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"Déclaration de guerre économique" contre la France? Les propos de Berlin font mouche
"Déclaration de guerre économique" contre la France? Les propos de Berlin font mouche
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Les Allemands sont-ils les principaux ennemis de la construction européenne? Pour Fabien Bouglé, la réponse est claire: si Berlin s’entête à vouloir torpiller... 15.12.2021, Sputnik Afrique
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Fabien Bouglé, auteur de Nucléaire, les vérités cachées (Éd. du Rocher, 2021) n’est pas surpris par l’attitude du nouveau gouvernement outre-Rhin. Face à Jean-Yves le Drian, celle qui dirige la diplomatie allemande n’a en pas arrondi les angles."L'Allemagne s'opposera aux efforts de la France pour classifier l'électricité nucléaire comme énergie verte", a déclaré, selon RT, le 9 décembre, Annalena Baerbock. Une sortie peu diplomatique rapportée. Surtout lors d’une première visite officielle accordée à Paris! "Maintenant, on peut dire que les choses sont claires", en déduit l’essayiste.L’Allemagne persiste et signe. En 2011, elle avait programmé la mort de l’atome sur son territoire. Désormais, elle entend bien que les autres États membres de l’UE en fassent de même. Que cela leur plaise ou non. Berlin espère voir cette ligne dure validée par le biais de la "Taxonomie verte européenne". Une nomenclature communautaire qui définira l’alpha et l’oméga des investissements dans les activités économiques pour les décennies à venir.Étiquette "verte": sésame de la survie économiqueLes enjeux économiques et sociaux sont colossaux. Il s’agit de définir une liste des énergies éligibles aux fonds européens. Cette classification en devenir ambitionne bien d’orienter l’ensemble des investissements tant publics que privés. Et ce, dans toutes les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité. En effet, cette "boussole environnementale" devrait partiellement s’appliquer dès cette fin d’année. Elle imposera aux entreprises de publier leur bilan carbone. Au même titre que leur bilan financier par exemple!Ainsi, une banque qui investit dans des entreprises dont les activités sont émettrices de CO2 ou dont les serveurs informatiques sont alimentés par une électricité issue d’une énergie estampillée "non verte" pourrait se voir dépréciée aux yeux des potentiels investisseurs. On comprend donc, dans un pays comme la France où 70% de l’électricité est d’origine nucléaire, que voir l’atome figurer parmi les "énergies vertes" est capital.Dans la mesure où le nucléaire est de très loin la source de production d’électricité la moins émettrice de CO2, cela semble gagné d’avance. En effet, selon l’ADEME (l’agence française de la transition écologique), une centrale nucléaire rejette 6 grammes (d’équivalent) CO2 par kilowattheure produit. C’est 70 fois moins qu’une centrale à gaz, 120 fois moins qu’une centrale au fioul et près de 180 fois moins qu’une centrale au charbon.Exclusion du nucléaire: l’Allemagne droite dans ses bottesMais aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est le nucléaire que Berlin entend éliminer au nom de la lutte contre le réchauffement climatique… Le tout au profit du gaz que l’Allemagne importe massivement de Russie, de Norvège et des Pays-Bas."Cela commence à bien faire! L’Allemagne outrepasse son rôle et n’a aucune leçon à donner à la France!" s’emporte Fabien Bouglé. D’autant plus que nos chers voisins d’outre-Rhin ont troqué le casque à pointe contre "le bonnet d’âne" en matière d’émissions de gaz à effet de serre.Allusion aux quatre alliés que l’Allemagne s’est trouvés, l’Autriche, le Danemark, le Luxembourg et l’Espagne, afin de tenir le nucléaire à l’écart de la finance verte. Lorsque, en avril, l’organe scientifique interne de Bruxelles (le Centre de recherche commun) n’a émis aucune objection à qualifier le nucléaire d’énergie verte, les ministres de l’Écologie de ces cinq pays se sont insurgés directement auprès de la Commission européenne. À leurs yeux, inclure le nucléaire dans la taxonomie pourrait "endommage[r] de manière permanente son intégrité, sa crédibilité, et donc son utilité."Mais plus encore, aux yeux de l’essayiste, cette volonté allemande de mener à la schlague ses partenaires sape la construction européenne elle-même. "L’Allemagne joue avec le feu!" prévient-il, rappelant les deux traités fondateurs de l’UE, signés à Rome le 25 mars 1957: celui de la Communauté économique européenne (CEE) et celui de la Communauté économique de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom). "L’atome est indissociable de l’esprit fondateur de l’Union. Par son action liée