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Macron veut une «autonomie stratégique européenne»: «l’armée européenne est une illusion», rétorque Hervé Juvin
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Le retrait américain d’Afghanistan poussera-t-il les Européens à créer leur propre «task force» armée? Emmanuel Macron a en tout cas plaidé le 6 septembre pour... 07.09.2021, Sputnik Afrique
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Au micro de Sputnik, le député européen allié au Rassemblement national riposte fermement à l’insistance d’Emmanuel Macron de renforcer l’«autonomie stratégique» de l’Union européenne après la débâcle américaine en Afghanistan. Devant un parterre d’eurodéputés du groupe politique Renew Europe, lié à LREM, Emmanuel Macron a prédit le 6 septembre un «agenda d'une Europe plus souveraine», selon des propos rapportés à l’AFP par un participant.Après chaque crise internationale, le marronnier des européistes est de sortie. Face au fiasco afghan en mondovision, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait lancé la première salve le 2 septembre en appelant à «développer nos propres capacités». Celui-ci participait à une réunion des ministres de la Défense de l'UE en Slovénie pour échanger sur la création d'une force de réaction rapide européenne dotée de 5.000 hommes. Un projet qui semble mort-né tant il est confronté à de nombreux obstacles politiques ou opérationnels, succédant ainsi à l’échec des groupements tactiques. Mis en place en 2007, ces bataillons comptant environ 1.500 hommes n’ont jamais été utilisés.De «très belles postures de campagne électorale»Avant d’obtenir cette «autonomie stratégique» souhaitée par le locataire de l’Élysée, Hervé Juvin déclare qu’il faut d’abord adopter «une politique étrangère européenne». Or, en l’espèce, «nous n’avons pas de politique étrangère européenne». Et cela, le chef de l’État est «assez intelligent» pour l’avoir saisi, estime l’eurodéputé, qui évoque de «très belles postures de campagne électorale qui ne coûtent rien», parce qu’«elles ne déboucheront sur rien». Car la proposition d’Emmanuel Macron n’est pas neuve. Déjà en 2018, sous l’Administration Trump, celui-ci plaidait pour la mise en place d’une «vraie armée européenne» pour protéger les Européens «à l'égard de la Chine, de la Russie et même des États-Unis d'Amérique». Malgré le soutien de Berlin, l’idée s’est heurtée à l’opposition de la Pologne et des pays baltes, fervents appuis de Washington. Trois ans après, la proposition refait surface sans de réelles avancées. Pour Hervé Juvin, les intérêts des 27 sont trop divergents pour constituer une armée.Et d’évoquer à l’inverse les préoccupations des États baltes et des Polonais vis-à-vis de la Russie. Mais, rappelle-t-il, «la Russie a sauvé la France à plusieurs reprises» et Paris et Moscou entretiennent actuellement «des relations d’amitié».Des intérêts nationaux divergents qui rendraient donc ce désir d’armée européenne «totalement impraticable sur le terrain». L’unanimité des 27 États membres sur un sujet pareil étant une utopie. L’eurodéputé Arnaud Danjean, du Parti populaire européen, a quant à lui fait part de ses doutes à l’AFP, mettant en avant «le processus de décision» très complexe au sein du Conseil européen.Mais encore faudrait-il compter sur un vrai-faux 28e membre. Ainsi Hervé Juvin craint-il que «tout allié de Washington achète des armements américains». Or, une armée européenne ne pourrait se concevoir qu’avec «une industrie de la défense européenne indépendante». Ce qui est loin d’être le cas actuellement, l’Allemagne, la Belgique et les pays de l’Est privilégiant les armements américains.