La France s'inquiète de l'influence de la Russie en Afrique qu’elle prend pour "sa propriété"
11:28 18.10.2022 (Mis à jour: 12:36 18.10.2022)
© AP Photo / Kilayé BationoUne manifestation au Burkina Faso, le 2 octobre 2022
© AP Photo / Kilayé Bationo
S'abonner
Selon le dirigeant de la Chambre africaine de l’énergie, la stratégie de la Russie en Afrique perturbe la France qui traite le continent comme sa "propriété". Comme il l’a confié à Sputnik, dans le contexte actuel, la crise énergétique européenne a montré que l’Afrique devait établir un partenariat avec Moscou.
Dans un entretien à Sputnik, le président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie (CAE), Nj Ayuk, a estimé que la France s’inquiétait de l’influence croissante de la Russie en Afrique.
"Il y a de nombreux candidats [pour la coopération avec l'Afrique, ndlr], mais ne vous inquiétez pas pour eux. Les Français sont très jaloux de ce qui se passe au Burkina Faso, en République centrafricaine, au Mali, car les Européens et les Français ont toujours considéré l'Afrique comme leur propriété, comme un esclave. Mais l'Afrique a dit: ’C'en est assez, je divorce, j'ai besoin d'être respectée, et sans respect, rien ne fonctionnera’", a-t-il déclaré.
Selon lui, la crise énergétique européenne a montré que l’Afrique devait établir un partenariat avec Moscou pour "créer des chaînes d’échange de ressources durables", car la question de la sécurité énergétique ne peut être ignorée.
"La Russie dispose d’un énorme potentiel, d’une grande expérience dans ce domaine et est leader mondial dans la mise en œuvre de projets d’infrastructures et les investissements dans l’énergie", a noté M.Ayuk.
Il a aussi souligné que le développement du continent serait menacé si l’Afrique continue à être dépendante d’autres pays. C’est pour cela qu’elle "a besoin de nouvelles opportunités et de nouvelles technologies pour progresser".
Ressentiments antifrançais
Quant à Paris, il fait face à une vague de mécontentement de la part des nations africaines, car ces dernières années, les troupes françaises se sont révélées incapables de résoudre la crise sécuritaire dans la région du Sahel.
De plus, les autorités maliennes ont accusé la France de soutenir les terroristes et même de leur fournir des armes. Pendant ce temps, la population locale exprime sa sympathie envers la Russie, estimant que l'aide de Moscou peut résoudre la crise sécuritaire.
Fin septembre, plusieurs manifestations antifrançaises ont eu lieu au Burkina Faso. Outre le départ du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, qui avait pris le pouvoir en janvier 2022, les manifestants réclamaient la fin de la présence militaire française au Sahel et une coopération militaire avec la Russie.