En France et aux États-Unis, c’est une période mouvementée pour le monde de l’espionnage.
Cette propagande pourrait-elle avoir un objectif caché? Ou est-ce simplement un outil de recrutement qui a dérapé? Éric Dénécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), trouve la vidéo «abracadabrantesque»:
«Je pense qu’il y a deux objectifs. Le premier, et le principal, c’est le politiquement correct totalement délirant que l’on voit outre-Atlantique. Les Américains sont toujours très en avance par rapport à nous sur ce sujet. On l’a vu depuis longtemps dans les entreprises, les universités, les administrations classiques, et on le découvre aujourd’hui à travers cette vidéo qui est… très excessive. Le second objectif, c’est peut-être de dire à des éventuelles sources qui peuvent être elles-mêmes transgenre, intersectionnelles, LGBT… qu’il y a aussi des personnes de ce type à la CIA.»
Est-ce que la campagne de recrutement capte le genre de diversité dont le service de renseignement américain a le plus besoin? Éric Dénécé est dubitatif:
«On a besoin de profils de spécialistes et non pas de caractéristiques d’individus. Ce dont on a besoin, c’est de spécialistes techniques, d’un pays, d’une langue, d’un domaine d’action, d’une technologie d’écoute ou d’imagerie. C’est dans de très rares cas que l’on a besoin de profils sexuels particuliers. Cette vidéo a été faite à des fins d’alignement avec la pensée politique "woke" qui est en train de s’infiltrer partout.»
Pendant ce temps, en France, une proposition de loi vient d’être présentée en Conseil des ministres. D’après Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, «s’il y a des sites de propagande djihadistes qui appellent à commettre des attentats, il faut que nos services de renseignement aient la possibilité, via des algorithmes, de repérer une menace pour pouvoir mettre en place une surveillance». Comment le renseignement français pourrait-il prochainement espionner les connexions Internet de la population sous prétexte d’antiterrorisme? Éric Dénécé considère qu’à chaque nouvelle loi et adaptation, on élargit davantage la sphère d’action des services de sécurité et que cela réduit celles des libertés individuelles.
«Ce qui ne paraît pas dans cette proposition de loi, c’est une limitation dans le temps. Qu’on accorde des moyens extraordinaires à un moment donné aux services pour lutter contre une menace, c’est acceptable. En revanche, leur donner ces moyens ad vitam aeternam sans les limiter dans le temps est tout à fait anormal», met en garde le directeur du CF2R.