Espionnage du Rafale par les Turcs: «Ce serait une preuve d’imbécillité de ne pas le faire!»

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Ravitaillement en vol d'un Rafale (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 07.07.2021
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Les Turcs ont-ils analysé les Rafale qataris présents sur leur sol durant les manœuvres Aigle d’Anatolie? En tout cas, une telle occasion d’en apprendre plus sur un appareil ne se manque pas, estime le général Brisset. Pour autant, cet intérêt turc pour le Rafale est-il limité aux seuls Grecs?

Qu’ont bien pu montrer les pilotes qataris à leurs homologues turcs? Le 3 juillet se sont clôturées les manœuvres militaires conjointes annuelles Aigle d’Anatolie, organisées sous la houlette d’Ankara. Y participaient le Pakistan, l’Azerbaïdjan et, pour la première fois, le Qatar. Or les pilotes de l’émirat étaient venus avec leurs Rafale. Un appareil dont les Grecs viennent d’acquérir dix-huit exemplaires.

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Des Rafale qui menaceraient la Turquie, dont les pilotes connaîtraient trop superficiellement l’appareil de Dassault, soulignait Le Point début juillet jugeant «l’occasion trop belle» pour les ingénieurs turcs de jeter un œil sous la carlingue. «Cela serait une preuve d’imbécillité de ne pas le faire», confirme le général (2S) de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Espionner ses partenaires, tout le monde le fait!

Vouloir croire l’inverse ne serait que «naïveté», assène l’ancien pilote de chasse. «Je suppose que, quand les F-35 se sont posés à Mont-de-Marsan pour s’entraîner avec les Français, ceux-ci se sont permis de regarder de plus près les avions américains», ajoute-t-il en référence à l’exercice Atlantic Trident 21 organisé mi-mai par le CFA sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Un événement réunissant, aux côtés des appareils de l’Armée de l’air et de l’espace, des équipements de la Royal Navy et de l’US Marine Corps. Mais Washington avait finalement décidé de ne pas envoyer en France ses très protégés F-22.

«Ils volent des secrets sur le Rafale» titre-t-on sans détour côté grec. Le quotidien Ta Nea avance ainsi que les Turcs profiteraient de la venue des Rafale qataris pour subtiliser des informations classifiées sur l’appareil français. Une accusation qui ne serait qu’«une manifestation vivante de la politique grecque», qui essaierait «constamment de voir de l'hostilité dans toutes les actions» de la Turquie, plaide auprès de Sputnik Turquie le colonel turc à la retraite Gürsel Tokmakoğlu.

Côté turc, on dénonce des gesticulations grecques

«En théorie, il est possible d'obtenir des données sur le concept tactique et sur les questions de R&D», développe cet ancien chef de la direction du renseignement de l'armée de l'air turque. «Cependant, en réalité, il est absolument inapproprié de dire que la Turquie pourrait prendre une telle mesure».

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En règle générale, les manœuvres aériennes conjointes constituent une mine d’informations sur les appareils alignés, tant pour les invités officiels que pour les participants officieux. Dans l’affaire qui nous préoccupe, Le Point souligne également la présence des Pakistanais. Eux aussi étaient curieux de voir ce que les Rafale acheté par leur voisin et rival indien peut bien avoir dans le ventre. Une information appuyée par le témoignage d’un pilote militaire français. Lequel rappelle qu’il n’est pas de l’intérêt des pilotes de «montrer toutes leurs capacités ou leurs éventuelles vulnérabilités» devant la myriade d’yeux et de capteurs de puissances étrangères focalisés sur de telles manœuvres.

Méditerranée orientale: les Rafale dans le collimateur d’Ankara?

Un argument que ne comprends pas le général Jean-Vincent Brisset. «Lorsqu’on essaie de vendre un avion, on démontre à un public assez large la totalité des capacités de l’avion», rappelle-t-il.

Quant aux Turcs, ceux-ci viennent de signer un accord de coopération militaire avec le Qatar, autorisant les Rafale qataris à stationner sur les bases aériennes d’Anatolie pour au moins les cinq années à venir. Si les projecteurs sont braqués sur les intentions supposées de la Turquie vis-à-vis de la Grèce, ou des Pakistanais à l’égard des Indiens, n’oublierait-on pas un acteur? Comme l’a précisé à notre micro le général Tokmakoğlu, ces exercices avec le Qatar ont lieu en lien avec «la situation actuelle en Méditerranée orientale et dans le golfe Persique». Or la Méditerranée orientale est une région où opère un autre pays détenteur de Rafale: la France!

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