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Mali: faut-il craindre un scénario afghan pour l’armée française?
Mali: faut-il craindre un scénario afghan pour l’armée française?
Sputnik Afrique
À table avec Angela Merkel, Emmanuel Macron a tenté de rassurer son homologue sur la crainte d’un scénario afghan au Sahel. Une évolution qui n’a rien de... 17.09.2021, Sputnik Afrique
2021-09-17T20:19+0200
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«L’issue de la guerre d’Afghanistan devrait faire réfléchir au Mali et au Sahel», lançait au moment de la prise du pouvoir talibane l’ex-ministre des Affaires étrangères maliennes. Et en Europe aussi, la perspective d’un scénario «à l’afghane» fait trembler certains dirigeants politiques. En particulier outre-Rhin, où l’hypothèse d’un retrait français précipité, synonyme de prise de pouvoir djihadiste, semble dans tous les esprits. Pourtant, le scénario n’a rien de «farfelu», explique au micro de Sputnik Olivier Crone, ancien conseiller politique de l’Union européenne sur les questions géostratégiques. Sur place, la situation est déjà avancée: «Tous les villages, tous les hameaux sont entre les mains des groupes djihadistes qui appliquent la charia, qui font la loi, qui administrent. Cela doit nous faire réfléchir. Pendant ce temps, la France annonce le retrait ou l’allègement de son dispositif militaire au moment où l’insurrection prend de l’ampleur», prévient Yehia Ag Mohamed Ali, membre de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), au micro de DW.«Voilure» française réduite «Comme en Afghanistan au milieu des années 2010, on a réduit la voilure», ajoute-t-il en référence à la fin de l’opération Barkhane et à son redéploiement stratégique progressif au sein de la force Takuba, composée de forces spéciales européennes. Olivier Crone note quant à lui froidement que la situation sécuritaire régionale ne s’est pas améliorée après huit années d’engagement militaire français, malgré quelques francs succès tactiques des forces françaises. Le plus récent est la neutralisation d’Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, le chef du groupe armé djihadiste État islamique au Grand Sahara*, ce 16 septembre.Néanmoins, l’incursion djihadiste s’est depuis mêlée à des conflits interethniques et dépasse désormais très largement les seules frontières du Mali. Ainsi, du nord du Bénin au nord du Niger, la menace est aujourd’hui omniprésente à travers tout le Sahel.Été sanglant au SahelEn atteste l’été sanglant que vient de connaître la région, avec des attaques particulièrement violentes sur des cibles militaires comme civiles. 80 personnes, dont 65 civils et 15 gendarmes, ont été tuées mercredi 18 août lors d’une offensive djihadiste contre un convoi militaire escortant des civils dans le nord du Burkina Faso. Un cas qui n’a rien d’isolé. Quasi hebdomadaires, ces assauts contraignent des millions de Sahéliens à fuir les zones à risque.Reste que les situations afghane et sahélienne diffèrent, estime Caroline Roussy, responsable Afrique de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).La perspective de voir un groupe sahélien similaire aux talibans* prendre Bamako ou une autre capitale de la région dans un avenir proche serait peu probable. Unifié et rompu par deux décennies de guérilla contre la première puissance mondiale, le mouvement taliban ne peut, par exemple, être mis sur le même plan que la pléthore de formations djihadistes et indépendantistes, et autres bandes tribales du Sahel.Les «dynamiques démographiques» y sont de surcroît «tout à fait différentes»: les talibans* pachtounes se sont emparés sans peine de Kaboul, une ville elle-même à majorité pachtoune. Or, au Sahel, «l’essentiel des cadres des groupes djihadistes sont des Touaregs et des Arabes», explique notre interlocuteur. Dans le cas du Mali, pays le plus sérieusement menacé, les populations de la capitale et de ses environs sont subsahariennes et donc ethniquement distinctes (et historiquement rivales) des insurgés du nord. «Ils ne partagent que la religion», précise Olivier Crone.Environnement géostratégique différentMorcelés, les groupes djihadistes ne peuvent par ailleurs compter sur un soutien extérieur: «Les puissances environnantes ne sont pas non plus de grandes puissances régionales comme peuvent l’être le Pakistan, l’Iran ou la Chine pour les talibans*», rappelle Olivier Crone. En définitive, les djihadistes au Sahel ne disposent pas de bailleurs étatiques solides, comme peut l’être le Pakistan pour les talibans* par exemple. Symbolique, la prise de Kaboul en disait long sur la retraite américaine. Malgré tout, la force G5 Sahel, la force Takuba et la Minusma sont toujours présentes et ne manifestent quant à elles aucun signe de retrait à court terme. Après tout, anciennes colonies françaises, les pays d’Afrique de l’Ouest demeurent les alliés de Paris et la présence des régiments français, bien qu’elle soit souvent critiquée, n’est pas perçue comme celle des GI en Afghanistan, le «tombeau des empires».Reste que les djihadistes savent faire preuve de résilience. «Les Américains ont des montres, nous on a du temps», avaient coutume de dire les talibans*. Pas de doute: leurs cousins sahéliens le pensent aussi.*Organisation terroriste interdite en Russie.
