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Crise ukrainienne 2021
Les tensions sont montées entre la Russie et l'Ukraine fin 2021 sur fond de mouvements d’unités militaires dans le sud de la Russie.

Le pouvoir d’achat des Français, victime collatérale du conflit russo-ukrainien?

© Photo Pixabay / analogicusArgent
Argent - Sputnik Afrique, 1920, 25.02.2022
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La crise en Ukraine pourrait avoir des conséquences "terrifiantes" pour les finances des Français, selon Marine Le Pen. Pour l’économiste Philippe Béchade, en cas de sanctions trop drastiques la situation économique pourrait en effet s’aggraver.
"Les Français sont extrêmement fragilisés aujourd'hui en raison de l'effondrement de leur pouvoir d'achat et de la hausse des prix de l'énergie." Sur Europe 1, Marine Le Pen s’est dite inquiète quant à la nature des sanctions prises à l’encontre de la Russie. Selon la candidate RN à la présidentielle, cela pourrait "avoir des conséquences terrifiantes sur le pouvoir d’achat des Français, notamment dans le domaine de l’énergie et des matières premières". Or, dans un contexte économique compliqué, une hausse des prix pourrait avoir des effets désastreux pour les ménages. D’autant plus que, pour 51% des Français, le niveau de vie est déjà au cœur de leurs préoccupations, indiquait un sondage d’Ipsos Sopra-Steria pour France Inter. Les sanctions pourraient-elles donc avoir des conséquences sur le quotidien de nos concitoyens?
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Contacté par Sputnik, l’économiste Philippe Béchade, président du cercle de réflexion Les Éconoclastes, souligne d’emblée que "c’est pour cela que le G7 n’a pas déclenché de sanctions énergétiques".

"On se serait tiré une balle dans chaque pied: un pied pour le gaz, un pied pour le pétrole et les carburants", résume l’économiste en termes imagés.

L’Union européenne a en effet annoncé le 24 février le durcissement des sanctions contre la Russie dans les secteurs de l’énergie, de la finance et des transports, sans exclure la Russie du réseau bancaire Swift. Un système qui permet de gérer les paiements dans le monde entier.
Par ailleurs, Bruxelles devrait également réduire l’accès de la Russie à des "technologies cruciales", en la privant notamment de composants électroniques et de logiciels. En outre, ce vendredi 25 février, Josep Borrell a déclaré que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) avaient décidé d'inclure Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov sur la liste des sanctions.

Vers une pénurie de gaz?

Ces sanctions ciblées, donc, ne devraient pas avoir de conséquences pour les Français dans les jours à venir. "Si on reste raisonnable", prévient Philippe Béchade.

"Si demain on considère que Poutine menace les frontières polonaises et roumaines, il y aura un nouveau train de sanction telles que l’éjection de la Russie du système Swift. Ensuite, ce sera le boycott du pétrole et du gaz russe. On pourrait très rapidement avoir un baril de pétrole à 140 dollars et, dans ce cas-là, il va falloir en envoyer des chèques énergies aux consommateurs", avertit-il.

Sans compter que Moscou pourrait décider de "couper le robinet" du gaz pour le marché européen en cas de sanctions trop fortes. Les prix pourraient donc s’envoler. Cela se répercuterait toujours in fine sur la facture des Français. Une éventualité à nuancer expliquait à La Croix Catherine Locatelli, chercheuse au CNRS: "Même en 2014, au plus fort de la guerre dans le Donbass, les livraisons [de Russie, ndlr] ont continué." Et pour cause, le pays de Vladimir Poutine réalise 70% de ses recettes à l’exportation grâce aux Européens.
Barbara Pompili s’est voulue rassurante devant les parlementaires. Le ministre de la Transition écologique a déclaré: "Même si la Russie devait cesser ses exportations, ce qui n’est pas à l’ordre du jour actuellement, nous ne courons pas de risque d’approvisionnement en matière énergétique."
Et pour cause, la France dispose de réserves de carburant et le gaz…

"Nous avons des stocks stratégiques de pétrole importants qui couvrent près de trois mois de consommation et nous permettent de faire face à des perturbations d'approvisionnement. Les Français ne risquent pas de manquer de carburant ou de gaz pour se chauffer dans les prochains mois", a-t-elle fait valoir.

Sauf que Philippe Béchade avance que "nos stocks de gaz et de pétrole ne sont pas du tout au niveau de ce qu’ils devraient être à cette époque de l’année". "On n’a pas de quoi tenir très longtemps si on n’apporte pas de gaz russe ou de pétrole, on est même d’ailleurs au minimum des réserves que l’on a observé depuis cinq ans. Donc on est vraiment dans les plus mauvaises circonstances pour déclencher un boycott du pétrole et du gaz russe", estime l’économiste.
D’après lui, même si les États-Unis décidaient de fournir à la France du gaz naturel liquéfié (GNL), qui est plus cher que l’or bleu russe, cela ne résoudrait pas grand-chose. "Le problème, c’est que l’on n’a pas les terminaux pour décharger des norias de méthanier."

"De toute façon, les terminaux n’existent pas. On doit les construire. On ne dispose pas non plus des centrales qui permettent de transformer le gaz liquéfié en gaz de qualité industrielle. On les aura dans deux ans si on fait très vite", diagnostique Philippe Béchade.

Reste que l’économiste tient à souligner que d’autres acteurs économiques français pourraient faire les frais du contexte russo-ukrainien. Notamment les entreprises. Philippe Béchade rappelle que la Russie est le premier producteur mondial de palladium, un matériau "indispensable à l'industrie automobile et électronique".
Sans oublier le nickel (troisième producteur mondial) pour les batteries et les structures acier inoxydable. Des métaux dont les cours se sont envolés à la Bourse le 24 février, jour du déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine.
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