Éoliennes: Barbara Pompili, l’étonnante alliée objective de Xavier Bertrand

© AFP 2024 ANNE-CHRISTINE POUJOULATBarbara Pompili, ministre de la transition écologique, 11 juillet 2020 (Anne-Christine POUJOULAT / AFP)
Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, 11 juillet 2020 (Anne-Christine POUJOULAT / AFP) - Sputnik Afrique, 1920, 31.07.2021
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La ministre de la Transition écologique s’en est violemment pris à Xavier Bertrand, lui demandant du «sérieux» sur la question des éoliennes. Par ses accusations, elle renforce l’image d’anti-éolien du candidat déclaré à la présidentielle, alors même que les Hauts-de-France sont la première région productrice d’électricité d’origine éolienne.

«Quand on est candidat à l’élection présidentielle», il faut être «sérieux». Dans le Courrier Picard, Barbara Pompili «rend les coups». Son adversaire? Xavier Bertrand. La raison de sa colère? Les déclarations du président des Hauts-de-France et candidat à la présidentielle 2022, lors de sa visite le 27 juillet à Thouaré-sur-Loire dans les faubourgs de Nantes. 

Des éoliennes à Leury, dans le nord de la France, Novembre 2016. (PHILIPPE HUGUEN / AFP) - Sputnik Afrique, 1920, 30.04.2021
Qui sème le vent récolte la tempête? Le gouvernement veut des éoliennes, mais pourrait les payer aux élections
Dans ce déplacement, qui s’inscrit dans la course à l’investiture suprême, l’ancien ministre de François Fillon a réitéré son opposition à l’implantation de nouvelles éoliennes ainsi que sa volonté de subventionner les associations qui font obstacle à de tels projets de construction dans sa région. 

Les éoliennes sont de plus en plus contestées dans l’Hexagone. Que cela soit pour leur coût, la manière sauvage dont elles s’implantent tous azimuts sur le territoire et l’emportent jusque dans les réserves naturelles: la colère gronde dans les campagnes françaises. La volonté du ministère de l’Écologie de répondre à cette défiance en imposant une marche forcée aux préfets pour qu’ils trouvent toujours plus de nouveaux sites d’implantation, tout en limitant les recours contre ces projets de construction, a clairement favorisé ce rejet. Une vague de colère ou plutôt une aubaine électorale pour qui saurait la saisir. C’est d’ailleurs là où se rejoignent les opposants à Xavier Bertrand, de gauche comme de droite.

Le nucléaire, une «chance» pour la France

Par ailleurs, il préconise «qu’on n’attende pas» pour miser à nouveau sur le nucléaire dans le pays. Face aux journalistes, le candidat déclare que s’il est élu, il relancera le «programme nucléaire digne de ce nom dont on a besoin pour rester indépendant et pour que l’électricité arrête d’augmenter dans notre pays». Le nucléaire, une «chance pour la France», a-t-il répété sur Franceinfo. La goutte qui fait déborder le vase, pour Barbara Pompili.

«Il va falloir à un moment qu’il travaille un peu ses dossiers, l’avenir énergétique de notre pays, c’est une question sérieuse. Quand on est candidat à l’élection présidentielle, on ne peut pas se permettre d’être aussi léger sur un thème aussi essentiel que la transition écologique», a fustigé la ministre de la Transition écologique.

Pour «la seule ministre picarde du gouvernement», transition écologique rime nécessairement avec éolien. «Xavier Bertrand estime qu’il faut arrêter d’augmenter la puissance installée des éoliennes. C’est complètement idiot car on peut remplacer les infrastructures d’ancienne génération par d’autres moins nombreuses et plus puissantes», s’indigne-t-elle.

​Des déclarations qui forgent un peu plus l’image d’un Xavier Bertrand champion de la lutte anti-éolienne, candidat en «guerre» contre ces «hautes carcasses» –comme les dépeint Patrice Cahart, inspecteur général des finances– qui fleurissent en France et auxquelles les Français sont de plus en plus nombreux à s’opposer. 

Cette réputation d’anti-éolien et pronucléaire de Xavier Bertrand ne date pas d’hier. Certains médias soulignent un discours «inchangé» sur la question depuis sa campagne des régionales de 2015, année où il a ravi aux socialistes et leurs alliés écologistes la présidence de la région. 

