Sa maison squattée transformée en "bergerie", il se livre à Sputnik - photos

© Photo Pixabay / Tama66Une ruelle
Une ruelle - Sputnik Afrique, 1920, 19.11.2021
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Expulsé de sa propriété. C’est la mésaventure que vit un Marseillais depuis le mois de juillet: une famille a élu domicile illégalement chez lui… avec des moutons. Robert Deledda revient pour Sputnik sur son combat pour les faire partir.

"C’est une détresse infinie, moralement et même physiquement, parce que l’on viole votre domicile."

Robert Deledda est au bord de la rupture: depuis plusieurs mois, une famille de quatre personnes occupe illégalement sa résidence secondaire située à Marseille, dans le XVe arrondissement. Des faits punis par la loi d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende pour être entré dans le logement. Mais également d’un an de prison et 15.000 euros d’amende pour l’avoir occupé.

"On vous dit de sortir alors que vous êtes chez vous"

C’est au cours du mois de juillet dernier que le calvaire commence pour le sexagénaire. Selon Robert Deledda, après y avoir réalisé des travaux d’entretien, décide de retourner dans sa résidence secondaire. C’est alors qu’il constate avec stupeur que les serrures ont été changées. Il n’est pas au bout de ses peines, puisqu’il découvre que de nouveaux "locataires" occupent les lieux. "Pour rentrer, vous êtes obligés de taper plusieurs fois à la porte, après on vous dit de sortir alors que vous êtes chez vous! C’est votre propriété que vous avez payée avec un crédit pendant 25 ans, vous imaginez?", tonne-t-il au micro de Sputnik.
© Photo Robert DeleddaUne voiture bloque l’accès de la maison
Une voiture bloque l’accès de la maison - Sputnik Afrique, 1920, 19.11.2021
Une voiture bloque l’accès de la maison
D’autant plus qu’à ces mauvaises surprises, s’ajoute une autre: la détérioration de son domicile.

"C’était une bergerie! Avec de la paille, des moutons, mais aussi de l’urine sur le carrelage", déplore-t-il.

Face à cette situation, Robert Deledda est démuni. Pourtant, "je suis propriétaire depuis 1988, j’ai un acte de propriété, je paie des impôts, les taxes foncières, etc., tout ce que l’administration fiscale me demande", déplore-t-il.
© Photo Robert DeleddaFaçade arrière de la maison détériorée
Façade arrière de la maison détériorée - Sputnik Afrique, 1920, 19.11.2021
Façade arrière de la maison détériorée
Il décide donc d’aller porter plainte pour "violation du domicile et occupation illégale". Pour appuyer sa démarche, il mandate un huissier pour constater qu’il y a effectivement bien des personnes chez lui, "avec des animaux", le tout "sans droits ni titres". En outre, le propriétaire, accompagné de l’huissier, réussit à entrer en contact avec un des squatteurs. L’affaire prend ensuite une tournure ubuesque:

"Il nous a dit qu’il a payé 4.000 euros en liquide à un propriétaire qu’il a rencontré aux marchés aux puces, mais qu’il ne saurait plus le reconnaître. Sauf que l’huissier lui a rétorqué: “le propriétaire est devant vous”. Bien entendu, il ne me connaissait pas et moi non plus. Au bout d’un moment, l’huissier lui a demandé une pièce d’identité, donc il a montré un titre de séjour."

Robert Deledda explique donc avoir fait une "assignation en justice au tribunal de proximité de Marseille". Néanmoins, la justice ne tranche pas en sa faveur. Dans le délibéré rendu le 21 octobre dernier, "il est écrit que “la violation du droit de propriété n’est pas acquise, la juge ayant considéré l’absence d’éléments supplémentaires au constat”. J’ai donc été débouté de ma demande", s’étrangle-t-il.

Un sentiment d’injustice

Par ailleurs, M. Deledda dénonce le fait d’avoir été de surcroît "condamné à payer des dépens". Des sommes correspondantes notamment aux frais liés aux instances, actes et procédures d’exécution de la décision de justice.

"C’est le propriétaire qui doit prouver que son domicile a été violé et en plus il faut qu’il engage des frais, paie des dépens, c’est fou", s’indigne-t-il.

Le propriétaire indique avoir fait appel de la décision de justice, mais ne décolère pas. Il exhorte les pouvoirs publics à agir: "avec tout le respect que j’ai pour le préfet et les forces de l’ordre, il faut les expulser". Afin d’ajouter de nouveaux éléments à son dossier, Robert Deledda indique qu’un huissier "a fait une sommation de quitter et vider des lieux" destinée aux squatteurs. De plus, il a pris à témoin "des voisins" afin de "constater qu’il y avait bien des gens qui vivaient chez moi". Une chose aisée, estime le propriétaire: "il y a de grosses cylindrées et même des voitures sans plaques d’immatriculation devant mon domicile".

"Maintenant, il n’y a plus de moutons, ce sont des véhicules désossés, des moteurs, des pare-brise et de la tôlerie qui sont dans la cour. Ils sont vraiment tranquilles", souffle-t-il, amer.

Si le Provençal espère un dénouement favorable, il craint que d’autres propriétaires ne subissent la même situation que lui: "s’ils s’en vont, ils peuvent encore squatter ailleurs et une personne comme moi va être encore victime".
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Cependant, pour tenter de lutter contre ce phénomène, Emmanuelle Wargon, ministre du Logement a lancé en mai dernier, avec la collaboration des préfectures, un observatoire des squats. Selon les chiffres publiés par le ministère, 124 demandes de procédures ont été réalisées depuis janvier 2021 auprès des préfets. Dans 75% des cas, soit 95 dossiers, le propriétaire a pu récupérer son logement. Les 29 cas restants étant en cours de traitement, notamment en raison de dossiers incomplets des propriétaires, ou encore de recherche de places d’hébergement pour les squatteurs. Des statistiques qui laissent présager un dénouement positif pour Robert Deledda.
Reste que pour le propriétaire marseillais, cette mésaventure a un goût amer:

"Ne pas respecter la propriété d’autrui, ne pas être respecté en tant que propriétaire, c’est terrible", conclut notre interlocuteur.

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