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CMA-CGM va gérer une partie du port de Beyrouth, la France sauve la face au Liban
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Paris décroche l’appel d’offres pour la gestion du terminal du port de Beyrouth, un contrat qui relancera les importations du Liban. Cet accord va de surcroît... 18.02.2022, Sputnik Afrique
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La France n’a pas dit son dernier mot au Liban. Alors même que l’enquête sur la terrible explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 –qui a dévasté des quartiers entiers de la capitale et fait plus de 200 morts et 6.500 blessés– patine, plusieurs pays étaient en lice pour reconstruire les infrastructures portuaires. Les Russes, les Chinois, les Turcs, les Allemands et même les Émiratis étaient dans les starting-blocks. Mais l’appel d’offres a finalement été remporté par la société française CMA-CGM.Le transporteur maritime, dirigé par le Franco-Libanais Rodolphe Saadé, a obtenu une concession de dix ans pour la gestion, l’exploitation et la maintenance du terminal à conteneurs du port à compter de mars 2022, ont annoncé les autorités libanaises ce jeudi 17 février. La compagnie a précisé vouloir investir 33 millions de dollars (environ 29 millions d’euros) pour remettre à niveau et numériser les équipements du terminal, dont 19 millions durant les deux premières années, avec l’objectif d’atteindre un volume annuel de 1,4 million de conteneurs équivalent 20 pieds (EVP).Cette partie du port, qui sera modernisée par la compagnie française, avait été relativement épargnée par l’explosion. Le terminal compte à ce jour 16 grues géantes qui représentent environ 85% du trafic du port de Beyrouth, selon le ministère des Travaux publics et des Transports.80% des importations libanaises passent par le port"Ce n’est pas surprenant", nous annonce Michel Fayad, analyste politique libanais, avant de préciser que "Rodolphe Saadé faisait partie de l’équipe qui a accompagné Emmanuel Macron lors de son premier voyage au lendemain de l’explosion du port". Ceci expliquerait donc cela. À en croire le nouveau livre de Georges Malbrunot et Christian Chesnot, Le déclassement françaisaux Éditions Michel Lafont, si le Président français n’abordait pas la question des armes du Hezbollah, le parti chiite ne s’opposerait pas à la reconstruction du port par une société française. Chose promise, chose due.Outre les origines libanaises du patron de CMA-CGM, dès le lendemain de la terrible explosion du port, la compagnie française a décidé d’initier une opération de solidarité en mettant à disposition, à titre gracieux, un navire pour acheminer des biens et produits d’urgence. Plus de 2.500 tonnes d’aide humanitaire ont pu être livrées grâce au vaisseau Aknoul. De surcroît, CMA-CGM connaît bien le marché moyen-oriental. Elle est déjà implantée en Arabie saoudite, en Irak, aux Émirats, à Oman, à Bahreïn, en Jordanie et au Qatar.Mais indépendamment de la réussite de l’entreprise française, c’est une bouffée d’air pour le Liban en crise. "Ces travaux, cette modernisation vont permettre l’importation de marchandises, ça va relancer un peu l’économie", résume le consultant. En 2019, les importations atteignaient un montant de près de 19 milliards de dollars, selon les douanes libanaises. Les exportations, quant à elles, représentaient moins de 4 milliards de dollars de marchandises. Pas moins de 80% des importations du pays passaient par le port. D’ailleurs, d’après le ministre libanais des Travaux publics et des Transports Ali Hamié, le contrat va apporter "des dizaines de millions de dollars" chaque année.Macron sauvé par le gongL’infrastructure portuaire de Beyrouth a toujours été d’une importance stratégique depuis sa construction au XIXe siècle. Le territoire libanais était de fait perçu comme l’ouverture vers les marchés arabes jordaniens, syriens, irakiens et même ceux du Golfe. Jusqu’à la guerre civile syrienne, sa place était primordiale dans le commerce régional pour l’acheminement des produits européens. Le port israélien de Haïfa a depuis joué les premiers rôles. "Ce contrat peut permettre à la France de ne pas perdre totalement la main au Moyen-Orient", estime Michel Fayad.En effet, depuis l’explosion du port de Beyrouth, Paris s’est montré actif sur ce dossier mais sans réel résultat. Initialement bienveillante, la diplomatie française était au chevet du Liban avec plusieurs conférences pour apporter une aide humanitaire. Mais Emmanuel Macron s’est pris les pieds dans le tapis. En déplacement à deux reprises au pays du Cèdre, il a sermonné la classe politique locale pour son immobilisme avec un ton quelque peu paternaliste. Face aux vieux briscards libanais, les propos du locataire de l’Élysée ont fait pschitt. L’initiative française, une sorte de feuille de route des réformes politico-économiques, était mort-née.Dès lors, Paris a changé la forme de son approche. La France s’est voulue plus ferme, quitte à faire planer la menace de sanctions sur certains dirigeants. Face à l’échec patent de la politique étrangère française et au marasme économique du pays du Cèdre, cet accord sur la gestion du terminal du port tombe plus que jamais à pic pour les deux États.((texte))À deux mois de l’élection présidentielle, ce contrat ne pouvait pas mieux tomber pour le Président pas encore candidat.
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CMA-CGM va gérer une partie du port de Beyrouth, la France sauve la face au Liban
17:49 18.02.2022 (Mis à jour: 22:24 08.04.2023) Paris décroche l’appel d’offres pour la gestion du terminal du port de Beyrouth, un contrat qui relancera les importations du Liban. Cet accord va de surcroît permettre à Emmanuel Macron d’obtenir enfin son premier succès sur le dossier libanais.
