Ukraine, Otan, "traditions coloniales" de l’Occident: Lavrov donne une grande interview à Sputnik

"La mondialisation n’a plus de caractéristiques positives. Nous nous en sommes rendu compte plus tôt parce que, tout d'abord, nous avons été les premiers touchés par ce que les États-Unis préparaient contre nous à travers l'Ukraine. Et deuxièmement, nous n'étions pas aussi profondément immergés dans ce système que, par exemple, la Chine"

"Nous réglerons nous-même tous les problèmes [en Ukraine], et nous ne nous sommes pas adressés [à l'OTSC pour obtenir de l'aide]".

"Les États-Unis ont subjugué l'Union européenne en la privant des derniers signes d'indépendance. Ils sont de grands démocrates comme vous le savez, mais ils comprennent la démocratie comme leur droit d'imposer à tous les autres la compréhension qu’ils en ont"

Les idées de différents pays pour augmenter le commerce en monnaies nationales sont dues aux actions des États-Unis, qui violent toutes les limites de la décence avec leur dollar, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

"Ce n'est pas un hasard si on parle maintenant de passer aux monnaies nationales. Les Présidents du Brésil et de l'Argentine discutent déjà de la possibilité de créer leur propre monnaie bilatérale. Puis, ils sont allés encore plus loin: ils ont suggéré une monnaie pour tous les États d'Amérique latine et des Caraïbes. Lula da Silva a proposé d’en discuter dans le cadre des BRICS. Ce ne sera plus une approche régionale, mais globale pour la sphère monétaire et financière dans un environnement où les États-Unis avec leurs dollars violent tout simplement toute décence imaginable. Donc, le processus est déclenché", a déclaré le ministre.

"Malgré le fait que nous ne créons pas une alliance militaire, nos relations sont au-dessus, par leur qualité, des alliances militaires dans leur sens classique, et elles n'ont ni limites ni restrictions. Et il n'y a pas de sujets tabous. Elles sont en effet les meilleures de toutes les années d'existence de l'Union soviétique, de la République populaire de la Chine et de la Fédération de Russie."

"Oui, nous voyons l'ensemble de l'Otan se battre contre nous, et les incantations selon lesquelles 'nous ne sommes pas en guerre mais on livre juste des armes' sont ridicules".

La Russie fera de son mieux pour que les "sabbats anti-russes" prévus fin février ne soient pas les seuls événements à retenir l'attention de la communauté mondiale, a fait noter Lavrov en commentant l'initiative de l'Ukraine d'organiser un "sommet de la paix" le 24 février. Cette date marquera l'anniversaire de l'opération militaire spéciale.

"D'abord, parce qu'ils ont pu mettre une Présidente, par des méthodes loin d'être librement démocratiques, qui désire tant rejoindre l'Otan. Elle a la citoyenneté roumaine, elle est prête à s'unifier avec la Roumanie et en général est prête à presque tout", a-t-il expliqué.

L'Occident "envoie des signaux quotidiens à tous les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine par l'intermédiaire de ses ambassadeurs: n'acceptez pas les délégations russes, condamnez-les, joignez-vous aux sanctions".

"La grande majorité des pays se respectent, même les petits États, où habitent un million et demi ou deux millions de personnes, par exemple en Afrique. Ces pays disent: 'Excusez-nous, nous avons des projets de coopération avec les Russes, nous les accueillons, nous leur rendons visite'. Pour cela ils sont menacés de sanctions. Parce que les Américains sont connus pour le fait que lorsqu'ils vous offrent quelque chose, lorsqu'ils veulent quelque chose de vous, ils ne promettent pas de vous donner quelque chose en retour. Ils disent même : "fais ceci, sinon nous te punirons". C'est du pur pragmatisme, mais aussi du cynisme, bien sûr", a tranché M. Lavrov.

"Tout le monde regarde maintenant très attentivement les formes sous lesquelles cet exceptionnalisme est mis en place. Il est réalisé à travers le désir de subordonner tout le monde, d'obtenir de prochains avantages économiques unilatéraux afin d'éviter une crise, qui pourrait devenir très grave dans l'économie américaine, en exploitant les autres".

Selon Lavrov, les actions américaines "perpétuent la tradition coloniale de vivre aux dépens des autres".

"Pourquoi les gens refusent-ils de voir l'idéologie nazie qui se trouve maintenant au cœur du régime de Kiev? Toutes ces déclarations que l'on entend de la part de ses admirateurs et marionnettistes, eh bien je ne vois pas comment on peut les considérer autrement que comme une tentative de résoudre enfin la "question russe". La Russie doit être stratégiquement vaincue et ne pas se relever avant longtemps"

"Poutine a expliqué en détail à l'Occident les objectifs de l'opération spéciale. Et pendant des années il a souligné à plusieurs reprises que l'Occident faisait fausse route"

Plus d'armes à longue portée sont fournies au régime de Kiev par l'Occident, plus elles doivent être éloignées des territoires russes, a déclaré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.

"Le fait que les États-Unis sont persuadés de leur supériorité est la principale raison pour laquelle nous les affrontons ainsi que ceux qui mènent une guerre hybride contre nous à l’aide de l’Ukraine"

"Cette escalade, c'est comme une boule de neige. Tout a commencé avec quelques casques pour l'armée ukrainienne. Puis des armes légères sont apparues, maintenant ils parlent avec force des avions. Scholz jure que cela n'arrivera jamais, mais Scholz est aussi connu pour sa capacité à changer de position assez rapidement. Ensuite, il est loin d'être seul là-bas. Il a dit que l'Otan ne se battrait jamais contre la Russie, et sa ministre des Affaires étrangères, madame Bearbock, a dit 'oui, on est déjà en guerre tous ensemble contre la Russie'", a souligné Lavrov.

"Ce sont eux [les collègues occidentaux, ndlr] qui ont refusé de négocier, ont forcé le régime de Kiev à quitter le processus de négociation. Et au moment même où, à la fin, comme vous le savez, il y avait une possibilité d'y mettre fin. Personne n'a même essayé de convaincre le régime de Kiev de la nécessité de négocier, personne ne s'y est opposé".

Zelensky lui-même ne se sent pas comme une personne indépendante, il est manipulé, a souligné le chef de la diplomatie.

"L’idée selon laquelle la Russie refuse de négocier sur l'Ukraine est un mensonge, Moscou continuera à le réfuter"