Berlin jure que la suspension de l’autorisation du Nord Stream 2 est "apolitique", Moscou sceptique

© Sputnik . Alexeï VitvitskiUn panneau d'information du gazoduc Nord Stream 2 à Lubmin, en Allemagne
Un panneau d'information du gazoduc Nord Stream 2 à Lubmin, en Allemagne - Sputnik Afrique, 1920, 17.12.2021
S'abonner
Le chancelier allemand Olaf Scholz assure que la suspension de l’autorisation du Nord Stream 2, attendue désormais pour le second semestre 2022, est apolitique. Ce alors que l’Ukraine appelle l’Europe à utiliser le gazoduc comme instrument de pression contre la Russie. Moscou n’y voit au contraire que des motivations politiques.
Tandis que l’Ukraine a appelé l’Allemagne à utiliser le Nord Stream 2 comme un "instrument juste" pour parler à la Russie, le chancelier allemand Olaf Scholz a assuréque le processus d’autorisation du gazoduc était complètement "apolitique". Cette déclaration a été faite lors d’une conférence de presse avec Emmanuel Macron à l’issue du sommet de Bruxelles qui a eu lieu le 16 décembre.
"En ce qui concerne le Nord Stream 2, il s’agit d’un projet du secteur privé", a souligné M.Scholz. Une institution allemande tranche la question "sans politisation", a-t-il souligné. Il s’agit de l’Agence fédérale des réseaux, habilitée à délivrer une autorisation au pipeline russe.
Cependant, le gouvernement allemand se sent particulièrement responsable pour veiller à ce que l'Ukraine reste un pays de transit pour le gaz russe à l'avenir.

Sa mise en service reportée

Le jour même, le président de l’Agence fédérale des réseaux a déclaré que la mise en service du gazoduc ne serait probablement pas attendue avant le second semestre 2022.
"Il ne devrait pas y avoir de décision au premier semestre", a déclaré Jochen Homann, cité par les médias allemands.
Ce retard découle de la suspension de sa certification, dont la finalisation était initialement prévue pour début janvier 2022. Le régulateur allemand avait demandé en novembre à la compagnie Nord Stream AG, basée en Suisse, d’instaurer une filiale allemande pour se conformer aux normes juridiques du pays.
Une telle filiale doit acquérir les droits de propriété et exercer les fonctions d’opérateur de la partie allemande du pipeline. La société aura ensuite à procéder à un nouveau dépôt de documents pour relancer le processus de certification, expliquait le régulateur.
"Dès que nous recevrons les documents, la période d'inspection recommencera", a ajouté M.Homann. La Commission européenne prendra ensuite le relais.
L’impossibilité d’autoriser le gazoduc en l’état a été pointée par Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, quelques jours après l’alternance du pouvoir en Allemagne. L’obligation du projet de répondre à toutes les normes juridiques européennes est en cause, a-t-elle souligné.

Soutien à l’Ukraine et pression américaine

Dans le même temps, la chef de la diplomatie allemande a rappelé les accords entre Angela Merkel et Joe Biden, prévoyant la possibilité de nouvelles sanctions contre le Nord Stream 2 en cas d’hostilités envers Kiev de la part de Moscou. Alors qu’Angela Merkel a toujours cédé à la pression des États-Unis sur cette question, le nouveau gouvernement allemand semble ainsi avoir une autre position.
Fermement opposé au projet, Washington a imposé en 2019 des sanctions contre les entreprises associées à la construction du gazoduc. Malgré les nombreuses tentatives des Démocrates et des Républicains d’entraver la mise en place du Nord Stream 2, Joe Biden a décidé au printemps 2021 qu’il n’imposerait pas de restriction contre son opérateur, arguant entre autres de la nécessité de bonnes relations entre les États-Unis et l'Allemagne.
En outre, il était inutile de le bloquer alors qu’il était presque achevé. Fin novembre, Washington a cependant annoncé de nouvelles sanctions symboliques contre certains acteurs du projet.
Toujours lors du sommet de Bruxelles, le Président ukrainien a qualifié le Nord Stream 2 d’instrument "juste" et "très important", dont les dirigeants européens disposent, pour discuter avec la Russie, particulièrement des accords de Minsk sur le Donbass.
Sans nommer le gazoduc, les pays de l’UE et de l’Otan ont toutefois manifesté lors du sommet leur détermination à soutenir Kiev, qui affirme pour une énième fois être menacé par Moscou.
"Notre stratégie repose sur une approche multiple: dissuasion, reprise du dialogue et soutien à l'Ukraine", a expliqué Emmanuel Macron lors de la conférence de presse mentionnée précédemment.
Évoquant le partenariat avec Kiev, le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, a rappelé "le droit de l'Otan à protéger et à défendre tous ses membres" et a assuré ne faire "aucun compromis sur le droit de l'Ukraine à choisir sa propre voie".

Réaction de Moscou

Ces propos du chancelier allemand ont été démentis par Vladimir Tchizhov, représentant permanent de la Russie auprès de l’UE. Le report de l’approbation du gazoduc est une décision politiquement motivée, a-t-il assuré le 16 décembre aux médias russes. Selon lui, les intérêts de l’Occident, et ceux de l’Allemagne même, y jouent leurs rôles.
Ces discours ont été prononcés au plus fort des tensions entre la Russie et l’Otan, dont des avions ont à de nombreuses reprises frôlé les frontières russes en mer Noire ces dernières semaines. En novembre, Vladimir Poutine a dénoncé le fait que l’Alliance ne cesse de franchir les lignes rouges à l’égard de Moscou, accusé pour sa part de préparer une invasion de l’Ukraine. Des rumeurs qui ont été continuellement démenties.
La construction du gazoduc a été achevée le 10 septembre. Le remplissage de la première conduite a été terminé le 18 octobre, alors que la deuxième a commencé à recevoir du gaz ce 17 décembre. Auparavant, Vladimir Poutine avait déclaré que le gazoduc était prêt au lancement à tout moment et avait assuré la disposition de la Russie à livrer du gaz à l’Europe sans interruption.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала