La diplomatie russe évoque les risques que représente le pacte AUKUS pour la sécurité internationale
07:04 23.10.2021 (Mis à jour: 02:38 28.02.2023)
© AP Photo / US Navy/ Chief Petty Officer Amanda GrayUn sous-marin américain de classe Virginia
© AP Photo / US Navy/ Chief Petty Officer Amanda Gray
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L’alliance militaire tripartite AUKUS risque de déclencher une dangereuse course aux armements dans le domaine de la sécurité internationale et régionale, indique le ministère russe des Affaires étrangères, qui promet que Moscou analysera "soigneusement" la situation et prendra "des mesures appropriées".
L'utilisation du territoire de l'Australie –qui est un pays à statut non nucléaire- pour le déploiement de l'infrastructure militaire de pays nucléaires dans le cadre du pacte AUKUS (Australie, Royaume-Uni et États-Unis) présente des risques pour la sécurité de la région, a déclaré à Sputnik l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du ministère russe des Affaires étrangères, Grigori Machkov.
"En ce qui concerne la mise en place du partenariat tripartite AUKUS, nous étudions attentivement l’éventuel impact de cette démarche. Il est à noter que dans son cadre, il est prévu d'utiliser le territoire d'un État non doté de l’arme atomique pour déployer des installations d'infrastructure militaire propre aux pays nucléaires. Ce qui risque d’engendrer de potentiels dangers de déstabilisation de la situation dans le domaine de la sécurité internationale et régionale", a-t-il indiqué.
Il a également évoqué l’intention de l’Australie d’acquérir des missiles de croisière américains Tomahawk sans pour autant en tirer de conclusions.
"Il reste encore à déterminer s'il s'agit de missiles de croisière basés en mer ou d'une version terrestre de ce type d'arme, qui est actuellement conçue aux États-Unis", a poursuivi Grigori Machkov.
La mise en place d’alliances comme AUKUS "entraînera inévitablement une réaction de la part des autres membres de la formule régionale de stabilité", a-t-il pronostiqué.
"La décision sur la forme que prendra cette réponse sera une prérogative de chaque pays. Je suis certain qu'à Moscou, la question sera soigneusement analysée au niveau interministériel et que des mesures appropriées seront prises pour dûment garantir nos intérêts régionaux et la sécurité de l'État", a noté Grigori Machkov.
L'Australie a conclu un partenariat avec le Royaume-Uni et les États-Unis dans le domaine de la défense et de la sécurité, AUKUS, et a annoncé la rupture de son méga contrat avec la société française Naval Group qui devait lui livrer des sous-marins pour 56 milliards d'euros.
Tomahawk et exercices conjoints
Au lendemain de la conclusion de ce pacte de sécurité, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a confirmé au cours d’une conférence de presse que les États-Unis allaient "élargir" leur accès et leur présence en Australie.
L'Australie va également acquérir des missiles de croisière Tomahawk, a annoncé le Premier ministre australien, Scott Morrison. Ils doivent être déployés sur les destroyers de la classe Hobart de la Royal Australian Navy.
Par ailleurs, les deux pays se proposent d’établir en Australie des "capacités communes" de logistique et de maintenance pour les sous-marins que Canberra doit acheter et multiplier les exercices conjoints, a ajouté de son côté le ministre australien de la Défense, Peter Dutton.
AUKUS et TNP
Entretemps, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, estime que d'autres pays pourraient suivre l'exemple de l'Australie et chercher à acquérir ou construire des sous-marins à propulsion nucléaire. Ce qui soulève d’importants problèmes de prolifération et d'ordre juridique, a-t-il déclaré lors d’une visite à Washington, cité par le Guardian.
Il a ajouté qu'il avait monté une équipe spéciale pour examiner les garanties nucléaires et les implications juridiques du partenariat tripartite. Car ce serait la première fois qu'un État non doté d'armes nucléaires cherche à acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire. Ce fait reflète l’existence d’une "zone grise" dans le Traité de non-prolifération nucléaire de 1968, a estimé Rafael Grossi. Il a précisé que les procédures qui permettraient à l'AIEA de s'assurer que le combustible pour les submersibles ne serait pas détourné vers la fabrication d'armes atomiques devaient encore être élaborées.