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L’issue de la guerre d’Afghanistan devrait faire réfléchir au Mali et au Sahel», lançait au moment de la prise du pouvoir talibane l’ex-ministre des Affaires étrangères maliennes. Et en Europe aussi, la perspective d’un scénario «
à l’afghane» fait trembler certains dirigeants politiques. En particulier
outre-Rhin, où l’hypothèse d’un retrait français précipité, synonyme de prise de pouvoir djihadiste, semble dans tous les esprits.
Pourtant, le scénario n’a rien de «farfelu», explique au micro de Sputnik Olivier Crone, ancien conseiller politique de l’Union européenne sur les questions géostratégiques. Sur place, la situation est déjà avancée: «Tous les villages, tous les hameaux sont entre les mains des groupes djihadistes qui appliquent la charia, qui font la loi, qui administrent. Cela doit nous faire réfléchir. Pendant ce temps, la France annonce le retrait ou l’allègement de son dispositif militaire au moment où l’insurrection prend de l’ampleur», prévient Yehia Ag Mohamed Ali, membre de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), au micro de DW.
«Voilure» française réduite
«Comme en Afghanistan au milieu des années 2010, on a réduit la voilure», ajoute-t-il en référence à la fin de l’opération Barkhane et à son redéploiement stratégique progressif au sein de la force Takuba, composée de forces spéciales européennes.
Olivier Crone note quant à lui froidement que la situation sécuritaire régionale ne s’est pas améliorée après huit années d’engagement militaire français, malgré quelques francs succès tactiques des forces françaises. Le plus récent est la neutralisation d’
Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, le chef du groupe armé djihadiste État islamique au Grand Sahara*, ce 16 septembre.
Néanmoins, l’incursion djihadiste s’est depuis mêlée à des conflits interethniques et dépasse désormais très largement les seules frontières du Mali. Ainsi, du nord du Bénin au nord du Niger, la menace est aujourd’hui omniprésente à travers tout le Sahel.
En atteste l’été sanglant que vient de connaître la région, avec des attaques particulièrement violentes sur des cibles militaires comme civiles. 80 personnes, dont 65 civils et 15 gendarmes, ont été tuées mercredi 18 août lors d’une offensive djihadiste contre un convoi militaire escortant des civils dans le nord du Burkina Faso. Un cas qui n’a rien d’isolé. Quasi hebdomadaires, ces assauts contraignent des
millions de Sahéliens à fuir les zones à risque.
Reste que les situations afghane et sahélienne diffèrent, estime Caroline Roussy, responsable Afrique de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
«Comparaison n’est pas raison», tempère-t-elle, rappelant «la complexité propre à chaque contexte».
La perspective de voir un groupe sahélien similaire aux talibans* prendre Bamako ou une autre capitale de la région dans un avenir proche serait peu probable. Unifié et rompu par deux décennies de guérilla contre la première puissance mondiale, le mouvement taliban ne peut, par exemple, être mis sur le même plan que la pléthore de formations djihadistes et indépendantistes, et autres bandes tribales du Sahel.
Les «dynamiques démographiques» y sont de surcroît «tout à fait différentes»: les talibans* pachtounes se sont emparés sans peine de Kaboul, une ville elle-même à majorité pachtoune. Or, au Sahel, «l’essentiel des cadres des groupes djihadistes sont des Touaregs et des Arabes», explique notre interlocuteur. Dans le cas du Mali, pays le plus sérieusement menacé, les populations de la capitale et de ses environs sont subsahariennes et donc ethniquement distinctes (et historiquement rivales) des insurgés du nord. «Ils ne partagent que la religion», précise Olivier Crone.
Environnement géostratégique différent
Morcelés, les groupes djihadistes ne peuvent par ailleurs compter sur un soutien extérieur: «Les puissances environnantes ne sont pas non plus de grandes puissances régionales comme peuvent l’être le Pakistan, l’Iran ou la Chine pour les talibans*», rappelle Olivier Crone. En définitive, les djihadistes au Sahel ne disposent pas de bailleurs étatiques solides, comme peut l’être le Pakistan pour les talibans* par exemple.
Symbolique, la prise de Kaboul en disait long sur la retraite américaine. Malgré tout, la force G5 Sahel, la force Takuba et la Minusma sont toujours présentes et ne manifestent quant à elles aucun signe de retrait à court terme.
«L’intervention occidentale en Afghanistan a été une sorte de parenthèse. C’est différent du Sahel et du Mali, où la France est présente depuis plusieurs décennies», souligne Caroline Roussy.
Après tout, anciennes colonies françaises, les pays d’Afrique de l’Ouest demeurent les alliés de Paris et la présence des régiments français, bien qu’elle soit souvent critiquée, n’est pas perçue comme celle des GI en Afghanistan, le «tombeau des empires».
Reste que les djihadistes savent faire preuve de résilience. «Les Américains ont des montres, nous on a du temps», avaient coutume de dire les talibans*. Pas de doute: leurs cousins sahéliens le pensent aussi.
*Organisation terroriste interdite en Russie.