Première rencontre à Doha entre une délégation française et les talibans

© REUTERS / Naseem ZeitoonDoha
Doha - Sputnik Afrique, 1920, 27.08.2021
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Une délégation française a rencontré jeudi à Doha des représentants des talibans* pour la première fois depuis qu'ils ont pris le pouvoir en Afghanistan il y a bientôt deux semaines, a annoncé leur porte-parole Suhail Shaheen sur Twitter.
L'envoyé français François Richier - ex-ambassadeur de France en Afghanistan - et sa délégation ont «discuté en détail» de la situation de l'aéroport de Kaboul avec une délégation menée par le directeur adjoint du bureau politique des talibans*, Sher Abbas Stanikzai, a précisé le porte-parole.
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé «des contacts ces derniers jours avec des représentants du mouvement taleb, à Kaboul comme à Doha, afin de faciliter nos opérations d'évacuation en cours».
La France a annoncé jeudi la poursuite de ses évacuations d'Afghans menacés par les talibans* malgré le double attentat qui a fait plus de 85 morts, dont 13 soldats américains, à l'aéroport de Kaboul.
Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune a même évoqué une possible poursuite des opérations «au-delà» de vendredi soir, date-butoir fixée pour la fin du pont aérien français, tout en appelant à restant «prudent» sur ce calendrier.
«L'attaque terroriste ne doit pas empêcher ces opérations (...) Nous continuerons jusqu'à la dernière seconde possible», a-t-il déclaré sur la radio Europe 1.
La France appelle aussi à la mise en place d'«opérations humanitaires», avec les pays alliés, pour aider les Afghans menacés à partir après la fin du gigantesque pont aérien qui a permis d'évacuer plus de 100.000 personnes mais est suspendu au départ, le 31 août, des soldats américains encore présents sur le sol afghan.
«Chaque Afghan en possession de documents légaux pourra voyager à l'étranger et des installations appropriées seront fournies à tous les Afghans pour leurs déplacements après l'ouverture de la partie civile de l'aéroport», a insisté pour sa part Suhail Shaheen, répétant une promesse déjà faite à plusieurs pays.
«La paix est établie dans tout le pays, filles et garçons sont retournés à l'école et les médias fonctionnent», a-t-il encore déclaré.

«Il ne s'agit pas de reconnaître les talibans*»

Les talibans* se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image ouverte et modérée. Mais beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.
Interrogé sur Europe 1 avant l'annonce des contacts avec les talibans*, Clément Beaune a estimé que «la vie diplomatique et les relations internationales, c'est parfois choisir entre de mauvaises options pour défendre au mieux ou le moins mal possible des intérêts et des valeurs».
La France exclut des «discussions politiques» et une reconnaissance des talibans* tant qu'un certain nombre de conditions ne seront pas réunies, a-t-il toutefois rappelé.
«Il ne s'agit pas de reconnaître les talibans* et tous ceux qui pensent qu'on a une forme de talibanisme doux je crois s'illusionnent», a-t-il relevé.
«Y aura-t'il un gouvernement afghan dans quelques semaines, quelques mois qui incluera d'autres sensibilités politiques et pas seulement les talibans*? Dans ce cas là, on pourrait avoir un certain nombre de contacts», a-t-il ajouté.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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