Projet Pegasus: un téléphone d'Emmanuel Macron ciblé par le Maroc

© AFP 2024 JOHN THYSEmmanuel Macron
Emmanuel Macron  - Sputnik Afrique, 1920, 20.07.2021
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Une agence de renseignement marocaine s’est servie de l’outil d’espionnage israélien Pegasus pour viser en 2019 des téléphones d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe ainsi que d’autres membres du gouvernement français de l’époque, révèlent Le Monde et Radio France. Il n’est pas encore établi si le portable du Président a en effet été infecté.

C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire Pegasus, le puissant logiciel israélien d’espionnage au service de plusieurs pays, dont le Maroc: en 2019, une agence de renseignement marocaine a ciblé l’un des téléphones utilisés par Emmanuel Macron, rapportent ce 20 juillet Le Monde et Radio France. Qui plus est, le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, ainsi que 14 ministres français en exercice ont également été dans le viseur de Rabat.

Réagissant à la nouvelle dans un commentaire à France Inter, la présidence française a qualifié ces faits, «s’ils sont avérés», de «très graves».

«Si ces faits sont avérés, ils sont très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations», a déclaré l'Élysée à la radio.

Il n’est pourtant pas clair de savoir si la mission que s’était donné le Maroc a été accomplie et si le portable du chef de l’État français a en effet été infecté, le téléphone d’Emmanuel Macron dont le numéro a été ciblé par ce pays «ami» n’ayant pas encore été examiné par les experts, précisent les auteurs de l’enquête, cités par Franceinfo.

«Que le Maroc fournisse des explications»

François de Rugy, ministre de la Transition écologique de l’époque, dont le portable a essuyé plusieurs tentatives de piratage, réclame ce mardi sur Franceinfo une enquête «sous la houlette de la justice» ainsi que «des explications» de la part de Rabat.

«Je demande audience à l'ambassadeur du Maroc en France pour avoir des explications, que le Maroc fournisse des explications, bien sûr, à la France et au gouvernement français, mais à une personnalité comme moi qui était membre du gouvernement français lorsqu’il y a eu une tentative d’intrusion et de captation de données de mon téléphone portable».

Dans le cadre de l’enquête journalistique, l’homme politique a accepté de confier son téléphone aux experts qui ont établi le fait de tentatives d’espionnage par le Maroc.

Manque de vigilance de la part du Président?

Alors que l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) ou la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) recommandent au dirigeant français de se servir de la ligne ultrasécurisée des téléphones Teorem ou Cryptosmart, afin de communiquer avec ses proches ou des journalistes, Emmanuel Macron utilise plutôt des applications de messagerie comme Telegram, explique Franceinfo.

C’est d’ailleurs toujours sur cette même messagerie que «les décisions essentielles» du pouvoir français se prennent, selon une source de la chaîne de télévision au palais présidentiel.

«Vous savez, les décisions essentielles ne se prennent pas en Conseil des ministres mais bien lors d’échanges entre le Président et ses conseillers, sur la messagerie Telegram», lance cette source qui déplore par ailleurs que les membres du gouvernement restent «très vulnérables» même pendent le Conseil des ministres.

Ainsi, des informations potentiellement sensibles auraient pu être concernées, Pegasus permettant de récupérer les messages, les échanges sécurisés, les photos et les contacts du smartphone ciblé.

Des milliers de numéros français visés

Les premières révélations du projet Pegasus, l’importante enquête menée par l’organisation française Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International, parues le 18 juillet, ont déjà fait état de l’espionnage de «plusieurs milliers de numéros téléphoniques français», dont la majorité pour le compte du Maroc. Ainsi, l’enquête informe que Rabat a notamment ciblé une trentaine de journalistes et de patron de médias français. En réaction, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dénoncé le 19 juillet des faits «extrêmement choquants». Le royaume chérifien, quant à lui, rejette catégoriquement ces accusations les qualifiant de «mensongères».

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