L’isolement de la Russie? "La politique pratiquée par le monde occidental est arrivée à ses limites"

© Sputnik . Vladimir Astapkovitch / Accéder à la base multimédiaLa conférence parlementaire Russie-Afrique à Moscou, les 19 et 20 mars 2023
La conférence parlementaire Russie-Afrique à Moscou, les 19 et 20 mars 2023 - Sputnik Afrique, 1920, 05.04.2023
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Malgré leurs efforts, les pays occidentaux n’arrivent pas à isoler la Russie, estime auprès de Sputnik Aymeric Chauprade, géopolitologue français. Sur la scène internationale, Moscou, comme Pékin ou New Delhi, sont les partenaires des pays africains, qui diversifient leurs relations. L’Occident doit assumer le tournant vers la multipolarité.
L’Occident cherche à empêcher les pays africains de prendre part au sommet Russie-Afrique en juillet prochain et à isoler Moscou, a déclaré le 4 avril le chef de la diplomatie russe.
L’idée d’isoler Moscou est invalide, estime au micro de Sputnik le géopolitologue français Aymeric Chauprade. Les pays occidentaux pratiquent depuis longtemps la politique d’isolement des pays qui ne font pas exactement la politique qu’attend Washington, estime-t-il.
Pourtant, "ça ne va évidemment pas marcher pour la Russie parce que c'est un pays très grand, très influent, qui a une longue tradition politique et surtout qui, contrairement aux Etats-Unis, dans la longue durée de l'histoire, a su à la fois décliner et renaître en permanence".
Pour lui, il y a de multiples exemples qui montrent que la Russie n'est pas isolée et que "la politique de l'isolement pratiquée par le monde occidental est arrivée à ses limites".
La position des pays occidentaux doit être repensée, insiste Aymeric Chauprade:
"Le crime le plus grave que les Américains et ceux qui les suivent en Europe ont commis ces dernières années, c'est d'avoir méprisé, humilié la Russie, négligé ses intérêts fondamentaux de sécurité! Ne pas avoir vu ça, c'est gravissime pour l'avenir de l'Europe et pour l'avenir du monde".

Le rôle de l’Afrique

L’Afrique jouera un rôle essentiel dans le tournant vers le monde multipolaire, estime le géopolitologue.
"Je pense qu'il faut accepter ce dialogue des civilisations avec des normes, des cultures politiques, des cultures spirituelles, morales différentes et que c'est ça la vraie mondialisation, c'est la multipolarité et le respect mutuel entre les cultures et l'équilibre des puissances", dit-il.
L’Occident doit assumer cette tendance et accepter que "les Africains qui ont pris en main leur avenir, leur souveraineté aient envie de diversifier leur politique étrangère et leurs intérêts".
"C'est une erreur de ne pas comprendre que tous les pays d'Afrique, qu'ils soient francophones, anglophones, lusophones, hispanophones, ont envie de diversifier leurs relations. Ils ne veulent plus rester sous l'exclusivité de la tutelle coloniale. Ça ne fonctionne pas", poursuit-il.
Aymeric Chauprade constate une diversification des acteurs en Afrique: la France, ainsi que la Chine, l'Inde et la Russie, y sont actifs.
L’ancien député européen critique la position de Paris: "La politique africaine de la France n'a pas su voir ça, on n'a pas su anticiper ça. Elle fait face à un rejet massif en Afrique […]. C'est la réalité que vous voyez en Afrique de l'Ouest aujourd'hui". Alors que c’est "tout simplement le monde multipolaire [dans lequel il faut] accepter qu'un pays africain souverain ait le droit de commercer et de discuter avec de nombreux pays".
De plus, le rôle essentiel de l’Afrique dans le tournant vers la multipolarité est conditionné par "des raisons d'abord démographiques", rappelle-t-il.
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