Qu’ont bien pu montrer les pilotes qataris à leurs homologues turcs? Le 3 juillet se sont clôturées les manœuvres militaires conjointes annuelles Aigle d’Anatolie, organisées sous la houlette d’Ankara. Y participaient le Pakistan, l’Azerbaïdjan et, pour la première fois, le Qatar. Or les pilotes de l’émirat étaient venus avec leurs Rafale. Un appareil dont les Grecs viennent d’acquérir dix-huit exemplaires.
Espionner ses partenaires, tout le monde le fait!
Vouloir croire l’inverse ne serait que «naïveté», assène l’ancien pilote de chasse. «Je suppose que, quand les F-35 se sont posés à Mont-de-Marsan pour s’entraîner avec les Français, ceux-ci se sont permis de regarder de plus près les avions américains», ajoute-t-il en référence à l’exercice Atlantic Trident 21 organisé mi-mai par le CFA sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Un événement réunissant, aux côtés des appareils de l’Armée de l’air et de l’espace, des équipements de la Royal Navy et de l’US Marine Corps. Mais Washington avait finalement décidé de ne pas envoyer en France ses très protégés F-22.
«Ils volent des secrets sur le Rafale» titre-t-on sans détour côté grec. Le quotidien Ta Nea avance ainsi que les Turcs profiteraient de la venue des Rafale qataris pour subtiliser des informations classifiées sur l’appareil français. Une accusation qui ne serait qu’«une manifestation vivante de la politique grecque», qui essaierait «constamment de voir de l'hostilité dans toutes les actions» de la Turquie, plaide auprès de Sputnik Turquie le colonel turc à la retraite Gürsel Tokmakoğlu.
Côté turc, on dénonce des gesticulations grecques
«En théorie, il est possible d'obtenir des données sur le concept tactique et sur les questions de R&D», développe cet ancien chef de la direction du renseignement de l'armée de l'air turque. «Cependant, en réalité, il est absolument inapproprié de dire que la Turquie pourrait prendre une telle mesure».
Méditerranée orientale: les Rafale dans le collimateur d’Ankara?
Un argument que ne comprends pas le général Jean-Vincent Brisset. «Lorsqu’on essaie de vendre un avion, on démontre à un public assez large la totalité des capacités de l’avion», rappelle-t-il.
Quant aux Turcs, ceux-ci viennent de signer un accord de coopération militaire avec le Qatar, autorisant les Rafale qataris à stationner sur les bases aériennes d’Anatolie pour au moins les cinq années à venir. Si les projecteurs sont braqués sur les intentions supposées de la Turquie vis-à-vis de la Grèce, ou des Pakistanais à l’égard des Indiens, n’oublierait-on pas un acteur? Comme l’a précisé à notre micro le général Tokmakoğlu, ces exercices avec le Qatar ont lieu en lien avec «la situation actuelle en Méditerranée orientale et dans le golfe Persique». Or la Méditerranée orientale est une région où opère un autre pays détenteur de Rafale: la France!