Le patron de la CIA à Moscou: "rapports bilatéraux" ou l’Iran à l’ordre du jour?
21:14 02.11.2021 (Mis à jour: 18:03 10.01.2022)
© Sputnik . Maxime Blinov
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Le chef Conseil de sécurité russe a accueilli ce 2 novembre à Moscou le chef de la CIA pour parler des "relations russo-américaines". Toutefois, un politologue interrogé par Sputnik estime qu’il pourrait s’agir de la relance de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPoA).
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, a rencontré à Moscou le directeur de la CIA, William Burns, a fait savoir ce mardi 2 novembre le service de presse du Conseil.
"Les interlocuteurs ont évoqué les relations russo-américaines", a-t-il annoncé.
C'est le premier entretien de Nikolaï Patrouchev avec William Burns après l’arrivée de ce dernier à la tête de CIA. Les deux hommes se sont rencontrés en 2013, lors de la visite du secrétaire du Conseil de sécurité russe aux États-Unis. William Burns était alors secrétaire d’État par intérim.
Le nouveau directeur de la CIA a occupé son fauteuil en mars dernier. De 2005 à 2008", il a été ambassadeur des États-Unis en Russie.
"Problèmes des relations bilatérales"
William Burns doit avoir à Moscou une série de réunions avec des représentants du gouvernement russe, a précisé à Sputnik l'ambassade des États-Unis à Moscou.
"Sur mission du Président, William Burns, à la tête d'une délégation de hauts responsables américains, rencontrera à Moscou, les 2 et 3 novembre, des représentants du gouvernement russe pour examiner des problèmes des relations bilatérales", a déclaré la mission diplomatique.
Le Conseil de sécurité russe a fait connaître la nouvelle de la rencontre ce mardi, la visite du directeur de la CIA à Moscou n’avait pas été annoncée.
L’Iran au menu?
Entretemps, un politologue estime que William Burns pourrait être venu à Moscou pour discuter des perspectives de la relance de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.
"Nous avons vu récemment un grand nombre d’informations sur le retour à l'Accord sur le nucléaire iranien. Le sujet se trouve au centre de l’attention, tandis qu’Antony Blinken [le secrétaire d’État américain, ndlr] a fait des déclarations dans le sens que si l'Iran ne revient pas [dans l’Accord, ndlr], il serait presque possible d’en arriver à une guerre. La question est apparemment examinée maintenant", a indiqué dans une interview à Sputnik le politologue Boris Mejouïev, maître de conférences à la faculté de philosophie de l’université d’État Lomonossov de Moscou.
L’actuel directeur de la CIA a été parmi ceux qui ont élaboré l'accord signé en 2015 et dont les États-Unis se sont retirés avec le changement d’administration à la Maison-Blanche.
"Je suis presque certain qu'il s'est retrouvé à son poste justement en qualité de celui qui comprend les mécanismes secrets du dossier nucléaire iranien, les mécanismes du pouvoir iranien et de sa volonté ou sa réticence à passer à la table des négociations. Je pense qu'outre les autres problèmes, comme ceux de l'Afghanistan et du Moyen-Orient, ce sujet [celui du retour au Plan d'action global commun, JCPoA, ndlr] est important. Il le sera peut-être aussi pour une éventuelle rencontre entre Biden et Poutine si celle-ci a lieu", a-t-il indiqué.
Accord de Vienne sur le nucléaire iranien
L’Accord de Vienne a été signé en 2015 par la Russie, la France, la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Il prévoyait la levée des sanctions en échange de la limitation du programme nucléaire iranien afin de garantir que l’Iran ne dispose pas d'armes nucléaires. En mai 2018, Donald Trump a décidé de se retirer unilatéralement du document et de rétablir les sanctions contre Téhéran. L’Iran a alors annoncé une réduction progressive de ses engagements dans le cadre du traité, renonçant à limiter la recherche nucléaire, les centrifugeuses ou encore le niveau d’enrichissement de l’uranium.
Des négociations sont en cours à Vienne pour relancer le JCPoA et lever les sanctions américaines contre l'Iran. Le sixième volet a pris fin le 20 juin. Selon l’ambassadeur de Russie auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov, l’accord est restauré à 90%. Il ne reste que des détails politiques liés aux engagements de Washington et au respect de ceux-ci.