Assad approuve le déploiement de tout type d’armes dans les bases russes en Syrie

© Vladimir Gerdo / POOLLe président russe Vladimir Poutine et le Président syrien Bachar al-Assad lors d'une réunion à Moscou
Le président russe Vladimir Poutine et le Président syrien Bachar al-Assad lors d'une réunion à Moscou - Sputnik Afrique, 1920, 16.03.2023
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Bachar el-Assad est favorable à l’extension de la présence militaire russe en Syrie et il n’exclut pas le déploiement dans ces bases d’armes hypersoniques. Découvrez les points clés de l’interview exclusive du Président syrien par Sputnik.
Dans un entretien accordé à Sputnik aussitôt après ses pourparlers au Kremlin, le Président syrien s’est exprimé sur l’avenir de la présence militaire russe dans son pays.
"Nous estimons que si la Russie souhaite étendre ses bases ou augmenter leur nombre ce n’est qu’une question de caractère technique ou logistique. S’il y a une telle volonté, nous estimons que l’élargissement de la présence russe en Syrie est une bonne idée", a signalé Bachar el-Assad.
Il a détaillé que la veille les ministres russe et syrien de la Défense avaient parlé de la coopération militaire, mais n’avaient pas abordé la question des bases.
"D’habitude nous n’annonçons pas ce genre de coopération entre nous et la Russie. C’est une question militaire qui est toujours secrète. C’est naturel", a noté le Président syrien.
Il a indiqué que la présence militaire russe ne devait pas être temporaire et se réduire à la seule lutte contre le terrorisme.
"Nous parlons d’un équilibre international et la présence de la Russie en Syrie, un pays méditerranéen, revêt une grande importance pour cet équilibre des forces dans le monde", a-t-il fait remarquer.

Bases dotées des armes les plus sophistiquées

Interrogé sur la possibilité du déploiement dans ces bases d’armes hypersoniques, notamment des navires avec des missiles Tsirkon à leur bord, M.Assad a signalé que les bases militaires russes devaient être dotées d’armes les plus modernes pour contenir les menaces de façon efficace.
"Si vous voulez mettre en place une base militaire, l’objectif n’est pas de la rendre faible du point de vue militaire. On suppose que les bases doivent produire un effet de dissuasion ou d’équilibre et elles doivent être équipées des meilleures armes. C’est naturel et logique. Que ce soit des missiles hypersoniques ou toute autre arme plus parfaite à présent et dans l’avenir, le principe reste le même."

Une guerre occidentale déclenchée par Zelensky

M.Assad a signalé que la Troisième Guerre mondiale avait déjà éclaté, mais que sa forme n’est pas traditionnelle.
"J’estime que la Troisième Guerre mondiale a déjà lieu, bien qu’elle diffère de par sa forme. Je veux dire qu’avant les guerres mondiales étaient traditionnelles. Les armées de plusieurs États faisaient la guerre contre celles de certains autres. À présent, à cause de l’existence d’armes modernes, surtout nucléaires, il y a une force dissuasive contre une guerre traditionnelle, d’où des guerres par procuration."
Selon lui, à l’heure actuelle, Volodymyr Zelensky mène une guerre au nom de l’Occident avec une armée composée de nazis.
"Même chose pour les terroristes: ce sont des armées qui font la guerre en Syrie et dans d’autres régions au nom de l’Occident", a indiqué le Président syrien.

Volontaires syriens en Ukraine et fin du monde unipolaire

Pour ce qui est des volontaires syriens en Ukraine, il a précisé que l’État syrien n’en avait pas envoyé.
"Si des volontaires s’y rendent, ce ne sera pas de la part de l’État syrien. Ils s’adresseront directement aux organes compétents russes. Nous ne le saurons même pas. Cependant, le peuple syrien soutient la Russie avec un grand enthousiasme."
Cette attitude des Syriens envers l’opération militaire spéciale russe en Ukraine a plusieurs raisons, selon M.Assad.
"D’une part, il s’agit de la solidarité, car la Russie a soutenu les Syriens dans leur lutte contre le terrorisme. D’autre part, il y a une vision plus générale de cette guerre: elle commence à changer l’équilibre mondial, car les souffrances en Syrie, en Irak et dans de nombreux autres pays ont été provoquées par le monde unipolaire", a-t-il expliqué.
Selon lui, ses compatriotes placent de grands espoirs dans ses résultats.
"Quand la Russie remportera cette guerre, ce qui est souhaité par la plupart des Syriens, un monde nouveau verra le jour, plus sûr et plus calme."

