Le médiateur de la CEDEAO au Mali pour "sceller définitivement" la durée de la transition

© AFP 2023 FLORENT VERGNESUn manifestant à Bamako tient une pancarte "à bas la CEDEAO"
Un manifestant à Bamako tient une pancarte à bas la CEDEAO - Sputnik Afrique, 1920, 26.02.2022
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Après plus d’un mois et demi d’impasse, les négociations formelles entre le Mali et la CEDEAO reprennent. La décrispation de la situation pourrait permettre au médiateur dépêché à Bamako de "réaliser un compromis sur le délai de la transition", estime un spécialiste de la crise malienne.
L’embargo décidé le 9 janvier par les chefs d’État de la CEDEAO a empiré les tensions entre l’institution et le Mali. Lequel, membre de l’organisation ouest africaine, s’emploie depuis à expérimenter les alternatives pour contourner les sanctions. Cependant, ce 24 février marque une nouvelle étape. Celui du rétablissement du dialogue partiellement rompu entre les deux parties. En effet, le médiateur de la CEDEAO Goodluck Jonathan séjourne dans la capitale malienne depuis ce jeudi.
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"C’est peut-être la mission qui va sceller définitivement l’entente parce que les différents épisodes passés ont donné des leçons à la CEDEAO comme aux autorités maliennes. Les uns et les autres se sont ressaisis. Il y a eu des interventions de tiers qui ont pu aider les deux parties à progresser dans le sens du dialogue afin d’éviter un blocage", analyse au micro de Sputnik Kissima Gakou, auteur du livre Mali, une crise sans fin.

Une transition de 12 mois? 16 mois?

Principal point de discorde, la durée de la transition oppose toujours les autorités maliennes aux dirigeants de la CEDEAO. Malgré l’adoption lundi 21 février de la nouvelle Charte par le Conseil national de la transition (CNT), organe législatif intérimaire, le problème reste entier. Ce texte spécial qui supplée la Constitution et encadre juridiquement le pouvoir actuel n’a pas fixé de durée exacte à cette période. Il renvoie à cet effet aux décisions des Assises nationales de la refondation (ANR), lesquelles proposent aux autorités de choisir un délai compris entre 6 mois et 5 ans.
"Compte tenu du fait que des négociations sont en cours, si entretemps le CNT se mettait à trancher, c’est comme si l’État malien avait déjà adopté une position unilatérale. Ç’aurait été inacceptable. En rappelant la fourchette au nom des Assises nationales de la refondation, le CNT a simplement pris soin de donner le temps aux négociations afin qu’un délai soit déterminé d’un commun accord", explique Kissima Gakou.
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Durant les négociations entre le Mali et la CEDEAO, les propositions de l’Algérie et du Ghana seront certainement mises sur la table. Un délai de 16 mois d’un côté, de 12 mois de l’autre. L’une de ces dates ou le maximum de 5 ans de transition? "Il y a un milieu où les parties peuvent se rejoindre", estime Kissima Gakou qui croit à un compromis, puisque "le Mali ne peut pas enjamber les exigences de la CEDEAO car il est lié par ses obligations. La CEDEAO aussi est obligée de prendre en compte les aspirations de politique intérieure exprimées de façon publique et populaire par le peuple malien".

"Aucune transition ne peut avoir la prétention de régler tous les problèmes"

La visite du médiateur de la CEDEAO intervient également à la suite de plusieurs échanges entre les autorités maliennes et les équipes techniques de l’institution sous-régionale. Des représentants de l’Onu et de l’Union africaine y étaient associés. Au-delà de la question sécuritaire, le gouvernement malien compte mener plusieurs réformes conformément aux conclusions des Assises nationales de la refondation. Mais pour le professeur de droit à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako, "ce ne sont pas des réformes entièrement réalisables par un gouvernement de transition".
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"Dans la négociation, la CEDEAO ne peut pas ne pas comprendre que le Mali a besoin d’une réforme constitutionnelle qui va prendre en compte le renouveau institutionnel. Et les élections vont suivre. Le reste, c’est le rôle d’un gouvernement régulièrement mis en place qui dispose de tous les instruments légaux pour accomplir ses tâches. Il aura le mandat et le temps pour ça. Aucune transition ne peut avoir la prétention de régler tous les problèmes", explique-t-il.
Contrairement à certaines de ses missions durant lesquelles elle consultait la classe politique, la médiation de la CEDEAO concentre désormais ses échanges avec le gouvernement. Pourtant, plusieurs partis politiques, regroupés au sein du Cadre d'échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, s’apprêtent à ne plus reconnaître les autorités actuelles à partir du 25 mars prochain. Selon Kissima Gakou, cette contestation naissante s’estompera dès que le gouvernement parviendra à un consensus avec la CEDEAO. "Les partis politiques vont s’aligner sur cet agenda", assure-t-il.
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