à la taxonomie, l’Allemagne est en train de remettre en cause l’UE", insiste notre interlocuteur.En cas d’exclusion du nucléaire des énergies vertes, Fabien Bouglé prédit une "implosion" de l’UE, une scission des États-membres en deux blocs.Du côté des partisans du nucléaire, on s’affaire. Le 13 décembre, depuis Budapest, Emmanuel Macron et Viktor Orban se sont ainsi entendus sur le besoin de la reconnaissance du nucléaire par Bruxelles comme énergie "verte". Réponse du berger à la bergère? "On ne peut pas y voir le fruit d’un simple hasard", abonde Fabien Bouglé. Plus au nord, en Pologne, Paris croise le fer avec l’Administration Biden pour tenter de vendre quatre EPR à Varsovie.Bref, les réacteurs nucléaires pourraient pousser le long de la frontière est-allemande, une perspective qui fait enrager l’establishment berlinois. Depuis le Bundestag, où ils ont déjà obtenu la fermeture de Fessenheim en France, les élus écologistes allemands multiplient les invectives à l’encontre de leurs voisins polonais.À Bruxelles, les choses s’accélèrent. Selon Euractiv, Ursula von Der Leyen aurait repris personnellement le dossier en main. Cela "témoigne de l’intensité de la controverse qui entoure la classification potentielle du nucléaire et du gaz en tant que source d’énergie "verte" ou "transitoire"" avance le site d’actualités européennes. Selon les infos de ce média, une première mouture de la taxonomie pourrait être présentée dès ce vendredi devant la Commission.Cette soudaine accélération du dossier à Bruxelles survient après une longue pause liée aux élections allemandes. Elle a de quoi surprendre à la veille de la présidence française du Conseil de l’UE.
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allemagne, france, union européenne (ue), jean-yves le drian, ursula von der leyen, nucléaire, emmanuel macron, centrale nucléaire, souveraineté, europe
"Déclaration de guerre économique" contre la France? Les propos de Berlin font mouche
19:09 15.12.2021 (Mis à jour: 18:19 10.01.2022) Les Allemands sont-ils les principaux ennemis de la construction européenne? Pour Fabien Bouglé, la réponse est claire: si Berlin s’entête à vouloir torpiller l’atome dans l’UE, cette dernière implosera. Retour sur un pilier fondateur de l’Union.
"C’est à se demander s’ils ne souhaitent pas la destruction de l’Union européenne…"
Fabien Bouglé, auteur de Nucléaire, les vérités cachées (Éd. du Rocher, 2021) n’est pas surpris par l’attitude du nouveau gouvernement outre-Rhin. Face à Jean-Yves le Drian, celle qui dirige la diplomatie allemande n’a en pas arrondi les angles.
"
L'Allemagne s'opposera aux efforts de la France pour classifier l'électricité nucléaire comme énergie verte", a déclaré, selon
RT, le 9 décembre, Annalena Baerbock. Une sortie peu diplomatique rapportée. Surtout lors d’une première visite officielle accordée à Paris! "
Maintenant, on peut dire que les choses sont claires", en déduit l’essayiste.
"La provocation de ce ministre allemand constitue une déclaration de guerre économique avec la France", réagit Fabien Bouglé auprès de Sputnik. "La première chose qu’elle vient dire en France est qu’on ne veut pas de votre nucléaire, alors qu’il s’agit de la troisième industrie française!"
L’Allemagne persiste et signe. En 2011, elle avait programmé la mort de l’atome sur son territoire. Désormais, elle entend bien que les autres États membres de l’UE en fassent de même. Que cela leur plaise ou non. Berlin espère voir cette ligne dure validée par le biais de la "Taxonomie verte européenne". Une nomenclature communautaire qui définira l’alpha et l’oméga des investissements dans les activités économiques pour les décennies à venir.
Étiquette "verte": sésame de la survie économique
Les enjeux économiques et sociaux sont colossaux. Il s’agit de définir une liste des énergies éligibles aux fonds européens. Cette classification en devenir ambitionne bien d’orienter l’ensemble des investissements tant publics que privés. Et ce, dans toutes les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité. En effet, cette "boussole environnementale" devrait partiellement s’appliquer dès cette fin d’année. Elle imposera aux entreprises de publier leur bilan carbone. Au même titre que leur bilan financier par exemple!
Ainsi, une banque qui investit dans des entreprises dont les activités sont émettrices de CO2 ou dont les serveurs informatiques sont alimentés par une électricité issue d’une énergie estampillée "non verte" pourrait se voir dépréciée aux yeux des potentiels investisseurs. On comprend donc, dans un pays comme la France où 70% de l’électricité est d’origine nucléaire, que voir l’atome figurer parmi les "énergies vertes" est capital.
