Arnaud Fontanet: «Nous entrons dans une phase inédite de l'épidémie»

© AFP 2024 FRANCOIS GUILLOTDes cyclistes rue de Rivoli à Paris
Des cyclistes rue de Rivoli à Paris - Sputnik Afrique, 1920, 30.05.2021
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De l’avis de l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, la France a toutes ses chances de passer un «été tranquille» et d’éviter une nouvelle vague de l’épidémie si la vaccination se poursuit et si le nombre de nouvelles contaminations continue à diminuer. D’autres avis d’experts exprimés mi-mai assurent que ce pronostic serait bien optimiste.

Alors que depuis le 19 mai la France reprend progressivement un mode de vie normal avec la réouverture des terrasses et des boutiques, un concert-test du groupe Indochine a eu lieu ce samedi à Paris pour évaluer les risques de contagion en vue de la reprise des concerts. Ce processus coïncide avec la diminution du nombre de cas de contamination constatée par les autorités sanitaires du pays.

Dans ce contexte, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, chercheur de l'Institut Pasteur et membre du conseil scientifique, a déclaré au Journal du dimanche (JDD) que si cette tendance se maintenait, la France pourrait éviter une quatrième vague, selon des modélisations de l’établissement.

«Nous sommes à environ 10.000 nouveaux cas par jour. Ce n'est pas suffisant. Ce que ces scénarios montrent, c'est que si la décrue se poursuit jusqu'au 9 juin, prochaine étape de la levée des restrictions, nous passerons un été tranquille. Pour ça, les 15 jours à venir sont cruciaux», a-t-il souligné.

Il a cependant appelé à ne pas abandonner «les petits efforts», tel que le port des masques, les gestes barrières et la distanciation physique qui influencent la courbe des contaminations.

L’importance de la vaccination

Un autre aspect majeur de la lutte contre le Covid-19 est la vaccination massive sans laquelle l’«épidémie pourrait repartir» car la campagne d’immunisation doit permettre de «gagner la course contre les variants».

«Nous entrons dans une phase inédite de l'épidémie, avec pour la première fois un contrôle de la circulation du virus grâce aux mesures de restriction, et une couverture vaccinale qui va bientôt nous permettre de prévenir une reprise. Ne gâchons pas cette chance d'en finir et portons les derniers coups au virus pour revenir enfin à notre vie d'avant», a-t-il ajouté.

Inutile de pronostiquer au-delà de sept jours

Il convient de rappeler que d’autres épidémiologistes sont de leur côté plus circonspects dans leurs pronostics. Ainsi, interrogé par Sputnik mi-mai, Antoine Flahault, médecin épidémiologiste, directeur de l'Institut de santé globale et professeur à la faculté de médecine de Genève, s’était montré sceptique face à l’affirmation de Jean Castex selon laquelle la France était «en train de sortir durablement» de la crise sanitaire.

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L’épidémiologiste a notamment mis en garde contre des tentatives de prédire «au-delà de sept jours» et a jugé que tous les modèles qui donnaient des projections au-delà de trois mois étaient voués à l’échec. Il a rappelé que les dirigeants de l’Inde, des États-Unis et du Brésil avaient été persuadés d’avoir vaincu la pandémie et que les pays européens n’avaient pas anticipé la seconde vague.

Toujours mi-mai, le président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris, Rémi Salomon, a estimé sur BFM TV que les trois ou quatre prochains mois seront «difficiles à passer» car «le relâchement des mesures de restrictions va avoir pour conséquence une recirculation du virus» et que tout dépendra de «l’ampleur de cette circulation».

Le 11 mai, sur Franceinfo, la professeur Lila Bouadma, réanimatrice à l'hôpital Bichat à Paris, membre du conseil scientifique, a exprimé elle aussi ses inquiétudes à propos du calendrier de déconfinement. Elle avait alors déploré le fait que les réouvertures étaient programmées en France à des dates précises au lieu être guidées par des critères sanitaires. Elle a en outre mis en garde contre une quatrième vague «vraiment catastrophique» et «très importante» si la France continue de vacciner 300.000 personnes par jour et n’augmente pas ce rythme à 500.000 personnes d’ici le 30 juin.

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