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Face à la crise ukrainienne, le Moyen-Orient reste impassible
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Sputnik Afrique
Alors que l’Occident sonne le tocsin face à l’opération russe à l’Est de l’Ukraine, le Moyen-Orient a choisi la neutralité. Malgré certaines condamnations... 24.02.2022, Sputnik Afrique
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Au premier jour du conflit entre la Russie et l’Ukraine, alors que l’Occident fait bloc contre le Kremlin, le Moyen-Orient reste de marbre..Il y a quelques heures encore, la région avait surtout les yeux rivés sur Vienne et les négociations sur le nucléaire iranien. Les journaux locaux étaient loin du Donbass, ils couvraient principalement le sommet sur le gaz, la fête nationale saoudienne ou encore la visite exceptionnelle du Président iranien au Qatar. Mais c’est bien le petit émirat qui avait été propulsé dans la crise entre Kiev et Moscou. Le 31 janvier, Washington a demandé à Doha de devenir une alternative au gaz russe en Europe. Mais malchance pour les États-Unis, son allié est déjà pratiquement à sa capacité maximale de production et doit honorer ses anciens contrats, notamment avec les pays asiatiques.Le Qatar invite à la retenueMalgré ces sollicitations américaines, le Qatar a appelé à la retenue. L’émir cheikh Tamim bin Hamad Al Thani s’est tout de même entretenu avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Doha a appelé "toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à résoudre la crise par le dialogue et la diplomatie et à régler des différends internationaux par des moyens pacifiques". L’émirat a de surcroît demandé à Kiev de "ne pas prendre de décisions qui pourraient provoquer une nouvelle escalade". Au fond, cette crise loin du Moyen-Orient apparaît "comme une aubaine pour le Qatar, qui sera d’autant plus courtisé", estime Pierre Berthelot, chercheur associé à l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) et spécialiste du Moyen-Orient.Le pays qui semble être le plus enclin à prendre position est la Turquie. Ankara entretient d’excellentes relations avec Kiev et n’a pas reconnu le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014.En effet, la condamnation turque n’a pas tardé. Dès le lendemain de la reconnaissance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk par Vladimir Poutine le 21 février, Ankara avait jugé cette décision "inacceptable". La Turquie a de plus déjà vendu ses fameux drones TB2 à Kiev. Ces fleurons de l’industrie turque avaient par ailleurs commencé des vols de surveillance au-dessus du Donbass dès l’automne dernier. Quatre d’entre eux ont été abattus par les forces russes le 24 février.Des drones turcs en UkraineMais Kiev attend encore plus d’Ankara. En effet, l’ambassadeur ukrainien en Turquie, Vadily Bodnar, a demandé la fermeture des détroits du Bosphore et des Dardanelles aux navires de guerre russes. "Une proposition impensable pour la Turquie", estime le chercheur. Dans ce partenariat stratégique avec l’Ukraine, Recep Tayyip Erdogan ne dépasse pas une certaine limite. Et pour cause:Ankara se souvient des répercussions économiques sur la Turquie, lors des tensions russo-turques après la destruction d’un bombardier russe en 2015. Des mesures qui avaient eu un lourd impact, notamment sur le secteur agricole et touristique. Et de surcroît, "il faut rappeler qu’en 2014, Ankara avait profité de la crise du gaz en Ukraine", ajoute-t-il. En effet, au lendemain de la crise ukrainienne de 2014, la Russie avait cherché à contourner le territoire ukrainien pour approvisionner l’Europe en gaz. Depuis lors, la Russie a mis en place le Turkish Stream et Ankara est ainsi devenu un pays transit pour l’or bleu russe.Une aubaine pour les pays producteurs de pétroleUne situation plus ou moins similaire pour Israël. Le pays est en effet dans une situation délicate compte tenu de ses liens avec Kiev, Moscou et Washington. "Tel-Aviv est l’allié incontournable des États-Unis, mais il ne se brouillera pas avec la Russie", précise Pierre Berthelot. Il en va de la stabilité en Syrie. En 2018, pour éviter une escalade militaire entre les milices iraniennes et Tsahal, Moscou avait persuadé Téhéran de tenir ses forces à plus de 85 kilomètres du Golan. La neutralité est donc également de mise pour l’État hébreu.Qu’en est-il des autres acteurs régionaux?L’Égypte entretient de bonnes relations avec la Russie. Outre le secteur militaire, Moscou et Le Caire coopèrent dans le domaine du nucléaire civil, de l’agriculture et du tourisme. Pour ce qui est de l’Arabie saoudite, les liens avec Moscou sont plus récents. Le voyage historique du roi Salmane en 2017 dans la capitale russe avait rapproché les deux pays. Malgré les brouilles passagères sur les prix du pétrole, "ils n’ont pas intérêt à prendre parti, ça serait contre-productif", juge Pierre Berthelot, surtout "qu’avec la crise ukrainienne, le prix du baril avoisine les 100 dollars, donc une aubaine à court terme pour les pays producteurs".
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Face à la crise ukrainienne, le Moyen-Orient reste impassible
18:07 24.02.2022 (Mis à jour: 22:24 08.04.2023) Alors que l’Occident sonne le tocsin face à l’opération russe à l’Est de l’Ukraine, le Moyen-Orient a choisi la neutralité. Malgré certaines condamnations publiques, la région ne veut pas se mettre à dos Moscou pour Kiev. Tour d’horizon.
Au premier jour du conflit entre la Russie et l’Ukraine, alors que l’Occident fait bloc contre le Kremlin, le Moyen-Orient reste de marbre..