«La France est bien seule»«L’armée européenne est une illusion totale, mais une task force pourquoi pas», nuance toutefois Hervé Juvin, favorable aux financements européens. Encore faudrait-il que celle-ci ne dépende pas des «moyens de renseignement et de communication de l’Otan». Si la diplomatie américaine s’est montrée plutôt ouverte à l’idée, le porte-parole du Département d’État Ned Price a plaidé pour que l’UE et l’Otan se coordonnent pour «éviter les doublons et ne pas gaspiller des ressources déjà rares». Ce qui n’est pas du goût d’Hervé Juvin. De plus, cette task force devrait réellement répondre aux «exigences d’une armée en campagne»:Celui-ci fait allusion à l’arrêt de la CJUE (Cour de justice de l'Union européenne) du 15 juillet stipulant que les militaires doivent être soumis au même temps de travail que n’importe quel travailleur. Une directive européenne déjà appliquée outre-Rhin.Et Juvin d’estimer que l’armée française est la «seule armée» en Europe à être dotée de milliers d’hommes expérimentés qui «savent faire la guerre sur des territoires extrêmement hostiles». Ainsi, l’essayiste politique n’imagine pas «des soldats allemands ou d’autres pays se confronter», par exemple, «aux conditions du Sahel».Notre interlocuteur relève que «la France est bien isolée» au Sahel. Si les Européens y participent symboliquement avec la Force Takuba (groupement européen de forces spéciales), la France «assume globalement seule» ces missions de projection. Si cette opération était un test, autant en rester là.
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Macron veut une «autonomie stratégique européenne»: «l’armée européenne est une illusion», rétorque Hervé Juvin
19:51 07.09.2021 (Mis à jour: 20:01 07.09.2021) Le retrait américain d’Afghanistan poussera-t-il les Européens à créer leur propre «task force» armée? Emmanuel Macron a en tout cas plaidé le 6 septembre pour renforcer l’autonomie stratégique européenne. Des illusions électoralistes, lui rétorque Hervé Juvin, eurodéputé proche du RN.
«Il n’y a pas de nation européenne, il n’y a pas de souveraineté européenne, ce sont les nations qui sont souveraines. Donc une armée européenne réunissant les armées de ces nations est aujourd’hui une perspective totalement illusoire», tonne Hervé Juvin.
Au micro de Sputnik, le député européen allié au Rassemblement national riposte fermement à l’insistance d’Emmanuel Macron de renforcer l’«
autonomie stratégique» de l’Union européenne après la
débâcle américaine en Afghanistan. Devant un parterre d’eurodéputés du groupe politique Renew Europe, lié à LREM, Emmanuel Macron a prédit le 6 septembre un «
agenda d'une Europe plus souveraine», selon des propos rapportés à l’AFP par un participant.
Après chaque crise internationale, le marronnier des européistes est de sortie. Face au fiasco afghan en mondovision, le
chef de la diplomatie européenne Josep Borrell avait lancé la première salve le 2 septembre en appelant à «
développer nos propres capacités». Celui-ci participait à une réunion des ministres de la Défense de l'UE en Slovénie pour échanger sur la création d'une force de réaction rapide européenne dotée de 5.000 hommes. Un
projet qui semble mort-né tant il est confronté à de nombreux obstacles politiques ou opérationnels, succédant ainsi à l’échec des groupements tactiques. Mis en place en 2007, ces bataillons comptant environ 1.500 hommes n’ont jamais été utilisés.
De «très belles postures de campagne électorale»
Avant d’obtenir cette «
autonomie stratégique» souhaitée par le locataire de l’Élysée, Hervé Juvin déclare qu’il faut d’abord adopter «
une politique étrangère européenne». Or, en l’espèce, «
nous n’avons pas de politique étrangère européenne». Et cela, le chef de l’État est «
assez intelligent» pour l’avoir saisi, estime l’eurodéputé, qui évoque de «
très belles postures de campagne électorale qui ne coûtent rien», parce qu’«
elles ne déboucheront sur rien». Car la proposition d’Emmanuel Macron n’est pas neuve.