Dans la mesure où le nucléaire est de très loin la source de production d’électricité la moins émettrice de CO2, cela semble gagné d’avance. En effet, selon l’ADEME (l’agence française de la transition écologique), une centrale nucléaire rejette 6 grammes (d’équivalent) CO2 par kilowattheure produit. C’est 70 fois moins qu’une centrale à gaz, 120 fois moins qu’une centrale au fioul et près de 180 fois moins qu’une centrale au charbon.
Exclusion du nucléaire: l’Allemagne droite dans ses bottes
Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est le nucléaire que Berlin entend éliminer au nom de la lutte contre le réchauffement climatique… Le tout au profit du gaz que l’Allemagne importe massivement de Russie, de Norvège et des Pays-Bas.
"Cela commence à bien faire! L’Allemagne outrepasse son rôle et n’a aucune leçon à donner à la France!" s’emporte Fabien Bouglé. D’autant plus que nos chers voisins d’outre-Rhin ont troqué le casque à pointe contre "le bonnet d’âne" en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
"Il y a quand même douze pays, dans l’UE, qui souhaitent le développement du nucléaire [...]. Ce n’est pas cinq pays qui vont empêcher les autres de développer leur nucléaire! Qui plus est dans un contexte de choc gazier, ou encore de chantage sur le gaz comme avec la Biélorussie sur le dossier des migrants."
Allusion aux quatre alliés que l’Allemagne s’est trouvés, l’Autriche, le Danemark, le Luxembourg et l’Espagne, afin de tenir le nucléaire à l’écart de la finance verte. Lorsque, en avril, l’organe scientifique interne de Bruxelles (le Centre de recherche commun) n’a émis aucune objection à qualifier le nucléaire d’énergie verte, les ministres de l’Écologie de ces cinq pays se sont insurgés directement auprès de la Commission européenne. À leurs yeux, inclure le nucléaire dans la taxonomie pourrait "endommage[r] de manière permanente son intégrité, sa crédibilité, et donc son utilité."
Mais plus encore, aux yeux de l’essayiste, cette volonté allemande de mener à la schlague ses partenaires sape la construction européenne elle-même. "L’Allemagne joue avec le feu!" prévient-il, rappelant les deux traités fondateurs de l’UE, signés à Rome le 25 mars 1957: celui de la Communauté économique européenne (CEE) et celui de la Communauté économique de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom). "L’atome est indissociable de l’esprit fondateur de l’Union. Par son action liée à la taxonomie, l’Allemagne est en train de remettre en cause l’UE", insiste notre interlocuteur.
"L’énergie atomique, l’industrie nucléaire, est consubstantielle à l’Union européenne. On ne peut pas dissocier la construction européenne de l’industrie nucléaire. Remettre en cause la place du nucléaire dans l’Union européenne, c’est tout simplement remettre en cause l’Union européenne elle-même. Être “nucléarophobe”, c’est être europhobe!" accuse Fabien Bouglé.
En cas d’exclusion du nucléaire des énergies vertes, Fabien Bouglé prédit une "implosion" de l’UE, une scission des États-membres en deux blocs.
Du côté des partisans du nucléaire, on s’affaire. Le 13 décembre, depuis Budapest, Emmanuel Macron et Viktor Orban se sont ainsi entendus sur le besoin de la reconnaissance du nucléaire par Bruxelles comme énergie "verte". Réponse du berger à la bergère? "On ne peut pas y voir le fruit d’un simple hasard", abonde Fabien Bouglé. Plus au nord, en Pologne, Paris croise le fer avec l’Administration Biden pour tenter de vendre quatre EPR à Varsovie.
Bref, les réacteurs nucléaires pourraient pousser le long de la frontière est-allemande, une perspective qui fait enrager l’establishment berlinois. Depuis le Bundestag, où ils ont déjà obtenu la fermeture de Fessenheim en France, les élus écologistes allemands multiplient les invectives à l’encontre de leurs voisins polonais.
À Bruxelles, les choses s’accélèrent. Selon
Euractiv, Ursula von Der Leyen aurait
repris personnellement le dossier en main. Cela "
témoigne de l’intensité de la controverse qui entoure la classification potentielle du nucléaire et du gaz en tant que source d’énergie "verte" ou "transitoire"" avance le site d’actualités européennes. Selon les infos de ce média, une première mouture de la taxonomie pourrait être présentée dès ce vendredi devant la Commission.
Cette soudaine accélération du dossier à Bruxelles survient après une longue pause liée aux élections allemandes. Elle a de quoi surprendre à la veille de la présidence française du Conseil de l’UE.