"Le Réveillon haram": la polémique qui revient chaque fin d’année en Algérie

Lumières, Noël - Sputnik Afrique, 1920, 31.12.2021
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Achat de la bûche de Noël et célébration du Réveillon, deux sujets polémiques qui reviennent chaque fin d’année en Algérie. Sur les réseaux sociaux, des religieux gardiens autoproclamés de la morale publique affirment que la célébration de ces fêtes est "haram", péché. Des directives auxquelles de nombreux Algériens ne prêtent aucune attention.
Ce mois de décembre 2021 est marqué par une campagne de dénonciation de la célébration des fêtes de fin d’année. Rien de réellement extraordinaire puisque cette polémique revient régulièrement depuis au moins le début des années 1980. Elle est apparue avec la montée en puissance de l’islamisme. Cette fois-ci, un imam s’exprimant en berbère a posté une vidéo sur les réseaux sociaux pour expliquer que manger de la bûche est une tradition païenne qui a été reprise par les chrétiens. Pour lui, acheter cette pâtisserie est donc "haram", illicite au regard de la religion.

Les huîtres illicites

Nassim, propriétaire d’un restaurant sur les hauteurs d’Alger, a constaté que la question du haram est plus que jamais ancrée au sein de la société algérienne. Il cite l’exemple d’un garçon-boucher qui a rabroué une dame qui lui avait souhaité une bonne année. "Il lui a dit que de tels vœux sont une bidʻah [une hérésie] et donc que c’est un péché qui conduit en enfer".
"Nous en sommes encore à entendre des absurdités alors que les gens ne demandent qu’à passer du bon temps avec leurs proches. Il y a une montée de l’islamisme et nous la ressentons durant cette période", explique-t-il.
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Nassim avoue ne pas être confronté à ce genre de comportement dans son milieu professionnel. "Je sers de l’alcool dans mon établissement donc je n’ai pas de problèmes avec des bigots. Ma clientèle vient se restaurer toute l’année et nous organisons un programme spécial pour la nuit du Réveillon". Il indique cependant que d’autres commerçants peuvent être confrontés à des situations plus complexes, notamment les pâtissiers dans les quartiers populaires qui proposent des bûches de Noël. Nassim cite un cas encore plus étrange:
"L’an dernier, un poissonnier de la ville de Boumerdes [à 50 kilomètres à l’est d’Alger, ndlr] a refusé de vendre durant la période de fin d’année des huîtres, des moules et des coquilles Saint-Jacques car il considère que ceux qui achètent ces produits les cuisinent pour les fêtes", explique le restaurateur.
Pourtant de nombreux professionnels font de la résistance et proposent une large gamme de produits. Il suffit d’aller sur les réseaux sociaux algériens pour voir que les "bûches de l’enfer" ont beaucoup de succès.
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