Les "rues de la mort": un avocat serbe poursuit en justice l’Otan après les bombardements de 1999

© AP Photo / U.S. Air Force, Msgt. Keith ReedL'avion américain F-177 au cours de l'opération en Yougoslavie
L'avion américain F-177 au cours de l'opération en Yougoslavie - Sputnik Afrique, 1920, 26.03.2023
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Les bombardements otaniens en Yougoslavie en 1999 ont provoqué de nombreux cancers dans la population, rappelle auprès de Sputnik un avocat serbe qui a initié un procès contre l’Otan pour cette raison. Certaines localités ont même des "rues de la mort" où chaque maison a au moins une personne atteinte de cette maladie.
Alors que cette fin mars marque le 24e anniversaire de l’intervention de l’Otan en Yougoslavie, un avocat serbe révèle pour Sputnik les conséquences des bombardements otaniens à l’uranium appauvri.
Une vrai "rue de la mort" existe dans Bustranje, près de la ville Vranje. C'est ainsi que les habitants appellent la rue Przarska, qui fait environ un kilomètre et demi de long, et dans chaque maison au moins une personne souffre d'un cancer. Les habitants de Vranje ont découvert plus tard que le terrain était contaminé, et ce n'est qu'en 2005 que l'armée serbe a procédé à la décontamination.
Cela seul suffit pour rappeler que la Serbie n'a pas le droit de pardonner à l'OTAN l'uranium appauvri déversé lors de l'agression de 1999 contre notre pays, a estimé l'avocat Srdan Aleksic auprès de Sputnik.
Depuis des années, il mène une bataille juridique contre l’Alliance atlantique. Au début, c'était pour des raisons personnelles: sa mère est décédée à cause des effets néfastes provoqués par l'uranium appauvri, tout comme de nombreux proches du village de Bustranje, près de Vranje.
"Personne ne nous a donné le droit de pardonner les dégâts. Et nous savons combien de dommages nous ont été causés, à la fois matériels et immatériels", avance-t-il.
L’avocat traite deux affaires, l’une concerne un colonel serbe, décédé d'un cancer, la seconde une habitante de Belgrade. Une quantité d'uranium appauvri, 500 fois plus élevée que les doses habituelles, a été trouvée dans l’organisme de cette femme.

"La justice est réalisable"

L’utilisation de munitions à l’uranium appauvri a empoisonné 60 générations, selon Srdan Aleksic. Il estime que le montant de l’indemnisation ne doit pas être moins de 100.000 euros.
"La justice est réalisable, mais cela prend du temps", conclut l’avocat.

Pluie d’uranium appauvri

En mars et avril 1999, pendant 11 semaines, l'Otan a bombardé la Yougoslavie, territoire qui à l’époque comprenait la Serbie et le Monténégro actuels. D’après les informations accessibles, quinze tonnes d’uranium appauvri ont été jetées sur sept endroits du sud de la Serbie actuelle, surtout autour de Vranje et Bujanovac.
En 2018, la Commission d’enquête sur les conséquences des bombardements de la Yougoslavie par l'Otan, a été créée. Son objectif est d’établir l’impact de l'uranium appauvri sur la santé des populations.

"Il faut les faire payer"

Un toxicologue et directeur du Centre de protection radiologique rappelle qu’avant 1999, l'Otan a utilisé des munitions à l'uranium appauvri en 1991 en Irak, puis dans la guerre en Bosnie-Herzégovine en 1992.
"Notre devoir n'est pas seulement envers nos ancêtres, mais aussi envers nos descendants, de bien faire les choses. Et le plus tôt possible, car l'Otan est en train de disparaître. Il faut les faire payer", soutient Radomir Kovacevic, toujours auprès de Sputnik.
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