L’image d’anti-éolien: un moteur électoral offert par les Verts?

La Chancelière fédérale allemande Angela Merkel durant l’inauguration du parc éolien en mer «Arkona», le 16 avril 2019 - Sputnik Afrique, 1920, 27.12.2020
Hausse de la facture d’électricité: le poids des énergies renouvelables
D’ailleurs, si les écologistes ont tout particulièrement Xavier Bertrand dans le nez, c’est depuis juin 2018. Date à laquelle il a annoncé qu’il souhaitait stopper les installations d’éoliennes dans les Hauts-de-France, dénoncé leur coût et créée l’Observatoire des éoliennes. Rattaché au Conseil régional du Pas-de-Calais, cet «outil» cartographie les infrastructures et organise des réunions d’information dans les communes concernées. 

«Cet observatoire, c’est un réquisitoire, pas de l’information», dénonçait début 2019 auprès du Monde la déléguée générale de France Énergie éolienne. Du côté des opposants politiques écologistes à Xavier Bertrand, EELV en tête, on accuse l’ancien Républicain de faire de l’«antiécologisme primaire». En cause: son positionnement pronucléaire et surtout anti-éolien, mais également «l’hypocrite greenwashing» dont ferait preuve le président de la région à leurs yeux sur le photovoltaïque et la méthanisation, deux énergies renouvelables alternatives à l’éolien.

Pour les Verts, cette fibre anti-éolienne est perçue comme un point d’attaque idéal contre Xavier Bertrand. «Il s’est toujours affiché comme anti-éolien», dédramatisait mi-mars, au cœur de la campagne électorale, la secrétaire régionale d’EELV pour la Picardie. Celle-ci estimait que le candidat de l’union de la droite avait «raison», avec son discours pronucléaire et anti-éolien, de s’inquiéter «face à […] une cheffe de file écolo avec une union de la gauche derrière elle». Trois mois plus tard, arrivés en troisième position derrière le Rassemblement national, la gauche et les écologistes obtiendront 28 des 170 sièges, soit près de quatre fois moins que la liste menée par Xavier Bertrand. 

Région des Hauts-de-France: premier parc éolien de France 

Éoliennes à Fruges, nord de la France, le 28 novembre 2016. (PHILIPPE HUGUEN / AFP) - Sputnik Afrique, 1920, 08.05.2021
L’éolien fait souffler un vent mauvais sur la souveraineté française
Le pedigree d’anti-éolien de l’actuel président des Hauts-de-France ne serait pas si anti-vert, à en croire ses principaux opposants. Lors des débats des dernières régionales, les échanges étaient particulièrement tendus sur les éoliennes entre les candidats de droite et du RN, et les accusations de «fake news» ont fusé de part et d’autre, agrémentées de menaces de poursuites juridiques. Du côté des lepénistes, on fait ainsi grief à Xavier Bertrand d’une certaine inaction et de s’être «découvert une passion contre l’éolien» plutôt tardive, flou du Conseil régional autour du parc éolien au large de Dunkerque à l’appui, tout en rappelant sa participation à un gouvernement sous lequel fut actée la démultiplication des éoliennes en Picardie. De son côté, l’ancien ministre filloniste avance qu’il aurait avorté durant son premier mandat pas moins de 166 projets d’implantation d’éoliennes.

Depuis 2015, année où les Hauts-de-France sont devenus la première région métropolitaine en matière de production électrique d’origine éolienne, la puissance installée des éoliennes n’a eu de cesse de s’accroître significativement par rapport aux autres territoires. Maintenant, en 2021, la région pèse 28% de la production française d’électricité d’origine éolienne terrestre.

Une statistique plutôt éloquente qu’Emmanuel Macron a beau jeu d’employer contre son challenger. Lors de son déplacement Polynésie française, le Président n’est s’est ainsi pas fait prié pour reconnaître qu’il y a «dans notre stratégie renouvelable des tensions qui naissent parce que certaines de nos régions, les Hauts-de-France notamment, ont beaucoup construit d’éoliennes».

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