Le chef du Parti populaire: «Les Canadiens ne peuvent plus tenir leurs libertés pour acquises»

© AP Photo / Geert Vanden WijngaertMaxime Bernier
Maxime Bernier - Sputnik Afrique, 1920, 18.06.2021
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Malgré un début de déconfinement, les mesures sanitaires continuent de semer la zizanie au Canada. Signe que le ton monte, le chef du Parti populaire, Maxime Bernier, a été arrêté puis détenu par la police pour un manquement aux consignes. Au micro de Sputnik, «Mad Max» dénonce une «répression politique».

«Qu’est-il arrivé au Canada?» C’est le titre donné par le célèbre animateur américain Tucker Carlson à une séquence récente de son émission où il donnait la parole à Maxime Bernier. Ministre fédéral à plusieurs reprises puis chef du Parti populaire du Canada (PPC), celui que l’on surnomme «Mad Max» suscite l’intérêt de l’autre côté de la frontière.

Il faut dire que, le 11 juin dernier, Maxime Bernier a été arrêté puis détenu durant huit heures par la Gendarmerie royale du Canada, dans la province du Manitoba. Une scène dont les images ont fait le tour des réseaux sociaux en Amérique du Nord.

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Les faits qu’on lui reproche: avoir tenu des rassemblements dans le cadre de sa tournée Mad Max Freedom Tour, en violation des consignes manitobaines. Quelques heures avant son arrestation, M. Bernier avait fait l’objet d’un constat d’infraction pour avoir pris part à une réunion publique. En lui adressant cette amende, les autorités l’ont averti qu’elles n’hésiteraient pas à l’appréhender s’il poursuivait sa tournée.

Une arrestation sans précédent au Canada

Pour mieux comprendre le point de vue de ce politicien pour le moins remarqué, Sputnik est allé à sa rencontre. À notre micro, il fustige une «répression politique» menée contre lui et son parti, ainsi que «des mesures illégales et anticonstitutionnelles»:

«Les cas de Covid-19 et les morts liées au virus diminuent de jour en jour, mais les gouvernements provinciaux continuent d’appliquer des lois draconiennes et autoritaires. […] On vit sous des gouvernements tyranniques qui ont bâti des lois d’urgence pour empêcher les gens de se rencontrer, d’aller à l’église et de mener leurs activités quotidiennes. […] Un seul parti fédéral critique vraiment les mesures abusives au Canada et c’est le nôtre.»

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Malgré la réouverture des commerces et restaurants, le gouvernement québécois de François Legault maintient l’état d’urgence. Cette mesure d’exception lui permet de gouverner en faisant fi de nombreuses contraintes découlant du processus démocratique. Au Manitoba, où la situation est encore jugée «critique», il est toujours «interdit aux personnes qui habitent une résidence privée de permettre à des personnes qui n'y habitent pas normalement d'y entrer ou d'y rester».

Après avoir failli prendre la tête du Parti conservateur en 2017 –lequel forme l’opposition officielle à Ottawa–, Maxime Bernier a lancé en septembre 2018 le Parti populaire du Canada. Un mouvement destiné à concurrencer son ancienne formation. Aux dernières élections fédérales, à l’issue de sa toute première campagne, le nouveau venu dans l’arène a obtenu 1,6% des scrutins, soit un peu moins de 300.000 votes.

Des mesures de confinement qui se prolongent

Pour l’ancien ministre conservateur des Affaires étrangères (2007-2008), son arrestation et sa détention s’inscrivent dans la «cancel culture», un courant visant à faire taire et à exclure les gens aux tendances dites conservatrices. «On refuse de se poser des questions sur le Covid et les mesures sanitaires au Canada», résume-t-il.

«Je suis inquiet pour la suite des choses. Non seulement il n’y pas d’opposition aux mesures sanitaires dans les parlements fédéraux et provinciaux, mais on annonce une quatrième vague à l’automne. Allons-nous vers d’autres confinements injustes? […] Quand j’ai été détenu, la Couronne [l’équivalent du parquet, ndlr] a exigé que je cesse de m’exprimer sur les réseaux sociaux pour être libéré, mais heureusement, le juge n’a pas retenu cette condition», précise l’ancien avocat.

Maxime Bernier ne s’explique pas de voir des provinces canadiennes continuer d’appliquer des mesures aussi strictes, alors que plusieurs États américains ont annoncé un retour quasi total à la normale. C’est notamment le cas de la Californie, de la Floride, du Texas et de l’État de New York, ce dernier étant pourtant doté d’une frontière commune avec le Québec.

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Les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey font ressortir ces disparités. Club mythique, les Canadiens de Montréal affrontent actuellement les Golden Knights de Las Vegas en demi-finale de la Coupe Stanley, pour une série d’un maximum de sept matchs. La première équipe qui remporte quatre parties se qualifie pour le tour suivant (la ronde suivante en français du Canada), c'est-à-dire la finale. À Las Vegas, les tribunes sont remplies à pleine capacité, alors que, à Montréal, le Premier ministre François Legault vient de revoir à la hausse le nombre de spectateurs autorisé: 3.500. Le contraste est frappant dans les gradins. Pourtant, à la date du 17 juin, près de 70% des Québécois avaient reçu une première dose d’un vaccin contre le Covid-19, alors que, dans l’État du Nevada, seuls quelque 45% des habitants l’ont reçue.

Selon Maxime Bernier, tous ces éléments montrent que, dans leur ensemble, les dirigeants canadiens «aiment le pouvoir qu’ils se sont donné avec les mesures sanitaires».

«Les États américains qui ont appliqué des mesures strictes de confinement n’ont pas obtenu de meilleurs résultats que les États comme la Floride et le Texas, où il n’y a jamais vraiment eu de ‘‘lockdown’’. On s’aperçoit que le nombre de décès est à peu près le même. […] Sur le plan électoral, je reste optimiste, mais il est clair que les Canadiens ne peuvent plus tenir leurs libertés pour acquises», conclut-il.
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