Des terroristes probablement transférés en Ukraine

En ce qui concerne le conflit en Ukraine, M.Assad soupçonne les États-Unis d’y transférer des terroristes islamistes.
"Nous n’avons pas de preuves, mais c’est tout à fait attendu. Les États-Unis transfèrent des terroristes d’un endroit à un autre. De plus, les terroristes se déplacent en toute indépendance", a-t-il noté.
M.Assad a rappelé qu’en perpétrant des crimes ces terroristes invoquaient la religion.
"En Ukraine, il n’y a pas de guerre religieuse, mais à en juger d’après les vidéos publiées sur le Web, ils [les terroristes islamistes, ndlr] y sont présents", a-t-il détaillé.
Selon lui, les terroristes ne se sont pas rendus en Ukraine pour lancer une guerre de religion. Ils y ont été transférés avec le concours des États-Unis.
"Il va de soi qu’il y a des terroristes transférés depuis d’autres régions, la Syrie comprise, pour faire la guerre contre la Russie en Ukraine."
Il a fait savoir que Damas disposait de preuves confirmant que des terroristes étaient entraînés à la base militaire américaine d’Al-Tanf.

Fuites vers la Syrie d’armes occidentales livrées à l’Ukraine

Interrogé sur le risque de voir arriver en Syrie des armes que l’Occident fournit en abondance à l’Ukraine qui tomberaient entre les mains de terroristes internationaux, M.Assad a confié n’avoir aucune crainte.
"Les quantités d’armes qui seront fournies directement pas l’Occident à ces groupes terroristes sont beaucoup plus nombreuses que celles qui fuiront. Ces armes arriveront de toute façon. Les États-Unis sont constamment à la recherche de terroristes pour les enrôler et les approvisionner en toutes sortes d’armes. S’il y a corruption, vente et fuite d’armes, cela se produira, mais ne représentera qu’une petite fraction de ce que ces groupes terroristes recevront directement de la part des États-Unis. Cela a bien eu lieu en Syrie."

Reconnaissance des nouvelles frontières russes

La reconnaissance des nouvelles frontières russes avec les territoires rattachés à la Russie à l’issue des référendums (Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, régions de Kherson et de Zaporojié) ne fait aucun doute pour le Président syrien.
"Je dis que ce sont des territoires russes, même s’il n’y avait pas de guerre. Ce sont des territoires historiques russes."
Il a rappelé que la Syrie les avait reconnus avant leur rattachement à la Russie.
"Pour nous cette question était claire dès le début. Nous n’allons pas hésiter là-dessus. La position syrienne est nette et résolue. Notre conviction sur cette question ne tient pas seulement à notre amitié avec la Russie, mais aussi au fait que ces territoires sont des territoires russes", a affirmé M.Assad.

Mettre fin à l’agression des USA

À quelques jours du 20e anniversaire de l’invasion de l’Irak par les États-Unis, une invasion qui a causé un grand nombre de victimes, comme d’ailleurs en Syrie ou dans le Donbass, mettre un terme à la politique agressive des Américains et de leurs alliés est un sujet plus brûlant que jamais.
Bachar el-Assad estime que pour ce faire, il faut agir sur plusieurs fronts simultanément.
"Les États-Unis restent une puissance, même s'ils sont en déclin, mais nous ne pouvons pas dire qu'il existe un État qui arrêtera l'agression américaine, qui a duré au moins trois décennies depuis l'effondrement de l'URSS et encore plus depuis la guerre de Corée."
M.Assad estime qu’il existe différentes méthodes pour parvenir à ce résultat.
"Si nous parlons d'action politique, il faut une coalition de plusieurs pays. La Russie et la Chine ont des responsabilités importantes à cet égard. Il y a aussi les BRICS, d'autres pays qui ont commencé à prendre leurs distances avec les États-Unis et qui perdent confiance en Washington, estimant que les États-Unis constituent une menace pour la stabilité mondiale. Lorsque nous parlons des États-Unis, nous parlons du bloc occidental en termes politiques."
Selon lui, toutes les guerres servent le dollar américain et "lorsqu'il y aura une coalition économique, il y aura une alternative au dollar de la part de n'importe quel État, et alors les États-Unis ne seront plus en mesure de déterminer le destin de l'économie mondiale et des peuples, et alors il y aura une fin à ces guerres".
"Cet État qui veut conquérir le monde entier ne pourra pas récolter les fruits de cette conquête et alors le monde changera."