Il y a quelques heures encore, la région avait surtout les yeux rivés sur Vienne et les négociations sur le nucléaire iranien. Les journaux locaux étaient loin du Donbass, ils couvraient principalement le sommet sur le gaz, la fête nationale saoudienne ou encore la visite exceptionnelle du Président iranien au Qatar. Mais c’est bien le petit émirat qui avait été propulsé dans la crise entre Kiev et Moscou. Le 31 janvier, Washington a demandé à Doha de devenir une alternative au gaz russe en Europe. Mais malchance pour les États-Unis, son allié est déjà pratiquement à sa capacité maximale de production et doit honorer
ses anciens contrats, notamment avec les pays asiatiques.
Le Qatar invite à la retenue
Malgré ces sollicitations américaines, le Qatar a appelé à
la retenue. L’émir cheikh Tamim bin Hamad Al Thani s’est tout de même entretenu avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Doha a appelé "
toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à résoudre la crise par le dialogue et la diplomatie et à régler des différends internationaux par des moyens pacifiques". L’émirat a de surcroît demandé à Kiev de "
ne pas prendre de décisions qui pourraient provoquer une nouvelle escalade". Au fond, cette crise loin du Moyen-Orient apparaît "
comme une aubaine pour le Qatar, qui sera d’autant plus courtisé", estime Pierre Berthelot, chercheur associé à l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) et spécialiste du Moyen-Orient.
Le pays qui semble être le plus enclin à prendre position est la Turquie. Ankara entretient d’excellentes relations avec Kiev et n’a pas reconnu le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014.
"Erdogan est très pragmatique dans cette crise. La Turquie ne va pas apporter son soutien à l’indépendance des deux Républiques du Donbass, cela pourrait créer un précédent sur le dossier kurde. Donc il y a une logique interne évidente. Il y a d’une certaine manière une condamnation morale et politique, mais rien de plus", souligne-t-il au micro de Sputnik.
En effet, la condamnation turque n’a pas tardé. Dès le lendemain de la reconnaissance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk par Vladimir Poutine le 21 février, Ankara avait jugé cette décision "
inacceptable". La Turquie a de plus déjà vendu ses fameux drones TB2 à Kiev. Ces fleurons de l’industrie turque avaient par ailleurs commencé des vols de surveillance au-dessus du Donbass
dès l’automne dernier. Quatre d’entre eux ont été abattus par les forces russes le 24 février.
Des drones turcs en Ukraine
Mais Kiev attend encore plus d’Ankara. En effet, l’ambassadeur ukrainien en Turquie, Vadily Bodnar, a demandé la fermeture des détroits du Bosphore et des Dardanelles
aux navires de guerre russes. "
Une proposition impensable pour la Turquie", estime le chercheur. Dans ce partenariat stratégique avec l’Ukraine, Recep Tayyip Erdogan ne dépasse pas une certaine limite. Et pour cause:
"Ankara ne va pas se mettre à dos Moscou pour les beaux yeux de Kiev. Quels seraient ses gains économiques?" se demande Pierre Berthelot
Ankara se souvient des répercussions économiques sur la Turquie, lors des tensions russo-turques après la destruction d’un bombardier russe en 2015. Des mesures qui avaient eu un lourd impact, notamment sur le secteur agricole et touristique. Et de surcroît, "
il faut rappeler qu’en 2014, Ankara avait profité de la crise du gaz en Ukraine", ajoute-t-il. En effet, au lendemain de la crise ukrainienne de 2014, la Russie avait cherché à
contourner le territoire ukrainien pour approvisionner l’Europe en gaz. Depuis lors, la Russie a mis en place le Turkish Stream et Ankara est ainsi devenu un pays transit pour l’or bleu russe.
Une aubaine pour les pays producteurs de pétrole
Une situation plus ou moins similaire pour Israël. Le pays est en effet dans une situation délicate compte tenu de ses liens avec Kiev, Moscou et Washington. "
Tel-Aviv est l’allié incontournable des États-Unis, mais il ne se brouillera pas avec la Russie", précise Pierre Berthelot. Il en va de la stabilité en Syrie. En 2018, pour éviter une escalade militaire entre les milices iraniennes et Tsahal, Moscou avait persuadé Téhéran de tenir ses forces à plus de 85
kilomètres du Golan. La neutralité est donc également de mise pour l’État hébreu.
Qu’en est-il des autres acteurs régionaux?
"Depuis plusieurs années, il y a une méfiance croissante vis-à-vis de Washington. Les principaux alliés des États-Unis, à l’instar de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, doutent de leur partenariat avec Washington. Ils sont plus ouverts à l’influence russe. Dans cette crise, ça ne dépassera pas le communiqué qui appelle à la retenue", estime le chercheur.
L’Égypte entretient de bonnes relations avec la Russie. Outre le secteur militaire, Moscou et Le Caire coopèrent dans le domaine du nucléaire civil, de l’agriculture et du tourisme. Pour ce qui est de l’Arabie saoudite, les liens avec Moscou sont plus récents. Le voyage historique du roi Salmane en 2017 dans la capitale russe avait rapproché les deux pays. Malgré les brouilles passagères sur les prix du pétrole, "ils n’ont pas intérêt à prendre parti, ça serait contre-productif", juge Pierre Berthelot, surtout "qu’avec la crise ukrainienne, le prix du baril avoisine les 100 dollars, donc une aubaine à court terme pour les pays producteurs".