Sous-marins: Canberra et Washington réagissent au rappel des ambassadeurs français
11:15 18.09.2021 (Mis à jour: 13:32 18.09.2021)
© Photo RebeccaLintzPhotography/pixabayDrapeau astralien
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Après le rappel de l’ambassadeur de France en Australie Jean-Pierre Thebault, Canberra a regretté cette décision de Paris tout en répétant que sa décision sur les sous-marins a été dictée par «des intérêts de sécurité nationale». Le diplomate estime pourtant que la France «a été poignardée dans le dos».
Réagissant au rappel de l’ambassadeur français pour consultations à Paris, le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce a affirmé samedi 18 septembre comprendre «la profonde déception de la France» face à la décision de l’Australie d’abandonner le projet de sous-marins de classe océanique qui liait les deux pays depuis 2016 au profit d’un partenariat avec les États-Unis.
«Nous regrettons la décision de la France de rappeler son ambassadeur en Australie pour consultations à la suite de la décision sur le projet des sous-marins de classe Attack. L'Australie comprend la profonde déception de la France face à notre décision, qui a été prise conformément à nos intérêts de sécurité nationale clairs et communiqués», a déclaré un porte-parole du ministère cité par le Sydney Morning Herald.
Alors que Jean-Yves Le Drian a blâmé Canberra pour «des comportements inacceptables entre alliés et partenaires», le ministère australien assure que la France reste pour l’Australie un «partenaire important et un contributeur essentiel à la stabilité, en particulier dans l'Indo-Pacifique» et que «cela ne changera pas».
Regrets de Washington
Quant à la diplomatie américaine, elle a également annoncé «comprendre» la position de Paris qui a rappelé vendredi de Washington son ambassadeur Philippe Étienne.
«Nous avons été en contact étroit avec nos alliés français», et «nous espérons pouvoir continuer notre discussion sur ce sujet à haut niveau dans les prochains jours, y compris à l'Assemblée générale de l'Onu la semaine prochaine» à New York, a réagi Ned Price, porte-parole du Département d’État américain, dans un tweet.
L’ambassadeur de France en Australie s’insurge
Quelques heures avant d’être rappelé, l’ambassadeur français en Australie Jean-Pierre Thebault avait évoqué dans une interview au Sydney Morning Herald «des informations très fiables de la presse indépendante» selon lesquels la décision de l’Australie avait été préparée depuis plus d’un an.
«Ce qui signifie que nous avons été aveuglés intentionnellement pendant 18 mois. Le crime a été préparé pendant 18 mois», a-t-il indiqué.
D’après lui, si les informations selon lesquelles cette «trahison» a été préparée depuis longtemps s’avèrent vraies et ne sont pas démenties, cela signifiera qu’il s’agit d’«un abus de confiance majeur et d’un très mauvais signal».
Il a rappelé qu’il n'y avait eu «aucun avertissement» au cours des 18 derniers mois sur l’élaboration d’un plan entre l'Australie, les États-Unis et la Grande-Bretagne. Pis encore, Florence Parly et Jean-Yves Le Drian ont négocié au mois d’août avec leurs homologues australiens le renforcement des liens de défense entre les deux pays.
«Nous pensions ouvrir une nouvelle voie pour un approfondissement substantiel de notre coopération bilatérale. Entre-temps, 15 jours seulement après, nous avons été poignardés dans le dos... Le projet le plus symbolique et le plus marquant qui symbolisait un lien entre un pays européen et l'Australie a été annulé sans aucun avertissement. C'est vraiment très triste», a déploré le diplomate.
Et de conclure:
«Vous ne pouvez pas comprendre la profondeur de notre colère et le sentiment d'avoir été irrespectueux. Je peux vous dire que nous avons reçu des milliers de réactions du public [australien] qui s'excusent pour ce mauvais comportement.»