Le tronçon marocain du Gazoduc Maghreb-Europe de nouveau opérationnel?

© Sputnik . Alexeï Vitvitsky / Accéder à la base multimédiaRabat, Maroc
Rabat, Maroc - Sputnik Afrique, 1920, 06.12.2021
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Quelques semaines après la décision unilatérale de l’Algérie de ne pas reconduire le contrat d’approvisionnement en gaz transitant par le pipeline Maghreb-Europe (GME), ce dernier pourrait bien reprendre partiellement du service grâce à l’exploration par une société britannique du gisement de gaz découvert à Tendrara, à l’est du Maroc.
C’est désormais officiel, le tronçon marocain du Maghreb-Europe (GME) pourrait bien reprendre du service. C’est ce qui ressort d’un communiqué diffusé par la société britannique Sound Energy, laquelle détient la concession gazière de Tendrara, dans l’est du Maroc où elle envisage de construire une micro-usine de production de Gaz Naturel Liquéfié (GNL).
Spécialisée dans l’exploration de gaz et de pétrole, elle informe d’un accord conclu avec l’Office National d’Électricité (ONEE), pour produire et lui livrer jusqu’à 350 millions de mètres cubes de GNL par an, sur une durée de 10 ans.
Cet accord vient s’ajouter à celui signé en juillet 2021 entre la société britannique et le distributeur marocain privé Afriquia Gaz sur la vente de GNL. Il comprenait également un prêt garanti de 18 millions de dollars d’Afriquia Gaz à Sound Energy, et une participation de la société marocaine au capital de Sound Energy.
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Dans ce communiqué datant du 30 novembre, Sound Energy et ses partenaires se disent engagés à "produire, traiter, et livrer le gaz de la concession de Tendrara, conformément aux spécifications requises par l’ONEE, au Gazoduc Maghreb-Europe, reliant l’Algérie à l’Espagne et traversant le Maroc". En effet, ce tronçon, long de 540 km, devrait être utilisé afin de transporter le gaz marocain entre le site de production de Tendrara et les centrales d’Aïn Béni Mathar, à 86 km d’Oujda, et de Tahaddart, à 30 km au sud de Tanger, déjà reliés au GME. Des travaux seront néanmoins nécessaires pour y raccorder le site de Tendrara par un pipeline de 120 km.
Par ailleurs, selon un site d’information marocain, l’accord est encore soumis à plusieurs conditions: "L’octroi de toutes les autorisations et des permis nécessaires pour la construction des installations de gaz de la phase 2; l’approbation finale de la décision d’investissement prise (...) par les ministères marocains de la Transition énergétique et de l’Économie et des Finances; la conclusion (…) d’un accord d’interconnexion avec l’opérateur du pipeline GME et le raccordement de la concession de production de Tendrara au pipeline GME, au début des travaux, qui passera certainement par des terrains privés dont les propriétaires devront donner leur accord et être indemnisés".
Après toutes ces étapes qui devront être réalisées dans un délai de 90 jours, il faudra compter entre deux à trois ans pour que les centrales d’Aïn Béni Mathar et de Tahaddart, auparavant approvisionnées par le gaz algérien, commencent à produire de l’électricité avec le gaz de Sound Energy, informe une source anonyme proche de la société qui gère la centrale de Tahaddart: "Il y a des préparatifs à faire pour extraire le gaz, ce n’est pas quelque chose qui sera fonctionnel dans l’immédiat.".

L’autosuffisance sur le long terme

Cet accord devrait permettre au Maroc de franchir un pas de plus vers l’autosuffisance énergétique. La source anonyme interrogée par Sputnik reconnaît que les deux centrales étaient à l’arrêt depuis la fin d’approvisionnement en gaz algérien, mais qu’aucun impact sur l’approvisionnement du pays en électricité n’a été signalé, et ce, grâce notamment aux centrales de secours. Il ajoute que le volume qui transitait via le GME était "énorme", puisqu’il était destiné à l’Espagne et au Portugal, avec une part gardée par le Maroc de 7%. "Ces 7% délivrés à l’époque par le gaz algérien, sont équivalents au volume en gaz contenu à Tendrara, selon les études faites jusqu’à présent. Mais cela restera à confirmer lors de l’extraction".
Le projet de Sound Energy ne serait toutefois pas le seul en cours: "le Maroc dispose d’une importante infrastructure… (le GME, ndlr.)", et il compte bien en profiter, fait savoir la source. En effet, si la quantité qui sera utilisée par Sound Energy est petite par rapport aux capacités du pipeline, le royaume compterait recourir à plusieurs projets simultanés assure-t-elle, lesquels seraient en cours d’exploration. "Beaucoup de projets renouvelables sont en cours de développement, la demande augmente certes, mais ces projets, s’ils se concrétisent, seront vraiment suffisants pour couvrir les besoins en électricité".
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Pour rappel, l’Algérie avait décidé de ne pas reconduire le contrat du pipeline GME qui approvisionnait l’Espagne en gaz, en transitant par le Maroc. Arrivé à échéance le 31 octobre dernier, son arrêt n’a pas été sans conséquences pour le royaume et ses deux centrales alimentées en gaz, Aïn Béni Mathar et Tahaddart. L’Espagne aurait elle aussi déjà subi les premiers effets de la décision d’Alger de recourir au second pipeline, Medgaz, dont les capacités sont inférieures à celles du GME. Selon un site d’information espagnol en ligne, la péninsule ibérique aurait souffert d’une perturbation de 54 heures dans la fourniture en gaz, entre le lundi 29 et mercredi 1er décembre, et ce, malgré les garanties algériennes délivrées à Madrid.
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