Cours d'Anti-néolibéralisme
Avec l’aide de l’économiste Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du conseil scientifique d’ATTAC Québec, Sputnik entame une série d’émissions dans le but d’expliquer les fondements de ce néolibéralisme qui génèrent les crises répétitives.

L'histoire inédite de l'arrivée des machines et de la technologie dans la Révolution industrielle du XVIIIe siècle

© Sputnik . Par Omar AktoufLe professeur Omar Aktouf
Le professeur Omar Aktouf - Sputnik Afrique, 1920, 26.07.2021
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Dans le cadre du cinquième cours d’«Anti-néolibéralisme», le Pr Aktouf explique à Sputnik les raisons ayant retardé l’arrivée à grande échelle de la technologie, notamment la machine à vapeur, dans la Révolution industrielle jusqu’aux alentours de 1885. Selon lui, ceci n’a pas amélioré la vie des ouvriers, en particulier des femmes et des enfants.

L’économie de l’Angleterre, qui dans les années 1760 était encore préindustrielle à dominante agricole et rurale, commençait à se transformer avec l’apparition du métier de tissage qui allait faire basculer l’agriculture productrice de céréales vers celle basée sur l’élevage de moutons générateurs de laine.

C’est le début de la première Révolution industrielle, dont le drapier a eu un rôle central dans le mouvement de développement de la manufacture du tissage. En effet, afin de satisfaire la demande grandissante, il fallait tisser vite et à grande échelle, tout en ayant en amont assez de fil de laine ou, plus tard, de coton.

Depuis, le phénomène de cette Révolution industrielle a suscité la controverse entre économistes et historiens, qui n'ont cessé de débattre de sa réalité, de ses causes et temporalités explicatives.

Néanmoins, la publication de grands ouvrages ayant traité ce sujet comme celui de Paul Mantoux «La Révolution industrielle au XVIIIe siècle», paru en 1905, et plus récemment celui de Jean-Pierre Rioux: «La Révolution industrielle, 1780-1880», édité pour la première fois en 1971, ont apporté de précieux éclairages, notamment concernant l’apparition de la mécanisation dans les métiers du textile et l’arrivée de la technologie, en particulier la machine à vapeur.

Ainsi, quel impact a eu la technologie sur l’évolution de la première Révolution industrielle? Quelle explication donner à son intégration tardive dans le processus de production dans le textile et le reste des secteurs industriels? Comment les couches ouvrières ont-elles vécu cette transformation? La mécanisation et l’utilisation de la machine à vapeur ont-elles amélioré leur niveau de vie ou ont-elles, au contraire, provoqué leur appauvrissement?

Dans ce cinquième cours d’«Anti-néolibéralisme», Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du conseil scientifique d’ATTAC Québec, évoque auprès de Sputnik «la petite histoire du développement de la technologie et de la machine à vapeur et de leur arrivée dans la Révolution industrielle».

Une évolution à petits pas

«La technologie est arrivée à petits pas dans la manufacture», affirme le Pr Aktouf, précisant que «ça a commencé au XVIe siècle, quand des machines rudimentaires dans le domaine du textile commençaient à être inventées».

Et d’ajouter que «ces machines ont été perfectionnées petit à petit jusqu’à l’invention des "Stocking Frame", "Spinning-Jenny", "water-frame", et "mule-jenny" pour filer ou carder le coton».

Depuis l’Antiquité, les hommes ont toujours cherché à exploiter la vapeur d’eau. Cependant, c’est uniquement aux alentours des années 1670, en collaboration avec le physicien et mathématicien allemand G.W.Leibniz, que l’ingénieur français Denis Papin invente une machine où la production de vapeur était fournie par un foyer mobile. Cette première machine à vapeur subira plusieurs perfectionnements jusqu’à celle inventée par l’ingénieur anglais James Watt et brevetée en 1769. Cette machine a permis entre 1780 et 1810 l'extraction massive du charbon, principale source d’énergie à l’époque ayant supplanté le bois.

Économistes et historiens s'accordent pour situer la première Révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle au Royaume-Uni, précisément entre 1780 et 1810, avec l'extraction massive du charbon et l'exploitation de la machine à vapeur. Dès 1780 s'impose également le transport par bateaux à vapeur sur rivières, puis par canaux, et à partir de 1820, sur mer avec des navires toujours plus imposants sur les liaisons internationales, outre-Manche et outre-Atlantique.

La machine à vapeur dans le tissage

En 1783, James Watt invente la machine rotative à vapeur qui avait été intégrée dans de multiples applications industrielles. Cependant, c’est l’ingénieur anglais Edmund Cartwright qui a pensé à partir de 1785, à l'utiliser dans le tissage.

L’apparition de la mécanisation dans les années 1860 donne une prédominante à l’utilisation de la machine à vapeur qui s'impose encore plus avec l'extension du tissage mécanique dans des établissements plus nombreux et plus importants.

«À cause de la lutte pour la paternité des brevets d’invention et l’opposition de beaucoup de capitalistes, il a fallu attendre les alentours de l’année 1885 pour voir une utilisation à grande échelle de la machine à vapeur dans les industries naissantes, sans que cela ait un impact positif sur les conditions difficiles des travailleurs, surtout les femmes et les enfants», indique l’interlocuteur de Sputnik.
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