Sahara occidental: la police marocaine accusée de viol contre des militantes indépendantistes

CC BY-SA 4.0 / Diego Delso / Sunset, Kruger National ParkCoucher de soleil dans le parc national Kruger, Afrique du Sud
Coucher de soleil dans le parc national Kruger, Afrique du Sud - Sputnik Afrique, 1920, 04.12.2021
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Des ONG internationales ont dénoncé les agressions sexuelles commises par des policiers marocains contre la militante sahraouie Sultana Khaya. Sa mère, âgée de 80 ans, et ses sœurs ont subi des violences similaires. La Commission nationale des droits de l'homme sahraouie dénonce "le silence complice" du Comité international de la Croix-Rouge.
Assignée à résidence depuis le 19 novembre 2020, la militante indépendantiste sahraouie Sultana Khaya a, une nouvelle fois, été victime d’une agression sexuelle. Des organisations non gouvernementales de protection des droits de l’homme ont annoncé que Sultana et des membres de sa famille ont été violées par des policiers marocains dans leur domicile situé à Boujdour, ville du Sahara occidental administrée de facto par le Maroc.

"Le 15 novembre, des membres des forces de sécurité marocaines ont fait irruption au domicile de Sultana Khaya, militante sahraouie qui défend le droit de la population sahraouie à l’autodétermination. Ils l’ont violée et ont agressé sexuellement ses sœurs et sa mère âgée de 80 ans. Ce n’est pas la première fois que les forces de sécurité marocaines infligent des actes de torture et d’autres mauvais traitements à Sultana Khaya et à sa famille, qui sont de fait assignées à résidence depuis novembre 2020", indique Amnesty International dans uncommuniqué rendu public le 1er décembre 2021.

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Indignation

De son côté, l’ONG Front Line Defenders a rapporté sur son site que, le 8 novembre, Sultana, sa mère et sa sœur avaient été agressées sexuellement par des membres des forces de l’ordre marocaines. "Les forces de sécurité marocaines ont agressé sexuellement et physiquement la défenseure des droits humains sahraouie Sultana Khaya et lui ont injecté de force un liquide inconnu alors qu’elle se trouvait chez elle", ajoute l’organisation irlandaise. Des faits rapportés également par la fondation Robert F. Kennedy Human Rights. En Algérie, des féministes regroupées au sein du Journal féministe algérien (JFA) ont appelé "les institutions locales et internationales à agir et à exiger l'accompagnement de la militante et de sa famille afin de poursuivre les agresseurs".
Abba Al Hassan Salek, le président de la Commission nationale des droits de l'homme sahraouie (CONASADAH), précise à Sputnik que Sultana Khaya ainsi que les membres de sa famille "sont en danger". Qu’est-ce qui explique l’acharnement présumé des autorités marocaines contre cette militante sahraouie? Pour Abba Al Hassan Salek, c’est "l’ensemble de son engagement et l’aura international dont elle jouit qui gêne les Marocains".

"Sultana est un symbole de la résistance pacifique. Elle a posé le drapeau sahraoui sur le toit de sa maison. Le Maroc voit d’un très mauvais œil le soutien international dont jouit Sultana Khaya, en sa qualité de femme, de présidente de la Ligue pour la défense des droits de l'homme et contre le pillage des ressources naturelles et de membre de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM). Sultana a reçu de nombreux prix pour son engagement et elle recevra le prix du gouvernement basque le 10 décembre prochain", note Abba Al Hassan Salek.

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Le président de la CONASADAH explique que, depuis une année, le quotidien de Sultana et de sa famille "est fait de violence et de privations". "Des citoyennes et des citoyens sahraouis sont séquestrés depuis le 19 novembre 2020 dans leur domicile. Leur maison est surveillée en permanence par des dizaines de policiers. On leur coupe régulièrement l’eau et l’électricité, ils n’ont pas accès aux médecins et ont interdit à toute personne de leur porter assistance", raconte-t-il.

"Sultana et les membres de sa famille vivent une situation très dangereuse. Leur seul tort est de revendiquer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Ce qui est désolant, c’est le silence intrigant du Comité international de la Croix-Rouge qui est chargé, dans le cadre du droit humanitaire, de protéger les personnes. Le CICR n’a pas réagi malgré les appels des autorités sahraouies, de la CONASADAH et de nombreuses organisations internationales de protection des droits humains", regrette Abba Al Hassan Salek.

Les organisations internationales de protection des droits de l’homme dénoncent régulièrement les violations de droits humains au Sahara occidental sous administration de facto marocaine. Des ONG demandent depuis plusieurs années la création par l’Onu d’un mécanisme indépendant de contrôle et de monitoring des droits de l’homme. Une demande une nouvelle fois rejetée par le Conseil de sécurité lors de l’adoption de la dernière résolution sur le Sahara occidental.
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