Après le Chef de l'État jeudi, trois ministres se sont engagés vendredi 2 juillet à Paris, dans leurs domaines respectifs de la Santé, des Armées et des Outre-mers, à la vérité et à la justice, au terme de deux jours d'une table ronde sur les conséquences des 193 essais nucléaires en Polynésie française.
«La Polynésie française a grandement contribué à la construction de notre force de dissuasion et il convient d'assumer toutes les conséquences, humaines, sociétales, sanitaires, environnementales et économiques», a déclaré Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants.
Dans une annexe de Matignon, la délégation polynésienne Reko Tika (Parole de vérité) a consacré la matinée aux questions sanitaires, sous la présidence du ministre de la Santé Olivier Véran.
«Selon nos données de la Caisse de Prévoyance Sociale (sécurité sociale locale), les femmes polynésiennes, entre 40 et 50 ans, ont le taux de cancers de la thyroïde le plus important du monde», a déclaré à l'AFP Patrick Galenon, ex; président du conseil d'administration de la CPS. La thyroïde étant un organe très sensible, les rayons ionisants ont selon M. Galenon un effet important in utéro et dans les premières années après la naissance. Il estime que la CPS a dépensé 670 millions d'euros pour les maladies radio-induites depuis 1985, et souhaite le remboursement de ces dépenses par la France.
«C'est une demande qui nous paraît légitime pour les victimes ayant fait l'objet d'une indemnisation par le CIVEN (Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires», a répondu Olivier Véran. Les sommes prises en charge seraient cependant minimes si elles ne concernaient que les victimes déjà indemnisées.
Le ministre de la Santé a aussi proposé un soutien médical à travers des postes d'internes en médecine. Il ne s'est pas engagé sur la création d'un Institut du Cancer à Tahiti, mais selon Patricia Grand, Présidente d'honneur de la ligue contre le cancer en Polynésie, le projet est en bonne voie. Les ministres ont suggéré que les annonces les plus importantes attendraient le déplacement du Chef de l'Etat, prévu à Papeete le 25 juillet.
Sur les questions environnementales, le ministre des outre-mer Sébastien Lecornu a souhaité «définitivement tourner la page de ces terres polluées» à propos des atolls périphériques du Centre d'Expérimentations du Pacifique, comme celui de Hao, dans l'archipel des Tuamotu.