Hypocrisie, double standard: les accords céréaliers d’Istanbul tanguent selon un diplomate russe
© Sputnik . Kirill Braga
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Les accords céréaliers d’Istanbul sont victimes de manquements, qui touchent exclusivement la partie russe et entravent l’approvisionnement alimentaire des pays les plus nécessiteux, a déclaré à Sputnik Sergueï Verchinine, vice-ministre russe des Affaires étrangères.
Les accords céréaliers d’Istanbul restent suspendus à un fil. Des consultations en cours entre les différents partenaires devraient permettre d’y voir plus clair sur l’avenir des couloirs aménagés en mer Noire pour exporter les céréales russes et ukrainiennes.
Moscou déplore en particulier que les accords ne soient respectés que pour les exportations de céréales ukrainiennes et non pour les produits russes, a expliqué à Sputnik Sergueï Verchinine, vice-ministre russe des Affaires étrangères présent lors des récentes négociations. Une forme de double standard incompréhensible pour la partie russe, qui souhaite que "ses intérêts soient pris en compte".
"Il ne devrait pas y avoir d'hypocrisie […] Le feu vert n'est donné que pour l'approvisionnement en céréales et produits agricoles ukrainiens. Et les intérêts de la Russie, qui assure aussi largement la sécurité alimentaire dans le monde, sont absolument relégués au second plan. Nous ne pouvons pas accepter ces doubles standards", déclare ainsi le responsable.
Alors que les sanctions sont censées épargner les produits alimentaires, Sergueï Verchinine souligne encore que les exportations céréalières russes subissent pourtant d’importantes restrictions, à travers le secteur des assurances par exemple. Les efforts de l’Onu pour régler ces problèmes à travers les accords d’Istanbul tardent à porter leurs fruits.
"Les déclarations entendues à Washington, Bruxelles ou Londres selon lesquelles les exportations agricoles russes ne sont pas soumises à des sanctions ne trouvent ici aucune confirmation. Nous sommes toujours confrontés à de sérieux obstacles. Cela s'applique aux transactions, aux problèmes de logistique et de transport, aux tarifs, aux assurances", explique ainsi le vice-ministre.
Le fait d’avoir déconnecté la Russie du système bancaire SWIFT complique notamment les exportations, souligne le responsable. Moscou milite en particulier pour que la Rosselkhozbank, principale banque russe du secteur agro-alimentaire, soit reconnectée au réseau international.
Prolongation en question
Signée en juillet, l’Initiative céréalière de la mer Noire avait déjà était prolongée de 60 jours en mars, malgré les réticences de Moscou qui estime que certains points ne sont pas respectés. L’accord est donc censé prendre fin le 18 mai. La Russie tente de rectifier les lacunes du dossier, d’autant que les livraisons de céréales n’arrivent pas toujours aux pays ayant le plus besoin, comme le rappelle Sergueï Verchinine.
"Il reste encore un peu de temps. Nous suivons très attentivement ce qui se fait, nous corrigeons les distorsions et les lacunes de cette initiative. Mais il est regrettable qu'en fait, les céréales ukrainiennes n'aillent pas vers les pays les plus nécessiteux, loin des pays les plus nécessiteux. Et vice versa pour les pays bien nourris ou à revenu élevé ou intermédiaire", souligne-t-il.
Moscou a déploré à plusieurs reprises que la majorité des céréales sorties des ports ukrainiens ces derniers mois n’aille pas aux pays dans le besoin. 50% des livraisons sont en effet allés vers l’Europe depuis l’entrée en vigueur de l’accord, contre 2,5% vers l’Afrique, selon les données de l'Onu analysées par Sputnik.