Kinjal, Sarmat, Zircon, Avangard… Jusqu’où les nouveaux missiles russes peuvent-ils voler?
17:42 13.05.2023 (Mis à jour: 01:32 15.05.2023)
© Sputnik . Ramil Sitdikov / Accéder à la base multimédiaUn chasseur MiG-31 chargé de missiles Kinjal, lors de la répétition du défilé militaire à Moscou, le 4 mai 2022
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Le Pentagone et l’Ukraine affirment qu’un Patriot a abattu un missile russe Kinjal, information démentie par la Défense russe ayant mis en exergue la vitesse du Kinjal bien supérieure au missile américain utilisé. En effet, quels sont les paramètres du Kinjal et des autres nouveaux missiles russes? Sputnik fait le point.
Après qu’une source au sein de la Défense russe a contesté les affirmations du Pentagone et de Kiev selon lesquelles un missile hypersonique russe Kinjal aurait été intercepté par un système antiaérien américain Patriot, Sputnik propose un tour d’horizon sur les nouvelles armes russes impossibles à intercepter pour les systèmes de défense antiaérienne modernes.
Pour rappel, le commandant en chef des forces aériennes ukrainiennes Mykola Oleschuk a affirmé qu'un missile Kinjal avait été détruit en Ukraine. Ces rapports ont été par la suite soutenus par le Pentagone. Plus tôt dans la journée, le tabloïd allemand Bild a publié une vidéo montrant des fragments présumés du missile en question.
Cependant, le Kinjal est plus rapide que les missiles occidentaux fournis à Kiev. "Cela exclut toute possibilité d'interception", a résumé l’officiel au sein de la Défense russe.
En effet, la version la plus modernisée des systèmes américains de défense antiaérienne Patriot utilise des missiles allant à une vitesse de Mach 2,8 à 4,1, soit trois fois moins que le Kinjal.
Caractéristiques techniques du Kinjal
Le Kinjal ("poignard" en russe) est l'une des nouvelles armes à capacité nucléaire dévoilées par Vladimir Poutine dans un discours aux législateurs en mars 2018. En service depuis décembre 2017, le Kinjal a subi de nombreux essais en vol et au combat. C’est le premier système de missile hypersonique au monde à être opérationnel.
Portés par des chasseurs MiG-31 modifiés, des bombardiers stratégiques Tupolev Tu-22 ou Tu-160, les Kinjal ont une vitesse opérationnelle de Mach 10-13 (3.430-4.459 m/s). Leur portée opérationnelle va jusqu'à 2.000 km lorsqu'ils sont lancés à partir d’un MiG-31K, ou dépasse les 3.000 km en cas de lancement à partir d’un Tu-22M3. Équipé d'un système de guidage inertiel, GLONASS, AEW&C et/ou optique pour guider le missile vers sa cible, le Kinjal emporte une ogive explosive de 500 kg ou, en mode nucléaire, une charge utile de 5 à 50 kilotonnes.
La Russie a largement utilisé les Kinjal dans l’opération militaire spéciale en Ukraine, ciblant des dépôts de munitions et de carburant, des ports et, après l'attaque de l'automne dernier sur le pont de Crimée, des infrastructures énergétiques ukrainiennes. La portée de 2.000 km du missile est suffisante pour atteindre toute cible dans le pays.
Par ailleurs, la Russie dispose d’autres armes stratégiques modernes
L'Avangard est une autre des plateformes d'armes avancées présentées par le Président russe, toujours dans le même discours de 2018. L'Avangard est un planeur hypersonique qui peut équiper les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) RS-28 Sarmat ou R-36 à côté d’ogives mirvées (MIRV). En service dans les Forces stratégiques russes depuis 2018, ces engins à capacité nucléaire ont une autonomie rapportée de plus de 6.000 km et une puissance explosive comprise entre 0,8 et 2 mégatonnes lorsqu'ils sont armés d'une charge utile nucléaire. Compte tenu de la portée de ses vecteurs ICBM, l’Avangard a techniquement une portée mondiale.
Le R-30 Boulava est un missile balistique à trois étages à propergol solide d'une portée allant jusqu'à 10.000 km. Introduit dans la Marine en 2018, le Boulava remplace le R-39 qui avait une portée de 8.300 km. Les Boulava sont capables de transporter de six à dix ogives mirvées, conventionnelles ou nucléaires, d’une puissance de 100 à 150 kilotonnes. Ils peuvent atteindre une vitesse allant jusqu'à Mach 24 (plus de 28.600 km/h). Les missiles équipent les sous-marins nucléaires de classe Boreï et Boreï-A. Habituellement, ces submersibles se cachent sous la surface des mers près des côtes russes de l'Arctique et de l'océan Pacifique, ce qui rend leur détection pratiquement impossible jusqu'au lancement. Les Boulava effectuent des manœuvres à la phase de propulsion, c’est pourquoi il est théoriquement impossible de les intercepter pour tout système de missiles antibalistiques de la génération actuelle.
Le RS-28 Sarmat est le plus récent missile de l'arsenal stratégique de la Russie, les premiers missiles devant rejoindre les forces nucléaires stratégiques au cours de 2023. Avec une portée mondiale de 18.000 km et une vitesse maximale de 25.500 km/h (environ Mach 20), les missiles lancés par silo ou par transporteur mobile peuvent transporter jusqu'à 10 ogives mirvées traditionnelles, ou bien des ogives mirvées, des blocs Avangard et des leurres à la fois. Les ogives peuvent effectuer des manœuvres de rebonds à l'approche des cibles, ce qui les rend presque impossibles à intercepter.
Enfin, le 3M22 Zircon, est un missile de croisière hypersonique furtif en service depuis janvier 2023. Propulsé d’abord par un moteur à combustible solide, il atteint des vitesses supersoniques. Ensuite son superstatoréacteur à carburant liquide prend le relais pour lui faire atteindre une vitesse hypersonique. Conçu pour cibler les navires de surface ennemis, des frégates aux porte-avions, il peut aussi frapper des cibles terrestres. Il a une portée de tir comprise entre 400 et 1.000 km et est susceptible d'accélérer jusqu'à Mach 9 (plus de 11.100 km/h) pendant l'approche, soit près de 11 fois plus que le missile américain Tomahawk. Les Zircon peuvent transporter des ogives de 300 à 400 kg et, en mode nucléaire, leur charge utile va jusqu'à 200 kilotonnes.