"Le gouvernement ukrainien a bombardé sa population" dans le Donbass, selon une reporter française
10:03 02.03.2022 (Mis à jour: 01:31 03.12.2022)
© Milices populaires de RPD / Accéder à la base multimédiaMaison détruite par l'artillerie ukrainienne en République populaire de Donetsk (image d'illustration)
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La reporter Anne-Laure Bonnel, présente dans le Donbass, a affirmé sur CNews que Kiev continuait de bombarder les populations russophones de la région. Elle a montré plusieurs photos de victimes civiles, devant un plateau de télévision ébahi.
Alors que la Défense russe a annoncé avoir détruit plus de 1.300 infrastructures militaires en six jours d’opération, côté Donbass, Kiev continue de cibler son propre peuple, à en croire Anne-Laure Bonnel, reporter française sur place.
Sur CNews, la réalisatrice et photographe a en effet accusé le gouvernement ukrainien de bombarder les populations du Donbass.
"La population russophone du Donbass est ciblée par son propre gouvernement depuis 2014. Et ça continue du côté où je suis […]. J’étais avant-hier dans une école. Deux institutrices ont eu le corps coupé en deux. Les plus âgés ne peuvent pas quitter la zone. Les civils sont touchés soit par l’artillerie lourde soit par des GRAD", expose-t-elle sur la chaîne d’information.
Puis la reporter a jeté un froid sur le plateau, brandissant une photo d’une de ces institutrices au corps déchiqueté, sous le regard gêné de Bernard-Henri Levy qui a affiché son soutien à Kiev à plusieurs reprises ces derniers jours, demandant notamment une intervention militaire de la France sur le sol ukrainien.
Une journaliste, une vraie, face à un "philosophe" de canapé. Réalité plus complexe que ce que l'on veut bien montrer dans les médias subventionnés ? pic.twitter.com/FWUNriumG7
— Louise Nalieva (@LouiseNalieva) March 1, 2022
Anne-Laure Bonnel, qui a réalisé un documentaire sur la situation dès 2015, n’a d’ailleurs pas hésité à parler de "crimes contre l’humanité" perpétrés par Kiev dans le Donbass. Elle s’est également étonnée des réactions tardives de l’Europe, qui ne se penche qu’aujourd’hui sur la crise ukrainienne alors que celle-ci dure pourtant depuis des années.
"On parle de ce conflit depuis une semaine, mais il dure en réalité depuis huit ans et a fait plus de 13.000 morts. Ici, les gens sont très surpris que l’Europe se rende compte seulement maintenant de la situation. Pour eux, les bombardements, l’artillerie lourde, la vie dans les caves, c’est un quotidien depuis 2014", poursuit Anne-Laure Bonnel.
La journaliste a encore déploré que cette réalité ait semblé "échapper" aux médias occidentaux. Son intervention semble finalement avoir eu un certain écho, puisque le hashtag #HDPros, du nom de l’émission de CNews, était dans le top des tendances sur Twitter ce 1er mars.
Bombardement dans le Donbass
Les chiffres avancés par Anne-Laure Bonnel semblent concorder avec ceux de Moscou, qui a déclaré ce 28 février que 14.000 personnes ont péri dans le Donbass suite aux actions militaires de Kiev. Des centaines d’enfants figurent parmi les victimes.
Les 18 et 19 février, plusieurs dizaines de bombardements ont touché les républiques de Donetsk et de Lougansk, précipitant le cours des événements. Des milliers d’habitants ont dû trouver refuge du côté russe de la frontière.
C’est sans doute cette intensification des tirs de Kiev, conjuguée au non-respect des accords de Minsk, qui a poussé Vladimir Poutine a opté "pour un plan B" et à lancer une opération militaire en Ukraine, comme l’expliquait récemment à Sputink Xavier Moreau, fondateur du centre d’analyse politico-stratégique Stratpol.
La Russie n’a d’ailleurs pas caché ses intentions devant l’Onu le 21 février, expliquant vouloir empêcher "un nouveau massacre dans le Donbass".
Une querelle sémantique sur l’utilisation du mot "génocide" est par la suite apparue, le chancelier allemand Olaf Scholz qualifiant de "ridicule" son usage par le Kremlin. Moscou a répondu en envoyant à Berlin et Washington un dossier sur des charniers de civils dans le Donbass.