Un avion de Ryanair à destination de la Lituanie, avec un opposant politique à bord, a atterri d’urgence le 23 mai à Minsk. L'un des chefs de l'opposition biélorusse, Pavel Latouchko, a affirmé qu'il disposait d’informations concernant des menaces proférées à l’encontre de l'équipage si ce dernier n'effectuait pas un atterrissage d'urgence à Minsk. Afin de clarifier la situation, le département chargé de l'aviation du ministère biélorusse des Transports a relayée sur son site Web la conversation déchiffrée entre un contrôleur de l'aéroport de Minsk et les pilotes.
Comme il en ressort, le contrôleur a annoncé que les services spéciaux avaient «reçu par mail» des informations concernant une bombe à bord, laquelle pourrait «exploser au-dessus de Vilnius». Il a recommandé à l'équipage, pour des raisons de sécurité, d’atterrir. Selon lui, le message contenant l’alerte avait été également envoyé à plusieurs aéroports.
L'équipage a demandé qui avait recommandé de se poser à Minsk: «la compagnie aérienne, l’aéroport de départ ou l’aéroport d'arrivée?» Le contrôleur biélorusse a répondu: «C'est notre recommandation».
Que s'est-il passé?
Un avion de la compagnie Ryanair, qui effectuait un vol entre Athènes et Vilnius, a réalisé un atterrissage d'urgence à Minsk le 23 mai après une alerte à la bombe. Un chasseur biélorusse MiG-29 l’a escorté. Lorsque les passagers ont fait l’objet d’un contrôle de papiers d’identité dans la ville, un jeune homme a été arrêté, à savoir Roman Protassevitch, opposant biélorusse qui figure sur la liste des «personnes impliquées dans le terrorisme» établie par les autorités. Qui plus est, une procédure pénale a été ouverte contre lui en vertu de plusieurs articles, dont «organisation de troubles de masse».
Un précédent avec Snowden
L’interception de l’avion et l'arrestation du militant ont suscité une vague d'indignation dans l’UE, laquelle a adopté une série de sanctions contre ce pays.
Moscou, à son tour, a jugé «choquantes» les réactions des Européens, relevant que les États occidentaux se sont par le passé rendus coupables «d'enlèvements, d'atterrissages forcés et d'arrestations illégales». Ainsi, en juillet 2013, «à la demande» des États-Unis, l'avion du Président bolivien Evo Morales a été contraint d'atterrir à Vienne. À son bord se trouvait, comme le supposait Washington, l'ancien officier de la CIA Edward Snowden. Les fouilles n’ont abouti à rien et le chef de l’État a été autorisé à poursuivre sa route le lendemain. Aucune enquête n’a été ouverte à ce sujet.