Déjà en 2018, sous l’Administration Trump, celui-ci plaidait pour la mise en place d’une «
vraie armée européenne» pour protéger les Européens «
à l'égard de la Chine, de la Russie et même des États-Unis d'Amérique». Malgré le soutien de Berlin, l’idée s’est heurtée à
l’opposition de la Pologne et des pays baltes, fervents appuis de Washington. Trois ans après, la proposition refait surface sans de réelles avancées. Pour Hervé Juvin, les intérêts des 27 sont trop divergents pour constituer une armée.
«J’essaie parfois au Parlement européen de faire partager par exemple les préoccupations sur le Sahel et sur la Centrafrique, à des députés polonais, roumains ou suédois. Il est évident que pour eux, c’est un autre monde», témoigne-t-il.
Et d’évoquer à l’inverse les préoccupations des États baltes et des Polonais vis-à-vis de la Russie. Mais, rappelle-t-il, «la Russie a sauvé la France à plusieurs reprises» et Paris et Moscou entretiennent actuellement «des relations d’amitié».
«Aujourd’hui, la France comme d’autres pays européens sont entraînés dans des opérations extrêmement agressives et belliqueuses à l’encontre de la Russie. Très clairement, c’est l’inverse du chemin stratégique d’une Europe puissance et d’une Europe en sécurité, qui devrait conduire d’abord à chercher à un dialogue stratégique, et ensuite à une alliance stratégique avec la Russie.»
Des intérêts nationaux divergents qui rendraient donc ce désir d’armée européenne «totalement impraticable sur le terrain». L’unanimité des 27 États membres sur un sujet pareil étant une utopie. L’eurodéputé Arnaud Danjean, du Parti populaire européen, a quant à lui fait part de ses doutes à l’AFP, mettant en avant «le processus de décision» très complexe au sein du Conseil européen.
Mais encore faudrait-il compter sur un vrai-faux 28e membre. Ainsi Hervé Juvin craint-il que «tout allié de Washington achète des armements américains». Or, une armée européenne ne pourrait se concevoir qu’avec «une industrie de la défense européenne indépendante». Ce qui est loin d’être le cas actuellement, l’Allemagne, la Belgique et les pays de l’Est privilégiant les armements américains.
«La France est bien seule»
«L’armée européenne est une illusion totale, mais une task force pourquoi pas», nuance toutefois Hervé Juvin, favorable aux financements européens. Encore faudrait-il que celle-ci ne dépende pas des «moyens de renseignement et de communication de l’Otan». Si la diplomatie américaine s’est montrée plutôt ouverte à l’idée, le porte-parole du Département d’État Ned Price a plaidé pour que l’UE et l’Otan se coordonnent pour «éviter les doublons et ne pas gaspiller des ressources déjà rares». Ce qui n’est pas du goût d’Hervé Juvin. De plus, cette task force devrait réellement répondre aux «exigences d’une armée en campagne»:
«Il ne faut pas que cette task force connaisse les lourdeurs bureaucratiques, les pesanteurs administratives et les folies allemandes, notamment sur le contrôle du temps de travail des militaires. À 18h, ceux-ci plient leurs armes et arrêtent de tirer parce que c’est la fin de la journée de travail. Non, on ne fait pas la guerre comme ça.»
Celui-ci fait allusion à l’arrêt de la CJUE (Cour de justice de l'Union européenne) du 15 juillet stipulant que les
militaires doivent être soumis au même temps de travail que n’importe quel travailleur. Une directive européenne déjà appliquée outre-Rhin.
Et Juvin d’estimer que l’armée française est la «seule armée» en Europe à être dotée de milliers d’hommes expérimentés qui «savent faire la guerre sur des territoires extrêmement hostiles». Ainsi, l’essayiste politique n’imagine pas «des soldats allemands ou d’autres pays se confronter», par exemple, «aux conditions du Sahel».
Notre interlocuteur relève que «la France est bien isolée» au Sahel. Si les Européens y participent symboliquement avec la Force Takuba (groupement européen de forces spéciales), la France «assume globalement seule» ces missions de projection. Si cette opération était un test, autant en rester là.