La demande économique sera le facteur décisif dans la question du transit du gaz russe via l’Ukraine après l’expiration du contrat russo-ukrainien en 2024, a déclaré le 22 juillet à Sputnik Alexandre Grouchko, vice-ministre russe des Affaires étrangères, en commentant le récent accord entre l’Allemagne et les États-Unis au sujet du gazoduc Nord Stream 2.
«Selon les principales agences mondiales, la demande de gaz ne cessera de croître. En fait, c’est cela qui devrait guider les consommateurs finaux. Le transit n’est pas un élément primaire dans les relations gazières, mais plutôt un aspect secondaire. S’il y a de la demande, il y aura du transit», a lancé M.Grouchko.
Incohérences de l’accord Allemagne-USA
Le vice-chef de la diplomatie russe a également évoqué des incohérences entre l’accord américano-allemand sur le Nord Stream 2 et la politique énergétique des États-Unis ainsi que de l’Union européenne.
«Les États-Unis se voient donc obligées de persuader les Européens de continuer d'acheter du gaz russe, car le transit n’est pas possible sans consommateur final», a noté à Sputnik le vice-ministre.
Selon lui, Washington et Berlin insistent sur la prolongation du transit du gaz via l’Ukraine malgré la politique de décarbonation annoncée par l’UE et soutenue par les États-Unis.
«Cela arrive aussi sur fond de déclarations de Kiev sur la nécessité de se débarrasser de toute dépendance gazière vis-à-vis de la Russie», a indiqué M.Grouchko.
«Compromis pragmatique» entre Berlin et Washington
Plus tôt cette semaine, les États-Unis ont annoncé avoir trouvé une entente avec l’Allemagne sur le gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Europe sous la mer Baltique. L’arrangement ne remet pas en cause l’achèvement de ce projet et prévoit des mesures de riposte face à la Russie si cette dernière s’efforce d'utiliser l'énergie comme arme contre l'Ukraine. Selon la partie américaine, le document vise à «réduire la dépendance de l'Ukraine du gaz russe».
La Commission européenne a annoncé que l’accord américano-allemand ferait l'objet de discussions au sein de l’UE et avec des pays voisins, notamment l’Ukraine. Cette dernière s’est montrée insatisfaite, ayant indiqué l’existence d’«un problème fondamental».
«Nous ne savons toujours pas si la Russie est prête à remplir correctement ses obligations en ce qui concerne la sécurité énergétique de l'Ukraine et son rôle en tant qu'État de transit», a déclaré à la presse le 22 juillet le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba.