Au Burkina Faso, un prétendu "Festival de la viande de chien" amuse la Toile

© Photo pixabay / cvopUn berger allemand
Un berger allemand - Sputnik Afrique, 1920, 20.10.2021
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Ces derniers jours, la nouvelle d’un "Festival de la viande de chien", supposément prévu pour fin octobre, circule allègrement sur les réseaux sociaux au Burkina Faso, amusant bien plus qu’elle n’indigne les internautes. Dans ce pays ouest-africain, la chair de l’animal demeure prisée par plus d’un.
Canular ou annonce réelle? Personne ne semble en mesure de dire ce qu’il en est vraiment et pourtant, depuis quelques jours, l’annonce d’un "Festival de la viande de chien" fait réagir la Toile au Burkina Faso.
On sait peu de choses sur l’évènement, sauf qu’il serait censé se tenir fin octobre à Bobo-Dioulasso, la deuxième plus grande ville du pays, et qu’il faut débourser 25.000 francs CFA (38 euros) pour y disposer d’un stand.
Il n’en faut pas plus pour intriguer et surtout amuser les internautes burkinabè.

Un mets culturel

Au Burkina Faso, quoique tout le monde n’en mange pas, il y a ceux qui assument volontiers leur attrait pour la viande de chien et ceux qui s’en cachent, la société moderne ayant de plus en plus un regard critique sur cette pratique alimentaire.
Toujours est-il que certains peuples comme les Gourounsi, les Lobi, les Dagari ou encore les Bissa, sont réputés être de grands amateurs de viande canine. Celle-ci est traditionnellement consommée à l’occasion d’importants moments de retrouvailles comme les mariages ou les funérailles, mais bien évidemment aussi en dehors de toute circonstance particulière.
Dans les zones rurales, il existe des marchés à chiens, véritables parcs aux bestiaux où il est possible d’acheter un canidé aussi naturellement que l’on l’aurait fait pour un mouton ou un poulet. Et dans les grandes villes comme Bobo-Dioulasso ou Ouagadougou la capitale, on trouve également du chien au menu de "restaurants spécialisés" qui ne sont pas forcément connus du grand public. La viande y est généralement vendue par morceaux mais pour un repas complet, il faut payer en moyenne entre 10.000 et 20.000 francs CFA (entre 15 et 30 euros), selon la taille de l’animal.
Chat et chien - Sputnik Afrique, 1920, 20.02.2020
Au Cameroun, les mangeurs de chats et de chiens n’en démordent pas…
Selon des croyances locales, consommer de la viande de chien serait même bon pour la santé! La chair canine serait même efficace contre plusieurs maux comme les courbatures, les troubles digestifs et surtout ceux de l’érection. Inutile de préciser qu'aucune étude scientifique digne de ce nom n’a jamais confirmé ces idées. Qu'importe, puisque certains affirmeront même que manger du canidé protège contre la sorcellerie, une pratique prise très au sérieux sous ces cieux!

Des rites ancestraux

Outre le Burkina Faso, plusieurs pays africains sont bien connus pour la consommation de chair de chien. C’est le cas notamment du Togo, de la République Démocratique du Congo (RDC) et du Cameroun. D’autres, comme le Bénin ou la Côte d’Ivoire, le sont dans une moindre mesure.
Un reportage de la télévision publique ivoirienne dans un quartier d’Abidjan
Dans tous ces pays, les mêmes vertus nutritionnelles, thérapeutiques et mystiques prêtées à cette pratique alimentaire se retrouvent, mais avec parfois quelques nuances culturelles.
Par exemple, chez les Kabyé, un peuple du nord du Togo, du chien est servi aux jeunes hommes à l’occasion d’un rite ancestralqui marque leur passage à l’âge adulte. Une pratique culturelle qu’on ne retrouve pas en Côte d’Ivoire, pour ne citer que ce pays.
Chien - Sputnik Afrique, 1920, 07.04.2020
«Aphrodisiaque», la viande de chien est réservée aux hommes, dans le nord du Togo
Si l’idée de déguster du canidé peut choquer voire révolter en Occident, c’est définitivement loin d’être le cas dans bien des contrées africaines où cette pratique est normale et même banale.
Comme l’a expliqué en 2020 à Sputnik le sociologue camerounais Maurice Somo, l’acceptation sociale de la consommation de viande chien et plus généralement des animaux domestiques, diffère selon les régions du monde: "Il faut avant tout tenir compte du fait que les animaux domestiques, en l’occurrence le chien et le chat, n’ont pas la même considération en Afrique qu’en Occident", a-t-il rappelé.
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