La France n’a pas dit son dernier mot au Liban. Alors même que l’enquête sur la terrible explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 –qui a dévasté des quartiers entiers de la capitale et fait plus de 200 morts et 6.500 blessés– patine, plusieurs pays étaient en lice pour reconstruire les infrastructures portuaires. Les Russes, les Chinois, les Turcs, les Allemands et même les Émiratis étaient dans les starting-blocks. Mais l’appel d’offres a finalement été remporté par
la société française CMA-CGM.
Le transporteur maritime, dirigé par le Franco-Libanais Rodolphe Saadé, a obtenu une concession de dix ans pour la gestion, l’exploitation et la maintenance du terminal à conteneurs du port à compter de mars 2022, ont annoncé les autorités libanaises ce jeudi 17 février. La compagnie a précisé vouloir investir 33 millions de dollars (environ 29 millions d’euros) pour remettre à niveau et numériser les équipements du terminal, dont 19 millions durant les deux premières années, avec l’objectif d’atteindre un volume annuel de 1,4 million de conteneurs équivalent 20 pieds (EVP).
"Conformément à nos engagements envers le Liban, nous lancerons rapidement un plan d’investissement ambitieux pour transformer le terminal à conteneurs du port de Beyrouth en un terminal performant et conforme aux meilleurs standards internationaux. Cette station sera au service des Libanais car elle contribuera au redéveloppement des échanges économiques entre le Liban et le reste du monde", a déclaré le patron du fleuron du transport maritime français
Cette partie du port, qui sera modernisée par la compagnie française, avait été relativement épargnée par l’explosion. Le terminal compte à ce jour 16 grues géantes qui représentent environ 85% du trafic du port de Beyrouth, selon le ministère des Travaux publics et des Transports.
80% des importations libanaises passent par le port
"Ce n’est pas surprenant", nous annonce Michel Fayad, analyste politique libanais, avant de préciser que "Rodolphe Saadé faisait partie de l’équipe qui a accompagné Emmanuel Macron lors de son premier voyage au lendemain de l’explosion du port". Ceci expliquerait donc cela. À en croire le nouveau livre de Georges Malbrunot et Christian Chesnot, Le déclassement françaisaux Éditions Michel Lafont, si le Président français n’abordait pas la question des armes du Hezbollah, le parti chiite ne s’opposerait pas à la reconstruction du port par une société française. Chose promise, chose due.
"C’est une victoire de la France mais c’est surtout une bonne chose pour les Libanais. Les Russes avaient déjà le port de Tartous, les Chinois celui de Haïfa et les Turcs sont aussi présents dans la zone. Les terminaux de conteneurs dans la région sont appelés à être concurrentiels. Et puis, c’est logique que la société CMA-CGM remporte l’appel d’offres", souligne Michel Fayad au micro de Sputnik.
Outre les origines libanaises du patron de CMA-CGM, dès le lendemain de la terrible explosion du port, la compagnie française a décidé d’initier une opération de solidarité en mettant à disposition, à titre gracieux, un navire pour acheminer des biens et produits d’urgence. Plus de
2.500 tonnes d’aide humanitaire ont pu être livrées grâce au vaisseau Aknoul. De surcroît, CMA-CGM connaît bien le marché moyen-oriental. Elle est déjà implantée en Arabie saoudite, en Irak, aux Émirats, à Oman, à Bahreïn, en Jordanie et au Qatar.
Mais indépendamment de la réussite de l’entreprise française, c’est une bouffée d’air pour le Liban en crise. "
Ces travaux, cette modernisation vont permettre l’importation de marchandises, ça va relancer un peu l’économie", résume le consultant. En 2019, les importations atteignaient un montant de près de 19 milliards de dollars,
selon les douanes libanaises. Les exportations, quant à elles, représentaient moins de 4 milliards de dollars de marchandises. Pas moins de 80% des importations du pays passaient par le port. D’ailleurs, d’après le ministre libanais des Travaux publics et des Transports Ali Hamié, le contrat va apporter "
des dizaines de millions de dollars" chaque année.
L’infrastructure portuaire de Beyrouth a toujours été d’une importance stratégique depuis sa construction au XIX
e siècle. Le territoire libanais était de fait perçu comme l’ouverture vers les marchés arabes jordaniens, syriens, irakiens et même ceux du Golfe. Jusqu’à la guerre civile syrienne, sa place était primordiale dans le commerce régional pour l’acheminement des produits européens.
Le port israélien de Haïfa a depuis joué les premiers rôles. "
Ce contrat peut permettre à la France de ne pas perdre totalement la main au Moyen-Orient", estime Michel Fayad.
En effet, depuis l’explosion du port de Beyrouth, Paris s’est montré actif sur ce dossier mais sans réel résultat. Initialement bienveillante, la diplomatie française était au chevet du Liban avec plusieurs conférences pour apporter une aide humanitaire. Mais Emmanuel Macron s’est pris les pieds dans le tapis. En déplacement à deux reprises au pays du Cèdre, il a sermonné la classe politique locale pour son immobilisme avec un ton quelque peu paternaliste. Face aux vieux briscards libanais, les propos du locataire de l’Élysée ont fait pschitt.
L’initiative française, une sorte de feuille de route des réformes politico-économiques, était mort-née.
Dès lors, Paris a changé la forme de son approche. La France s’est voulue plus ferme, quitte à faire planer la menace de sanctions sur certains dirigeants. Face à l’échec patent de la politique étrangère française et au marasme économique du pays du Cèdre, cet accord sur la gestion du terminal du port tombe plus que jamais à pic pour les deux États.
"C’est indubitablement un accord gagnant-gagnant. Avec ce succès de CMA-CGM, Macron pourra en tirer profit pour compenser son bilan mitigé au Liban", souligne Michel Fayad.
À deux mois de l’élection présidentielle, ce contrat ne pouvait pas mieux tomber pour le Président pas encore candidat.