- Sputnik Afrique, 1920
Crise ukrainienne 2021
Les tensions sont montées entre la Russie et l'Ukraine fin 2021 sur fond de mouvements d’unités militaires dans le sud de la Russie.

Donbass: dans leur obsession de sanctionner la Russie, les Américains sacrifieront-ils l’Ukraine?

© AFP 2023 Sergei GAPON / AFPDéfilé de blindés à Kiev, à l'occasion des célébrations du jour de l'indépendance, 24 août 2021.
Défilé de blindés à Kiev, à l'occasion des célébrations du jour de l'indépendance, 24 août 2021. - Sputnik Afrique, 1920, 18.02.2022
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La tension est à son comble dans le Donbass, après l’annonce par les dirigeants des républiques autoproclamées de l’évacuation des civils vers la Russie. L’Ukraine s’apprête-t-elle à franchir la ligne rouge? Réaction à chaud.
Voilà qui ne va pas manquer de raviver les fantasmes de l’invasion russe. Ce 18 février, un nouveau cran a été franchi dans l’escalade à l’est de l’Ukraine. Alors que les accrochages redoublent sur la ligne de démarcation, les dirigeants des deux républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk ont ordonné l’évacuation des civils vers la Russie voisine. Une première en huit ans de conflit.
Sur la scène diplomatique, en revanche, rien ne change. Ukrainiens et régions rebelles s’incriminent mutuellement de violer le cessez-le-feu et les Occidentaux accusent la Russie d’ourdir une "invasion" de son voisin. Depuis Bruxelles, s’il appelle à la "désescalade", Emmanuel Macron estime que "la pression militaire russe ne faiblit pas". Certaines chancelleries occidentales, comme Amsterdam, se vantent d’accorder une nouvelle aumône d’armes (100 fusils de précision et des gilets pare-balles) à l’Ukraine.

Attaquer Donetsk et Lougansk, "cela serait de la folie!"

Du côté de Vladimir Poutine, la ligne reste aussi la même. Lors d’une conférence de presse où il regrette "l’aggravation de la situation dans le Donbass", le Président russe enjoint Kiev à ouvrir un canal diplomatique avec le Donbass conformément aux accords de Minsk II. Quant à Kiev, on dément toute velléité d’offensive. "L’Ukraine renforce sa défense et ne planifie pas de reprendre le Donbass ou la Crimée par la force", assure le ministre ukrainien de la Défense.
Assistons-nous ce vendredi à l’ultime provocation ukrainienne? Les autorités de Donetsk et Lougansk en rajoutent-elles? La situation reste particulièrement incertaine…

"Préparer les cars est un geste fort, qui ne se fait pas sur un coup de tête", confie à Sputnik Nikola Mirkovic. "Même au plus fort des bombardements ukrainiens sur le nord du Donbass, ils n’avaient pas ainsi évacué les civils", relate le président de l’ONG Ouest-Est qui était présent en 2014 pour venir en aide aux populations dans le Donbass.

Il tient à se montrer prudent, tant une initiative armée des Ukrainiens lui apparaît inconsidérée. Marcher sur ces régions peuplées de russophones, "cela serait de la folie", assure-t-il, rappelant que la Russie s’était dite prête à riposter, Moscou qualifiant la situation dans le Donbass de "génocide" de la part de Kiev. L’Onu le 30 juin 2021 avait en effet évoqué 13.400 morts. "C’est une possibilité suicidaire pour l’Ukraine. Elle perdrait du territoire et on ne sait pas jusqu’où cette guerre irait", insiste notre intervenant.

Les Américains "passent pour des billes"

Pour autant, un tel enchaînement irait justement dans le sens espéré par Washington: avoir enfin un prétexte pour sanctionner lourdement la Russie.
Nikola Mirkovic n’exclut ainsi pas un éventuel forcing américain pour provoquer les Russes. Notre intervenant souligne "la frustration" de ces Américains qui "passent pour des billes", à force de crier au loup contre l’imminence d’une invasion russe de l’Ukraine.

"Si les Russes rentrent, cela va être violent et les Américains auront atteint leur objectif: appliquer des sanctions car ils pourront dire que les Russes ont envahi l’Ukraine", ajoute-t-il.

Auquel cas, il serait avéré que "les Américains sacrifient l’Ukraine pour pouvoir appliquer des sanctions massives contre la Russie".
À cela s’ajoutent les incohérences dans les messages envoyés par l’Ukraine. "Il y a trop de déclarations qui émanent de Kiev et qui se contredisent", estime Nicolas Mirkovic. Un fait générateur de troubles et d’inquiétudes. Les récents bombardements sont ainsi en opposition totale avec la posture actuelle de Volodymyr Zelensky. En effet, celui a lui-même demandé aux Occidentaux de lui "fournir des preuves" que la Russie s’apprêtait à attaquer son pays. Début novembre, le ministère ukrainien de la Défense prenait le contrepied des déclarations alarmistes américaines quant aux mouvements de troupes russes à proximité de la frontière ukrainienne. Fin janvier, le Président ukrainien appelait les Occidentaux à ne pas semer la "panique" autour des tensions avec la Russie. Reste à savoir si Zelensky a la main sur tous les éléments de son armée.
Quelle issue? Si Nikola Mirkovic juge qu’il y a bien peu à attendre d’Emmanuel Macron sur un tel dossier, il pourrait pourtant s’agir d’une opportunité en or pour le Président français de s’illustrer. Comme par exemple en assumant son statut de membre du Conseil de sécurité des Nations unies ou en faisant jouer à dessin sa présidence du Conseil de l’UE. Du moins, dans l’optique de proposer de réelles solutions en faveur d’une désescalade.

"S’il était malin, il ferait cela: en plus d’endosser le rôle de chef de l’Europe, il endosserait celui de pompier!", tacle le responsable associatif.

Après tout, la France n’est-elle pas censée être la garante des accords de Minsk II?
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