Régionales: «Ces élections étaient sabotées dans tous les sens du terme»

© AFP 2024 CHRISTIAN HARTMANNLe Président de la République Emmanuel Macron vote au Touquet pour le premier tour des élections régionales, le 20 juin 2021
Le Président de la République Emmanuel Macron vote au Touquet pour le premier tour des élections régionales, le 20 juin 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 21.06.2021
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Avec près de 70% d’abstention, c’est peu dire que le premier tour des élections régionales n’a pas déchaîné les foules. Pour l’éditorialiste Alexis Poulin, le gouvernement a une lourde responsabilité dans ce désintérêt pour le scrutin. La crise de représentativité politique n’aurait jamais été aussi forte.
«Ce gouvernement est prêt à toutes les manipulations possibles», accuse Alexis Poulin au micro de Sputnik.

Dans le viseur de l’éditorialiste, les dysfonctionnements constatés dans l’organisation du premier tour des élections régionales par le gouvernement, dimanche 20 juin. À dessein, selon lui.

«Ce scrutin a été enjambé par une majorité persuadée de faire de mauvais scores et décidée à mettre ces élections sous le tapis plutôt que d’aller au combat. C’est vraiment lamentable», avance le fondateur du média Le Monde moderne.

Sur France Info, le député LFI Éric Coquerel a d’ailleurs réclamé une «commission d’enquête au niveau du parlement» sur les échecs en série observés autour du scrutin. Les sociétés La Poste et Adrexo, les deux prestataires chargés de la distribution des bulletins de vote et des professions de foi des candidats, ont été convoquées au ministère de l'Intérieur par Gérald Darmanin. Certains électeurs ont déploré n’avoir rien reçu de la propagande électorale habituelle. «Ces élections étaient sabotées dans tous les sens du terme: la responsabilité du gouvernement est immense», tacle Alexis Poulin.

«Plus personne ne croit au jeu de la représentativité» politique

Élections régionales et départementales 2021 en France - Sputnik Afrique, 1920, 21.06.2021
Absence de bulletins de vote, manque d’assesseurs: des élus fustigent les conditions de vote des régionales
Mais l’impréparation au plus haut sommet de l’État ou encore le contexte sanitaire, qui a empêché la campagne de se dérouler correctement sur le terrain, n’expliquent pas tout. Pour Alexis Poulin, le taux d’abstention historiquement élevé (autour de 66%) s’explique avant tout par «la grande défiance des électeurs vis-à-vis de la classe politique dans son ensemble». De fait, la faible participation pour ces régionales est sans précédent dans l’histoire de la Ve République, exception faite du référendum de 2000 sur le quinquennat qui avait réuni 30% de votants.

«Aujourd’hui, plus personne ne croit au jeu de la représentativité puisque les lois sont faites contre le peuple. Dès que le peuple essaie d’avoir voix au chapitre, ceux qui sont censés le représenter font tout pour éviter qu’il ne le soit!»

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a tenté dimanche sur le plateau de TF1 de contrecarrer les attaques de l’opposition contre la majorité présidentielle. Il a notamment rappelé que le gouvernement avait proposé en février dernier un amendement autorisant le vote électronique par anticipation. Un pis-aller qui ne ferait que déplacer le problème, à savoir «la lutte contre la corruption» et «le changement total du personnel politique qui a dégoûté une grande majorité de Français de la politique», argue Alexis Poulin.

«Qu’on ajoute du vote par correspondance ou du vote électronique ne changera rien au fait que la rupture est totale entre la population française et les représentants politiques qui ne représentent plus rien», lance l’analyste politique.

D’autant plus que rien ne permet de vérifier dans les faits l’efficacité d’un tel dispositif, qui risquerait d’alimenter les suspicions de fraude comme cela s’est vu aux États-Unis lors de la dernière présidentielle.

«Le paysage politique est totalement sclérosé»

Force est de constater quoiqu’il en soit qu’aucun parti ne bénéficie véritablement de l’abstention massive pour ces régionales. Contrairement à ce qui était annoncé par les différents instituts de sondage, le Rassemblement national n’est parvenu qu’à hisser un seul candidat en tête à l’issue du premier tour: Thierry Mariani en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pire, au niveau national, le parti de Marine Le Pen ne récolte que 19,3% des suffrages, derrière Les Républicains crédités à 27,2%, selon Ipsos-Sopra Steria.

Malgré ce dégagisme ou, tout du moins, cette indifférence affichée pour le scrutin, «le paysage politique est totalement sclérosé», estime Alexis Poulin, qui n’envisage pas d’alternative crédible à l’horizon 2022.

«Il n’y a pas d’offre politique populaire qui répondrait aux aspirations des uns et des autres. Même le RN n’est pas parvenu à mobiliser ses électeurs», fait remarquer Alexis Poulin.

Peut-on oser imaginer un léger mieux, voire un éventuel sursaut démocratique à l’approche du second tour dimanche 27 juin? Rien ne permet de l’affirmer à ce stade, tranche notre interlocuteur. «Ce qui est inquiétant, c’est le taux d’abstention extrêmement élevé chez les jeunes. Pour eux, cette élection n’existe pas, c’est un non-événement démocratique».

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