent, et cætera. Nous pouvons attendre beaucoup de ce grand pays", déclare-t-il ainsi.
L’intérêt de la Russie pour l’Afrique n’est cependant pas nouveau. L’Union soviétique a en effet été un soutien politique durant tout le processus de décolonisation, comme durant la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, rappelle le diplomate.
"On note un regain d'intérêt de l'ensemble de grands acteurs mondiaux pour l’Afrique. Dans le cas de la Russie, c'est un intérêt renouvelé,car depuis la décolonisation elle ne s'était jamais désintéressée de la question et avait beaucoup contribué aux efforts du continent, jusqu'au combat ultime contre l'apartheid", souligne-t-il.
C’est dans cet esprit de rapprochement que sont réalisés des événements comme la conférence "Africa Calling", organisée ce 5 juin à Moscou par l’Assemblée des peuples d’Eurasie et des diasporas africaines en Russie, et que l’ambassadeur voit comme "un appel de la Russie à l'Afrique et de l'Afrique à la Russie".
Les sanctions pénalisent l’Afrique
Malgré le resserrement des liens avec de nombreux pays du continent, la Russie doit cependant composer avec les sanctions occidentales. Des restrictions qui handicapent aussi le continent, en particulier dans le secteur agricole. Les difficultés des engrais russes à atteindre l’Afrique sont notamment préjudiciables, explique Jean-Baptiste Tiathié Tinequi salue cependant la réactivité des entrepreneurs russes et africains.
"Le commerce des céréales et des fertilisants a connu un coup de frein en direction de l'Afrique, ce qui a un impact social certain […] Je suis persuadé qu’à court terme, la créativité, l'esprit d'imagination des entrepreneurs russes et africains permettra de trouver des alternatives pour faire face à la gêne occasionnée par ces sanctions", explique-t-il ainsi.
Moscou a souvent critiqué les restrictions occidentales touchant les engrais russes, qui bloquent les fertilisants dans les ports européens. Le Président russe Vladimir Poutine avait d’ailleurs proposé d’offrir ces stocks immobilisés en Europe aux pays africains dans le besoin.
Le problème préoccupe particulièrement en Afrique de l’ouest. Dix-sept pays de la région s’étaient d’ailleurs concertés fin mai, pour tenter de mieux peser sur les approvisionnements en engrais.