Le jazz "signifie pour nous, Africains, l'unité": la journée internationale du jazz en Afrique

© AP Photo / J. Scott ApplewhiteUn garçon avec un trombone lors d'une réunion dominicale à la United House of Prayer for All People à Washington DC
Un garçon avec un trombone lors d'une réunion dominicale à la United House of Prayer for All People à Washington DC - Sputnik Afrique, 1920, 30.04.2023
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Le jazz reste un symbole de diversité et d’échanges interculturels, qui a pour vocation de rassembler l’Afrique et ses diasporas. Interrogées par Sputnik Afrique, plusieurs figures africaines se confient sur ce que cette musique signifie pour elles.
Initiée par l'UNESCO, la journée du 30 avril est consacrée à la célébration du jazz et à son rôle d'unification des peuples du monde entier. À cette occasion, Sputnik Afrique essaie de montrer la diversité et la richesse de cette musique en Afrique à travers le Maroc, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et l'Afrique du Sud.

"Riche, libre et collective"

"Si je veux résumer [le jazz africain] en trois mots, je vais dire musique riche, libre et collective", avance Brahim El Mazned, acteur culturel marocain, contacté par Sputnik Afrique.
L’Afrique est "la source des musiques de jazz" et "un continent des musiques acoustiques", considère-t-il. "Le jazz s'est beaucoup inspiré de la musique africaine et donc pour nous, c'est un des moments très importants", développe ce fondateur du festival Visa for Music, qui donne une place importante au jazz. L’événement a lieu chaque année à Rabat et accueille 1.000-1.200 personnes
"La musique de jazz en Afrique est extrêmement riche, riche à travers la communauté d'artistes résidant en Afrique, mais aussi à travers les musiciens ou les Afros descendants de la diaspora", souligne-t-il.

"Né en Afrique"

Presque tous les artistes interrogés par Sputnik font part du lien intime entre le jazz et les traditions africaines. L’interprète sénégalaise Mariaa Siga ne fait pas l’exception:
"Pour moi le jazz, il est né en Afrique. Par exemple, chez moi, les gens travaillent, chantent dans les champs, travaillent, chantent. Ils improvisent des airs".
© Photo Mao SidibeMaria Siga
Maria Siga - Sputnik Afrique, 1920, 30.04.2023
Maria Siga
Elle met en avance la diversité qu’apporte le jazz: "Je me suis dit que j’allais rester ouverte aux autres cultures du monde entier, essayer de fusionner justement la musique, la culture de chez moi, le Sénégal, particulièrement ma région, la Casamance, et essayer de fusionner ça à d'autres sonorités dont le jazz, le blues, le l'afro et même le traditionnel de chez moi. Donc c'est vraiment diversifié".

Surmonter les préjugés

"Je pense que toutes les musiques ont un peu une inspiration jazzy en Afrique", avance Nabalüm, chanteuse burkinabé évoluant dans le style afro-soul.
© Photo NabalümNabalüm
Nabalüm - Sputnik Afrique, 1920, 30.04.2023
Nabalüm
Au Burkina Faso, le jazz n'est pas une musique populaire, constate-t-elle:
"C'est une musique pour l'instant considérée comme une musique de Blancs […]. Donc il y a encore du chemin à faire et les gens ne comprennent pas toujours la rythmique qui est dans le jazz, je crois qu’il y a encore du travail pour imposer ce style musical là, ici au Burkina".
Les jeunes écoutent actuellement plus de l'afrobeat. Parlant des chanteurs, ils essaient aujourd’hui de faire un mélange entre l’afrobeat et les musiques traditionnelles, explique-t-elle.

"Musique qui unifie les peuples"

Le jazz "signifie pour nous, Africains, l'unité ", avance Mariam Koné, chanteuse malienne.
"Le jazz provient de musiques qui sont venues d'Afrique, qui ont voyagé à travers le continent américain et qui sont revenues dans le monde entier. C'est vraiment une musique qui unifie les peuples", développe-t-elle.
© Photo VortexGroupsMariam Kone
Mariam Kone - Sputnik Afrique, 1920, 30.04.2023
Mariam Kone
Globalement, le jazz au Mali est apprécié par un public restreint, selon elle. "Mais quand même il y a deux festivals de jazz à Bamako, donc ça veut dire que ça a de l’impact, ce n'est pas très populaire, mais c'est important pour beaucoup de Maliens".
Actuellement, la musique la plus écoutée au Mali est la pop mandingue (la musique malienne métissée avec de la pop musique européenne ou l'afrobeat), les musiques urbaines en général.

Le jazz comme une "encyclopédie en soi"

Les musiciens africains ont toujours respecté l'histoire du jazz et se sont inspirés de la façon dont diverses grands musiciens de différentes époques se sont exprimés à travers leurs improvisations, lance Pilani Bubu , chanteuse et présentatrice sud-africaine.
"Je pense que dans les pays africains, nous tous apprécions les origines de différentes tendances de jazz, de voix de jazz, divers instruments", a-t-elle expliqué.
© Photo Carlos FrazaoPilani Bubu
Pilani Bubu - Sputnik Afrique, 1920, 30.04.2023
Pilani Bubu
À cet égard, a-t-elle noté que la musique de jazz traditionnelle sert "d'encyclopédie en soi", et de plateforme pour mettre en valeur les différentes cultures. Les racines du jazz sont très appréciées, mais chaque musicien et chaque nation apporte sa propre touche originale, selon elle.
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