Conditions d’une rencontre avec Erdogan

Bachar el-Assad, pour qui la Turquie est un État occupant, a révélé à Sputnik sous quelles conditions il rencontrerait Recep Tayyip Erdogan.
"En ce qui concerne une rencontre avec Erdogan, elle dépend du moment où la Turquie sera bel et bien prête au retrait total [des militaires turcs, ndlr] depuis le territoire syrien et au retour à la situation d’avant-guerre en Syrie. C’est l’unique version de ma rencontre avec Erdogan", a martelé le Président syrien.
"Quelle sera la valeur de cette rencontre et à quoi elle servira, si elle ne conduit pas à des résultats définitifs pour la guerre en Syrie?", a-t-il ajouté.
Selon lui, la Turquie a joué un rôle négatif dans la guerre en Syrie en soutenant des organisations considérées comme terroristes par Damas et en introduisant ses troupes sur le territoire syrien.
"Pour nous, la Turquie est un État occupant."
D’autre part, il a souligné le rôle de la Russie qui entretient de bonnes relations aussi bien avec la Syrie qu’avec la Turquie.
"Nous faisons confiance à la partie russe, car elle a joué le rôle de médiateur pour faciliter ces contacts dans le cadre des principes sur lesquels repose la politique russe. À savoir le respect du droit international, la reconnaissance de la souveraineté des États, le rejet du terrorisme, le respect de l’intégrité territoriale syrienne et de la souveraineté de l’État syrien sur son territoire, la nécessité du retrait de Syrie des forces armées étrangères illégitimes", a poursuivi Bachar el-Assad.
"Pour y parvenir, la Russie œuvre avec la Syrie afin de trouver un règlement à Genève, à Astana et dans le cadre d’autres villes. Le but est toujours le même: rétablir la stabilité en Syrie", a concédé le Président syrien.

Un accord de coopération à signer prochainement

M.Assad a révélé que la Syrie et la Russie allaient prochainement signer un accord de coopération portant sur plusieurs projets.
"Les projets sont en train d’être étudiés, un accord sera signé plus tard dans le courant de ces prochaines semaines, en fonction de chaque participant et de chaque projet."
Il a précisé que ces derniers jours une commission conjointe avait examiné plusieurs projets, dont le coût serait notoire après la signature de l’accord.
"Ces projets seront annoncés après la signature de l’accord. Après, les sociétés intéressées pourront présenter une demande de participation."

Une quarantaine de projets d’investissements au programme

Bachar el-Assad a fait savoir que la Russie et la Syrie envisageaient 40 projets d’investissements dans l’énergie, l’industrie, les transports et le bâtiment.
"Cette fois, la réunion de la commission conjointe [russo-syrienne, ndlr] a été différente. Elle s’est concentrée sur des projets d’investissements et sur un accord à signer. Ce dernier portera sur 40 projets d’investissements concrets dans le domaine de l’énergie, de l’électricité, du pétrole, des transports, de la construction locative, de l’industrie et pas seulement", a-t-il annoncé.
De nouveaux projets prévoient également des mécanismes de contrôle.
"Il s’agit d’une nouvelle étape de nos relations. La délégation qui s’est rendue en Russie était nombreuse, parce que le travail sur cet accord n’a pas pris des mois, mais des années."

Aide humanitaire à la Syrie

L’aide russe à la Syrie après le séisme dévastateur de début février a été un autre sujet évoqué pendant l’entretien.
"Ce n'était pas un sujet clé de la discussion d'aujourd'hui. J'ai exprimé ma gratitude au Président Poutine et au gouvernement russe pour leur aide, car le gouvernement russe a été impliqué dès les premières heures, et l'armée russe a participé aux opérations de sauvetage, et cette aide se poursuit", a fait savoir Bachar el-Assad.
Après le séisme dévastateur de février dernier, la Russie a été l'un des rares pays à être venus en aide à la Syrie. Le ministre de la Défense a chargé les militaires de la force russe déployée dans le pays d'organiser le déblayage et d'aider les victimes. Les survivants ont reçu de l'aide médicale et psychologique.
Outre les militaires, un groupe mobile de médecins de guerre a été formé à la base militaire russe de Hmeimim.
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